Le mythe de l’amour maternel

Une amie enceinte est un peu fatiguée de son gros ventre et des désagréments causés par la grossesse. Plus tard, j’en parle à deux amies qui me disent qu’il n’y a pas de désagréments, que la grossesse n’est que du bonheur. Pour ces deux filles qui n’ont jamais enfanté, l’amour maternel fait surmonter les douleurs et rend cet événement beau ; enviable, peut-être.

Moi, je veux bien que les femmes d’aujourd’hui trouvent merveilleux tout le processus de la maternité, mais quand j’entends « amour maternel », je ne peux m’empêcher de penser : « Cliché frelaté, discours sentimental sexiste, pression sociale sur les femmes pour les garder à l’état de pondeuses gravides ».

Si certaines femmes sont heureuses dans les labeurs du petit d’homme qui grandit en elles, tant mieux pour elles et qu’elles s’extasient autant qu’elles le veulent sur les sites ouèbe idoines. Mais par pitié, qu’on respecte et soutienne celles qui ne voient pas le temps passer, celles qui n’en peuvent plus de cet état larvaire imposé. Et qu’on cesse de parler de l’amour maternel comme d’une sorte de raz de marée émotive qui touche toutes les femmes automatiquement. L’amour maternel est aussi poisseux que la piété filiale, et pour le dire sans détour : en tant que sentiment naturel et indestructible, l’amour maternel est un mythe sur lequel nous vivons depuis trop longtemps.

Depuis quand, d’ailleurs ? A vue de pied, je dirais depuis l’émergence de la figure de la Vierge Marie dans le dogme chrétien, autour du XIIe siècle. Comme par hasard, le symbole de la mère est une femme vierge, et comme par hasard, son fils dira d’elle, quand il sera grand, barbu et chevelu : « Je n’ai pas de mère, je n’ai pas de parents ici-bas » ou quelque chose dans le genre. Qu’on mesure la beauté et l’aspect gratifiant d’être mère ! Des pleurs, des coups, de l’indifférence, voilà ce qui vous attend, jeunes filles, tandis que vous rêvez à la plénitude qu’est censée vous apporter la prégnance.

Le problème, avec les fictions sociales, c’est que les individus qui ne rencontrent pas tous les éléments narratifs, et dont la vie ne correspond pas à toutes les composantes du mythe, se sentent anormaux, complexés et même coupables. Alors, en cette veille de fête des mères, je dis aux femmes qui en ont ras la casquette de leur grossesse, à celles qui détestent leurs enfants, ou celles qui voudraient s’en débarrasser pour pouvoir être un peu tranquilles, à celles qui ne supportent pas les interminables conversations couches-culottes avec les autres mères, à celles qu’on accuse de manquer d’instinct maternel, à celles qui, devenues grand-mères, aimeraient bien faire autre chose que de s’occuper des rejetons de leurs propres enfants, à celles qui ne ressentent pas la nécessité de faire des enfants pour se sentir vraiment femmes : « Chères amies, tenez bon, vous êtes l’avenir de la sagesse précaire. »

Il faut toujours dire que la femme est l’avenir de quelque chose.

Ps : Si ce n’est pas demain, la fête des mères, j’espère qu’un commentateur généreux voudra bien me le faire savoir, histoire que je ne commette pas d’impair avec ma mère à moi.

37 commentaires sur “Le mythe de l’amour maternel

  1. Comment, dès lors, préserver cette période flottante qu’est la vie foetale sans passer par un ventre dit « maternel »?
    Faut-il faire payer l’hébergement (problème des « mères porteuses)? Au fait, Dieu n’a rien donné à Marie pour pour loger son fils au pair. quelle ingratitude!

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  2. Mon agenda version française dit que c’est le 25 mai la fête des mères, mais en Chine ça pourrait être une date différente…il est vrai que ce serait bien difficile de jouer le rôle de mère dans la précarité, mais il n’est pas impossible de flotter en famille de quatre par ex., seul la famme devrait devenir mère professionnelle, sauf que le père aide bcp de son côté. Et en ce cas je dirais que c’est l’enfant qui souffrirait un peu plus que ses parents.

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  3. il y a un savant qui s’appelle Henri Atlan, qui dit que d’ici quelques années, on pourra faire grossir un avorton dans une sorte de machine, un « utérus artificiel », lui il parle d' »ectogénése ». Il ajoute que la plupart des femmes balanceront bien vite aux orties la grossesse à l’ancienne, avec son cortège de vergetures, et tous ces kilos qu’on prend et qu’on ne perd plus jamais. Mais moi qui ai porté trois garçons en toute plénitude gravide, entre la prostate et les testicules, avant de les faire accoucher par ma femme, moi, cette histoire d’ectogénése, imaginer une grosse machine à pondre avec des boutons, des manettes et des clignotants partout, déja que j’ai eu du mal à avoir le permis de conduire, ça m’inquiète un peu.

