Voyage d’une Chinoise et d’un Français en Bourgogne

À Lyon, nous avons loué une voiture au bord de laquelle nous avons traversé le Beaujolais et la Bourgogne. Cinq jours plus tard, nous étions à Paris. Tout cela s’est déroulé à la fin du mois de juillet 2009.

Ce petit voyage nous a permis de nous arrêter chez plusieurs amis, ou de faire connaissance avec de nouveaux amis.

Près de Villefranche-sur-Saône, Martine et Jean-Paul avaient hébergé Huang Bei pendant quelques jours et je venais la leur enlever, comme dans les films. Impressionnante collection d’art contemporain, occidental et africain.

Belle route de Villefranche à Chauffaille, par la crête de je ne sais quelle montagne.

À Mussy, près de Chauffailles, Ben et Agathe nous accueillirent avec leurs enfants. La soeur de Ben était d’une beauté étourdissante. Promenade sous les étoiles après dîner. Huang Bei lisait Les dix petits nègres d’Agatha Christie.

Visite de Cluny avec la famille de Ben. Peintures monumentales de Yan Pei-Ming et pâtisseries rares pour faire goûter à mon amie chinoise les spécialités du coin. Gaspard et Guillaume, les enfants de Ben, pleurèrent à tour de rôle, soit par lassitude, soit par excessive espièglerie. Guillaume se plaignit de ce que son grand frère voulut faire la course, et que nonobstant son refus d’entrer en compétition, ledit Gaspard fit exprès de gagner la course. « Arrêtez de m’embrouiller », protestait le petit Guillaume, excédé de voir tant de cruauté chez les adultes qui riaient. Ben frappa son fils aîné Jacques, et en retira une bien étrange, mais profonde et sincère, joie. Les trois femmes étaient resplendissantes. De mon côté, j’étais heureux et j’avais la boule au ventre de côtoyer tant de beauté concentrée. Il fallait partir.

Je montrai à Jacques des photos de moi à son âge. Sans nous ressembler, la chevelure de nos quatorze ans présentait des similitudes, ce qui souligne l’inanité de la génération, et l’inutilité de faire des enfants.

La ville de Tournus est très surprenante. C’est bien là qu’est la fameuse église romane ? Ou l’abbatiale ? Biscuits au chocolat et voiture garée le long de la Saône.

Au château de Lusigny-sur-Ouche, c’est la famille de Cécilia qui nous accueillit. Je dormis dans la chambre de Napoléon, et je découvrais d’étonnantes histoires concernant le château où nous logions.

Dans les châteaux de Bourgognes, des pierres creusées sont identiques aux pierres des jardins chinois. Il semblerait que ce ne soit pas des chinoiseries, mais bien une tradition bourguignonne. À vérifier. J’aime le château de Barberey (orthographe à vérifier), dont je trouve le parc sobre et « sans prétention ».

Beaune n’a pas son pareil. Huang Bei aime, Cécilia non. Moi, ce que j’en dis. Moi j’aime tout, alors mon avis ne compte guère. Je trouve que Nicolas Rolin en fait un peu trop avec sa femme, et ses déclarations multiples d’amour unique. On l’aura compris, qu’il n’aime qu’une femme. Beaucoup trouvent ça beau. Je trouve ça suspect. Nous admirons le retable de Rogier Van der Weiden, mais comme c’est l’oeuvre maîtresse, on l’oublie trop vite, à moins de l’étudier spécifiquement.

Huang Bei a adoré Dijon, qu’elle considère comme une des plus belles villes de France. Moi, ce qui m’a abasourdi à Dijon, c’est l’histoire du Duché de Bourgogne, la splendeur de la cour des ducs. Assommé par la chaleur et la faim, j’ai visité au pas de course le musée des beaux-arts et me suis envoyé une andouillette à la dijonaise pendant que Huang Bei continuait consciencieusement la visite. Pour justifier mon absence aux yeux de mon amie, j’avais prétendu que je visitais les musées selon mon propre rythme (ce qui est vrai par ailleurs, quand je n’ai ni faim ni chaud). Quand nous nous sommes retrouvés, nous avons mangé (moi, assez frugalement, et pour cause) et avons devisé doctement sur les oeuvres du musée.

Dijon, l’été, a des airs d’Italie. La place royale (quelle que soit son nom) était éclatante de lumière. Sa forme en demi-cercle et l’étoilement des rues qui partent dans toutes les directions, donnent au centre ville une grande élégance. Mais trop de maisons cossues étouffent un peu la vie collective.

Magnifique boulangerie, dans une petite rue, florentins à la forme triangulaire, bons à tomber à la renverse. Nous vîmes des oeuvres de Rude, le fameux sculpteur d’un des bas relief de l’Arc de Triomphe.

Nous achetâmes des bouteilles de vin, corsé pour certaines et fruité pour d’autres. Le bourgogne perd un peu de son identité sous la pression du commerce international. Il cherche à séduire de nouveaux marchés en devenant moins charpenté, moins reconnaissable, moins puissant. Que va-t-on boire avec le chevreuil, la prochaine fois ?

Près de Sens, nous fîmes notre dernière étape dans une maison excentrique. Une femme centenaire qui fumait clope sur clope, des photos de Chine du XIXe siècle, des histoires de marins ancêtres de nos hôtes. Des histoires de voitures de location.

Huang Bei aimait les paysages de Bourgogne. Je note que beaucoup de gens, dans les villes et les villages, avaient le guide vert à la main, signe de vieillissement de la population touristique. Nous en avions un nous aussi, que Huang Bei avait emprunté dans une bibliothèque de Paris.

Pourtant nous étions jeunes et beaux.

3 commentaires sur “Voyage d’une Chinoise et d’un Français en Bourgogne

  1. De ma lointaine jeuneusse oculaire. je vous demande de mettre sur vos billets des photos moins petites, mon petit.
    A part ça, peu importe où vous êtes, allez cueille, cueille, les roses, les roses
    Abraços

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  2. Mais oui vois plus grand mon bon Guillaume que diable ! Moi j’avoue au debut je croyais que c’etait une histoire de faute de frappe que ce Nicolas Rollin (un truc genre : il a voulu parler de Bouvier en pensant a Jean R, l’autre grand voyageur la)et bien apres recherche non :  »Nicolas Rolin (Autun, 1376 – 18 janvier 1462) est une grande figure politique de la Bourgogne et de la France du XV siècle. Il fut chancelier de Philippe le …etc etc ».

     »Je trouve que Nicolas Rolin en fait un peu trop avec sa femme, et ses déclarations multiples d’amour unique. On l’aura compris, qu’il n’aime qu’une femme. Beaucoup trouvent ça beau. Je trouve ça suspect. Nous admirons le retable de Rogier Van der Weiden, mais comme c’est l’oeuvre maîtresse, on l’oublie trop vite, à moins de l’étudier spécifiquement. »

    J’espere un jour pouvoir lire un billet ou un com entier sur cette question de l’amour unique qui meriterait un blog entier et m’interpelle toujours enormement.Bonne route.

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