L’amour des juifs plutôt que leur crainte

Je voudrais préciser que je suis un grand admirateur de nombreuses personnes de confession juive du monde entier. Non seulement j’ai des amis chers parmi eux, des juifs de France, des Etats-Unis, d’Israel, mais mon respect va beaucoup plus loin. J’ai lu avec passion de nombreux auteurs juifs qui m’ont influencé et m’ont construit. Ce que je leur dois à titre personnel est important. En tant que Français, je tiens pour un motif de fierté le fait que mon pays possède la plus forte communauté juive de tous les pays européens, et j’appelle de mes voeux qu’elle aille s’accroissant car ce que les juifs ont apporté à mon pays et à ma culture est très positif. Ce serait un malheur, une catastrophe, s’ils devaient tous émigrer je ne sais où, au moyen-Orient ou en Amérique.

On ne peut pas faire moins antisémite que moi.

Or, récemment, on a insinué que j’étais antisémite. Qui ? Des amis, qui n’étaient pas contents que je défende le travail de l’humoriste Dieudonné. Ils pensaient que, du fait que je ne trouve pas révoltants ses propos (mais quels propos, je ne le sais toujours pas), je devais être moi-même, quelque part, peut-être un peu antisémite. Ou qu’en tout cas, mon attitude « ambiguë » valait la peine que l’on s’inquiétât pour moi. Ces insinuations sur le fait que je serais, sinon antisémite, du moins compréhensif à l’égard de ceux qui le sont, me sont une douleur et me paraissent répugnantes.

J’ai monté ce blog en juillet 2007, et je l’ai fait héberger par lemonde.fr car c’est le journal en ligne que je lisais chaque jour. De plus, comme j’habitais en Chine, la censure bloquait les sites étrangers et se faire héberger par ce journal permettait de travailler sans se soucier des cyberpoliciers chinois. Pendant plusieurs mois, La Précarité du sage était référencé dans la sélection du monde.fr. Il y figurait quelques semaines, puis il en disparaissait quelques jours, puis il y réapparaissait, bref c’était un habitué de la sélection du journal. Du jour au lendemain, il en fut écarté, et de manière définitive. Cette exclusion a coïncidé avec un billet que j’ai écrit sur un humoriste, intitulé Dieudonné et les « nouveaux médias ». Ce billet date de septembre 2007, il est vieux de deux ans. Depuis cette date, ou plutôt depuis la fin de la discussion auquel il a donné lieu, mon blog s’est plutôt amélioré, pas tant au niveau de l’écriture qu’au niveau des recherches qui y trouvent leur théâtre, et pourtant, les modérateurs du monde.fr n’ont plus eu le goût de lui donner le plus faible écho.

Ils avaient d’abord, à une certaine période, tenté de bloquer quelques commentaires, puis ont décidé, semble-t-il, de ne plus prêter la moindre attention à ce blog. C’est leur droit et je ne leur en veux pas. Je ne fais aucune réclamation ni ne crie à l’injustice. Je souligne un petit fait intéressant qui illustre le climat de terreur qui accompagne toute référence aux juifs, à Israel et à ce qui entre en résonnance avec ces sujets-là. Dieudonné fait partie de ces sujets tabous qu’il est préférable, semble-t-il, de ne toucher que pour en dire le plus grand mal.

Pourtant, je crois n’avoir jamais dit quoi que ce soit sur les juifs, et il me semble bien que tout ce que j’ai jamais écrit sur eux se trouve dans ce billet, sous forme d’hommage sincère et respectueux.