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  4. Mais qu’est-ce qu’il vous faut?
    Mon papa a donné à Marie ma maman des tas de trucs en récompense, des basiliques, des millions de fidèles, des tableaux de peintres tous aussi célèbres et talentueux les uns que les autres.
    Et yout ça c’est plus solide que d’être la femme de Sarko

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  5. Hé jésus, c’est vrai que les affaires marchent en ce moment pour toi a donf, question basilique et peintres c’est plus vraiment çà, mais question fidéle tu joue a billets fermés en ce moment, c’est même un véritable fléau si je puis me permettre…Comme dit ce mécréant et ce blasphémateur de sage précaire avec ses histoires de fictions sociales et d’état gravidique dont on ne comprends plus rien mis a part que cela dénote une certaine frustration que d’ailleurs il cache à peine: « il faut toujours dire que la femme est l’avenir de quelque chose »… aussi merci pour cette superbe création de ton papa et vive les femmes ! Au passage, embrasse le mien de papa et puis John Lennon aussi, et Nietszche aussi et puis Jean Seberg (une femme, une vraie elle !)

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  6. Tiens, ça me rappelle le geste de la mégère des Frustrés (Claire Brétécher, qui est grand-mère maintenant, le temps passe) qui contemple son nouveau-né avec un regard vers le vide-ordures. Elle vient de recevoir une série de visites de ses copines pleines d’intrigues, d’expos, de voyages et de machins divertissants. A la dernière case, elle le remet dans son berceau. Ca ou autre chose …

    A part ça, si vous voulez quelque chose de vraiment dépaysant sur la question, lisez « la résidence de Confucius », les mémoires de Kong Demao, soeur ainée de Kong Decheng, 77e fils ainé de la lignée du sage. Ils sont nés et ont grandi dans la maison du clan à Qufu, espèce de mini-cité-interdite. Nés de Madame Wang, concubine de leur père Kong Linyi, 76e fils ainé, qu’ils n’ont presque jamais vue, qui n’avait pas le droit de les toucher ni de leur adresser la parole, ils devaient dire « mère » à l’épouse principale de leur père, une vieille dame haineuse qui n’avait pas eu d’enfants. La concubine Wang avait été achetée à une autre famille. Processus de reproduction de la famille, qui a duré 2500 ans dans ce cas. Jamais besoin d’amour maternel. (la traduction en français aux Editions en langues étrangères de Pékin, ISBN 7-119-02720-4)

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  7. Très juste, Myriam. Une phrase qui est plus riche que ce qu’écrit Guillaume, car elle ne rejette pas la famille, mais elle ouvre le croyant à des solidarités et des liens, fondés sur autre chose que le sang. « Quiconque fait la volonté de Dieu, c’est lui mon frère, ma sœur, ma mère…  »
    Imaginez la tête d’une mère à qui son fil dirait cela, lorsqu’elle lui intime l’ordre de ranger sa chambre.

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  8. Merci Myriam et Fred pour ces précisions précieuses. J’aurais pu être plus rigoureux, il est vrai. Reste que le christianisme devrait développer autre chose que ce familialisme étroit que l’on rencontre souvent dans nos sociétés.

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  9. What do uou mean « familiarisme » ? Je ne sais pas qui peut encore avoir quelque chose a rencontrer dans le christianisme aujourd »hui ? On n »en voit pas grand chose, du christianisme .

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  10. Bonne annee ! Aucun souci. Avec Guillaume versus Myriam, 2009 devrait nous reserver une nouvelle amplitude dans le dialogue de sourds…. Le sage precaiore trouvera -til enfin son maitre dans cet exercice ? Moi il me semble que Guillaume, tu fais un contre sens sur la citation que te rappelle Myriam, qui precisement prend le contre pied du familialisme. Et evidemment Myriam, Guillaume ne parle pas de familiarisme, ni de familiarite.

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  11. Mon maître dans la surdité dialoguée est tout trouvé en ta formidable personne, mon bon Dominique, puisque tu lis sans faire attention (sans entendre) puis juges avec précipitation. Je m’explique.
    La citation du Christ prend le contre pied de l’idéal familial (« familialisme »), d’où l’idée que le christianisme (le mouvement religieux qui succède au Christ, qui se constitue en eglise, et parfois en pouvoir politique) devrait suivre la parole du Christ sur ce point plutôt que de promouvoir la famille, comme une vulgaire mafia.
    Nos sociétés étant chrétiennes, leur familialisme me paraît pauvre, comparé à ce que l’enseignement du Christ pourrait générer, en terme de modes de vie.
    « Le sourd n’est peut-être pas toujours celui qu’on croit », disait Saint-Paul, aux Athéniens, quand ils rentraient fourbus de leur week-end à Mykonos.

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  12. J »espere que tu blagues avec ta citation de St Paul ! Vu le peu de texte qu »il y a de lui, il vaut mieux eviter des citations plus aleatoires que celles d »Origene ou de Montaigne ! Va voir dans le texte comment Paul s »est fait recevoir a Athenes, c »est plutot marrant> Et verifie tes mots, parce que le sens que tu donnes a familiarisme, sur le modele un peu de millenarisme, n »est pas des plus recu, alors precise le sens que tu lui donnes, ce sera plus clair.

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  13. Tu espères que je blague ? Dis tout de suite que Paul n’a jamais attendu l’arrivée des ferrys, sur le pirée, le dimanche soir, pour admonester ses ouailles!
    Maintenant le mot « familialisme » est présent chez des philosophes français, et n’est pas religieux pour un sou : c’est seulement la propension à ériger la famille en valeur supérieure, en modèle de vie, et le discours lié à cette propension. C’est un néologisme du même type que « droit-de-l’hommisme » ou qu’ « anti-communautarisme ».

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  14. Mea culpa, c’est vrai que j’ai seulement lu le commentaire de Myriam et ceux qui l’ont suivi, non le billet dont ils derivent. Comment, mais comment au fond, ai-je pu te penser capable d’un contre sens sur une citation, ou de repondre a cote de la plaque, ou de ne pas vouloir entendre ce qu’on te dit ? Sacre mystere, tout de meme.

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  15. « Comment, mais comment au fond, ai-je pu te penser capable d’un contre sens sur une citation » ?
    Facile: en lisant ce que vous voulez comprendre vous même, comme Mart le fait avec le commentaires des autres.
    Mais au moins, vous, vous faites votre mea culpa.

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  16. Ce Mart nous emmènerait tout droit en enfer. Heureusement qu’il y a Saint Paul pour nous indiquer le bon chemin : « femmes, soyez soumises à vos maris, supportez-vous avec douceur, pas de ripaille, pas de beuverie. » C’est un best of à peu près authentique. Personnellement, je n’ai jamais apprécié saint Paul. Mea culpa, mea maxima culpa.

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  17. Saint Paul, j’avoue qu’il m’agace : raide, moralisateur, il a un côté Fred qui m’impatiente.
    Saint Jean, en revanche, j’aime beaucoup. Il aurait certainement compris Dieudonné dans sa lutte contre le moralisme du troupeau, le consensus méchant et content de lui, car lui-même était un être singulier, inhabituel.

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  18. Fred, au risque de decevoir, mais par souci de verite je dois bien avouer que je n’ai ni d’idee preconcue sur la question mettons de la religion catholique et de la famille, ni un grand desir de comprendre quoi que ce soit la-dessus, et meme qu’en somme je m’en bats joliment l’oeil. S’il en allait autrement, j’aurais commence par lire l’article de Guillaume…

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  19. Vos commentaires simili cultivé intello semblent bien loin du texte de départ.
    il y a plusieurs types de femmes, et donc plusieurs types de grossesses, de maternage, de vision des rapports de mère à enfant et chacune devrait pouvoir le vivre sans que tout ceci fasse des tonnes et des kilos de commentaires peu convaincants… Ne pas normaliser, quelque soit le choix ou les sensations de vie est le meilleur moyen de refléchir sur les bienfaits ou les malheurs de la maternité,( ou de la non maternité) en laissant la réelle possiblité à chacune de vivre sa grossesse ou sa vie de mère où de célibataire comme elle peut. Arrêter de porter des jugements dits moraux serait le meilleur moyen d’aider les femmes quelque soit le choix ou non-choix de leur vie, mère ou non. Les femmes font ce qu’elles peuvent avec cette période de leur vie, avec plus ou moins de réussite et de chance aussi. Les aider à passer ce cap est une bonne chose.
    Le mythe de donner la vie que possèdent encore aujourd’hui les femmes serait-il le dernier bastion que les hommes veulent conquérir pour dominer le monde ? Dans bien des pays c’est le dernier respect qu’il reste aux femmes et encore ! Mais quel monde cela peut-il donner quand donner la vie n’est plus un acte d’être humain ?
    Messieurs si vous voulez porter les enfants, commencez par participer réellement à leur éducation non en jouant les machos ou les cadors mais en leur apprenant le respect de tous , le partage des connaissances et l’extrême respect non violents des femmes, même celles qui ne sont pas vos mères ! c’est la société entière dont vous êtes et dont nous sommes qui s’en trouvera plus heureuse.