Je ne me sens pas menacé, ni intimidé, ni bâillonné, mais à l’heure où ce même humoriste, Dieudonné M’Bala M’Bala, est tenu de s’expliquer devant la justice, comme le dit un article du Monde de cet après-midi, je rappelle ce micro-événement concernant mon blog car c’est avec une chaîne de micro-événements qu’on crée un climat, puis une influence et enfin un pouvoir. Le pouvoir médiatique a décidé d’effacer Dieudonné du paysage, c’est ainsi. D’abord en en parlant beaucoup et en contrôlant le contenu des paroles, pour le rendre abject, puis en cessant d’en parler, et en réduisant au maximum l’audience de ceux qui en parlent. L’article du Monde auquel je viens de faire référence est déjà retiré de la page d’accueil du monde.fr pour être recalé dans les archives, après deux heures d’existence.

Ce n’est pas avec ces méthodes qu’on va faire apprécier la culture et la communauté juives. Mais j’y pense, le but n’est pas de faire apprécier quoi que ce soit, le but est de propager la crainte. Je comprends le désir de se faire craindre, quand on est menacé, mais je crois que les médias auraient une meilleure carte à jouer, une autre stratégie à adopter, qui privilégierait l’admiration sur la peur, et le partage intellectuel plutôt que la menace et l’insinuation.

27 commentaires sur “L’amour des juifs plutôt que leur crainte

  1. Je culpabilise un peu, Guillaume, car ce billet est le premier où j’ai posté un commentaire…
    Hier soir, j’ai revu La Vie des Autres – intéressante résonance entre les deux formes de censure, la soft et l’ancienne. Heureusement que l’actuelle n’affecte pas nos vies (ce que Dieudonné ne peut pas dire), mais ça met quand même mal à l’aise.
    J’aimerais énormément pouvoir discuter – ou ne serait-ce qu’entendre – ce qu’en ont à dire les censeurs du Monde car je n’arrive pas à comprendre si leur censure a un côté pragmatique (si on censure, au moins on aura pas d’emmerde avec la licra) ou s’il y entre vraiment de l’idéologie (quiconque ne veut pas pendre Dieudonné est un crypto antisémite).
    Je ne sais pas, d’ailleurs, quelle serait l’option la plus rassurante.

    J’aime

  2. Je me souviens. C’etait la premiere fois que je me faisais traiter de maniere rude par Mart. Dans mon commentaire, je n’avais pas voulu insinuer que tu etais antisemtite, et je suis touche par ton debut d’article, auquel je souscris d’autant plus que j’ai des origines juives moi-meme.
    Justement, et sans vouloir rien insinuer, ne crois-tu pas qu’en disant « ils » pour parler des juifs, et « mon pays » pour parler de la France, tu les exclus de la communite nationale?
    Je ne dis pas que tu les exclus, je te demande ce que tu en penses. Et je n’oublie pas que quand Dreyfus a connu la honte d’etre degrade en public, ses seules paroles furent : « Vive la France ». Quand j’etais jeune, je pleurais d’emotion devant cette histoire.

    J’aime

  3. Fred, tu n’as pas laissé de commentaire sur le billet cité, comment aurais-je pu t’y traiter durement ?

    Mais là, pour te faire plaisir, je peux :

    Tu dis « auquel je souscris d’autant plus que j’ai des origines juives moi-meme » : cela signifie-t-il que tu es d’autant plus d’accord avec l’idée que les Juifs sont des gens formidables que tu as toi même des origines juives ?
    Par exemple, j’ai des origines belges : cela signifie-t-il que je doive être d’autant plus d’accord avec l’idée que les Belges sont des gens très doués ?
    Qu’esn penses-tu ?

    J’aime

  4. Moi qui ne suis juif en rien, en tout cas pas que je sache, je réponds à Fred.
    Je vois ce que tu veux dire, mais le « ils » était aussi excluant que si j’avais parlé des Parisiens, des Bretons, ou même des provinciaux, dont je suis.
    J’ai écrit « mon pays », non pas pour dire qu’il était à moi et pas à eux, mais au contraire, c’était une figure de rhétorique qui avait pour but d’exprimer l’inclusion: ce qu’ils ont fait, et ce qu’ils sont, nous l’avons fait nôtre, et nous sommes donc fait de la même étoffe maintenant, mon pays c’est le leur.
    Pour ma part, je ne considère pas les juifs français comme moins français que moi, et je ne pense pas que mes phrases le donnent à penser. Mais si certains l’ont pensé, et bien voilà qui est démenti.