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  20. « Vos commentaires simili cultivé intello semblent bien loin du texte de départ. »
    Je suis bien d’accord, benou. Ah, tous ces gens simili cultivés intello!

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  21. J’ai beaucoup apprécié ce texte qui reflète presque entièrement ma pensée sur le sujet! Je suis une femme et n’ai jamais voulu avoir d’enfants. Pour moi, que l’amour (ainsi que l’instinct) maternel soit un mythe social basé sur un phénomène purement biologique est évident. Il suffit de s’intéresser un petit peu au sujet et de faire quelques observations de bases pour s’en rendre compte.
    Le lien avec l’archétype de la Vierge Marie est aussi très juste, puisque dans l’Antiquité, les Déesses-Mères possédaient presque toujours un aspect bien plus sombre et destructeur, illustrant un équilibre bien plus réaliste et révélateur de la personnalité humaine.
    L’amour maternel à la naissance nous assure, à nous et à de nombreux autres animaux, la survie de l’espèce. Il dépend d’hormones qui peuvent être bloquées artificiellement.

    Donc au final, le véritable amour d’un enfant, qu’il soit maternel ou paternel, est selon moi le résultat d’une relation, tout simplement. Seule la biologie peut le rendre « inconditionnel » ou « immuable ». Mais ce n’est pas du tout un acquis personnel…

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  22. « que l’amour maternel soit un mythe social basé sur un phénomène purement biologique est évident.’ J’ai l’impression que ça n’est as dui tout évident. L’amour maternel ou paternel pour des enfants n’est pas un mythe, c’est une réalité largement partagée. Ce qui est un mythe, c’est peut-être qu’il soit la norme en ce sens qu’aucune femme normale ne pourrait y échapper.
    Mais toute norme, en général, est le produit d’un volonté ou d’une tendance, il n’y a pas de normes morales inhérentes à une activité quelconque, il faut toujours un effort plus ou moins important pour se conformer à la norme. Dans la réalité immédiate, rien n’est jamais complètement normal. Donc cette norme qu’est l’amour parental est bien, parce qu’il est une « norme », le produit d’un effort, dans une relation entre personnes.
    Dire que c’est pas une norme parce que c’est le résultat d’une relation, c’est simplement inverser les termes. C’est une norme parce que ça doit être produit dans une relation.
    Maintenant, si on veut, il faut se demander ce qui se passe lorsque un père ou une mère ne fait pas l’effort d’aimer les enfants qu’il ou elle a eus. Etant la toute-puissance des parents par rapport à leurs enfants, le résultat ne peut être que dramatique et pas vraiment souhaitable, ni bien sûr comme norme, mais ni, non plus, comme « droit » ou comme choix individuel du parent. Des parents qui n’aimeraient pas leurs enfants, qui les détesteraient et le leur feraient sentir, je ne suis pas sûr que ce soit vraiment ce que nous voulons. De ce point de vue-là, le « familialisme » paraît largement souhaitable. Demandons-nous donc si nous aurions su le souhaiter pour nous-même en tant qu’enfants.
    Revendiquer des droits à l’annti-conformisme, c’est bien gentil, mais ça doit mener aussi à évaluer les consèquences. Notre seul devoir, c’est d’être conséquents, comme disait Kant.

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  23. C’est sympa d’avoir un débat sur un billet écrit deux ans plus tôt. Merci à vous, mystérieuse Lady-woods, de l’avoir réactivé.
    Ben, je ne sais pas à qui tu réponds dans ton commentaire, ni même si tu réponds à quelqu’un, mais je suis d’accord avec toi. On a voulu faire des enfants, il faut assumer, et à partir du moment où l’on assume, il n’y a pas de raison a priori pour qu’on n’aime pas les petits êtres en question. Mais comme tu le dis, et ça change déjà beaucoup avec le familialisme sentimental que je critique dans le billet, il faut faire un effort pour « aimer ses enfants ».

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  24. L’effort n’est pas uniquement du côté de l’amour : car ne pas aimer ses enfants est aussi un effort, qui suppose qu’on se ferme à eux. Or la fermeture n’est pas plus naturelle que l’ouverture.

    Pour beaucoup, s »ouvrir à ses proches (et donc aimer ses enfants) est un besoin avant d’être une morale, un mythe, une norme sociale ou une aspiration intérieure.

    Si on veut critiquer le mythe de l’amour maternel, il faut aussi critiquer le mythe de l’autarcie individuelle : peut-on échapper au désespoir en restant fermé sur soi ?

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  25. Mais vous allez arreter de me lire et me citer au pied de la lettre a tort et a travers oui ?! ich bin very enerved avec ca…bon eclatez vous, voyagez,faites des gosses pur passer le temps si vous voulez et chasser l’ennui voikal ce que c’est que d’etre consequent en 2010 moi je dis, ai parle , hugh !

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  26. Oh couche Manu ! laisse les Sages Precaires tranquilles, ils font du bon boulot…va cuver ton schnaps en attendant , voila qui serait plus consequent mon ami…

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  27. Je réponds à une idée qui me plaît bien à moi aussi, selon laquelle se soustraire à la norme est toujours plus ou moins positif. Si on me dit que c’est normal d’aimer ses enfants, et donc que quelqu’un qui n’aime pas ses enfants est « anormal », ça m’énerve, j’y vois d’abord un conformisme social moralisateur typiquement bourgeois, etc.
    Bon, maintenant, l’attitude qui consiste à dire : moi, j’aime pas mes enfants, et je revendique le droit d’être, contre votre conformisme, une femme dénaturée, ça m’énerve aussi. D’abord, c’est pas mon conformisme, et je pense que personne ici ne s’identifie vraiment à ce type de discours moral. Donc on prend prétexte d’un épouvantail qui n’existe plus nulle part, pour imposer une autre sorte de moralisme, féministe, anticonformiste, j’aime pas les gosses et j’en suis fier(e).
    Or, cette deuxième position me paraît tout aussi normative que la première, et qui plus est, fausse. En effet, sauf dans une production industrielle normalisée, la « norme » est toujours extérieure à la chose, et c’est seulement par un processus qu’on peut la réaliser, en particulier par un effort moral. Dans la nature, l’anomalie est la règle. Alors moi, réactionnaire comme je suis, je dis que le mythe familialiste, si jamais il a été prègnant, avait au moins l’avantage d’éviter aux enfants les conséquences de l’égoïsme de leurs parents qui se sentaient obligés de faire comme si ils les avaient aimé « naturellement »..

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  28. J’ai eu une discussion passionnante hier soir sur ce sujet. Je pense, pour ma part, qu’il est aussi naturel d’aimer ses enfants que de vouloir se debarrasser de son nouveau-ne. Les femmes qui tuent les bebes des la naissance est un phenomene repandu, et ce n’est pas de l’anti-conformisme, ni de la revendication. Je ne dis pas qu’il faut l’accepter, mais je comprends cette reaction. ca peut arriver, et chez les animaux aussi. Au fond, c’est un peu la forme extreme de l’avortement. Je ne suis pas sure d’etre pour l’avortement non plus, mais je comprends que des femmes y aient recours, je ne les juge pas. D’un point de vue moral, je dirais qu’il ne faut pas minimiser le drame qu’est l’avortement, et qu’il ne faut pas non plus exagerer le drame qu’est le rejet instinctif de son enfant a la naissance.
    Apres, s’occuper bien de ses enfants est une autre chose, qui n’est pas entierement dependant d’un amour maternel qui est en effet un mythe, mais un mythe qui n’est pas necessairement negatif.

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  29. Intéressant débat. Pour revenir à ce que disaient ben et mart, je trouve que le premier commentaire de Poppy sur le rejet instinctif de l’enfant par la mère est éclairant. Bien sûr que ce n’est pas souhaitable, mais cela montre bien que l’amour maternelle est réel parfois, pas tout le temps et automatiquement.

    Or, la sagesse précaire offre un moment de répit à celles qui en ont marre. Non une sortie du conformisme, ni une quelconque autarcie, ni un nouveau droit.

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  30. Un conseil de lecture 13 ans après la parution de ce billet : J’ai décidé de ne pas être mère, de Chloé Chaudet, éditions de l’Iconoclaste, 2021.
    Je n’ai pas pu le lire car je vis loin de France, mais je connais l’autrice qui est une prof de littérature comparée. Elle est formidable et ses performances médiatiques sont très convaincantes.

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