    Maintenant, l’idée que les juifs sont d’une manière ou d’une autre étrangers, ce n’est pas une idée que j’ai mais elle existe dans la culture occidentale depuis toujours, je crois, que ce soit pour les glorifier, les laisser tranquilles ou pour les persécuter. J’en ai connu qui, nés en France, de parents français, de grands parents français, sont aller s’installer en Israel en pensant retourner chez eux. Je ne juge pas cela, mais cela – peut-être – justifie l’usage de « ils » pour parler des juifs comme d’une communauté française avec ses caractéristiques et ses spécificités.

    J’aime

  5. Ben, je ne vois pas pourquoi mon admiration pour les juifs te gêne. Je ne demande à personne de la partager, cette admiration, mais enfin, elle n’a aucune raison de te gêner.
    Il me semble que Webern est juif (je n’en suis pas sûr au fait), or c’est le plus grand compositeur du XXe siècle. Rien que pour cela, j’admire tous les juifs éperdument. Et j’ai une vraie estime, qui confine à l’admiration, pour les Suisses. Pas pour Bouvier, que j’aime bien, mais pour leur républicanisme qui remonte au moyen-âge.

    A propos, erratum, il n’y a pas d’hébreu au Language center de l’université où je suis. Je n’étudierai donc que l’arabe, et pas l’hébreu comme c’était prévu.

    J’aime

  6. Bien sûr, c’est pas ton admiration qui me gêne, c’est seulement le début de ton article. J’avais un peu l’impression qu’il était artificiel, quelque chose comme une précaution oratoire préalable et inutile. C’est comme les gens qui disent qu’ils ont des origines juives. C’est bien, mais on s’en fiche. Moi, je ne crois pas avoir d’ancêtres juifs, je n’ai pas d’admiration particulière pour le « peuple élu », et je suppose que c’est sur la base d’une certaine neutralité ou indifférence qu’on peut sortir du climat bizarroïde qui entoure en France toute évocation des questions juives et revenir à des positions plus saines. On n’a pas besoin d’admirer particulièrement les juifs pour essayer de comprendre leurs problèmes ou pour s’indigner de la censure qui frappe Dieudonné. plus généralement, si l’antisémitisme était une haine abstraite, la haine d’un fantasme, on peut penser que le philosémitisme est un amour tout aussi abstrait et irrationnel. Si j’étais Juif, je préfèrerais n’entendre parler ni de l’un, ni de l’autre. Ca me gênerait.

    J’aime

  7. Alors ça c’est extraordinaire, et c’est la première fois que ça m’arrive:
    Ben a laissé un commentaire hier, non signé, donc anonyme involontairement, dans lequel il dit n’avoir aucune admiration pour la communauté dont je parle dans mon billet.
    Ce commentaire apparaît sur ma boîte emails, mais est effacé du blog.
    Je le copie donc et et le colle ici sous mon propre nom, hier soir, en précisant que c’est un com de Ben, ainsi que je l’avais déjà fait avec un com de Mart.
    Ce matin je me réveille, et m’aperçois que ce com, celui que J’AI posté, moi le maître supposé de ce blog, a disparu lui aussi.
    On n’est plus maître dans sa maison, Freud avait bien raison. Tiens, Freud, voilà une autre raison d’admirer les juifs.

    J’aime

  8. Je tente ici de recoller le com de Ben, par principe, et demande par avance à qui aurait la capacité technique de l’effacer de ne pas le faire, je porte la responsabilité de ce qui est sur ce blog. D’ailleurs, lisez, ce message n’a rien d’antisémite.

    « Je voudrais préciser d’abord que je suis un grand admirateur des juifs du monde entier. Non seulement j’ai des amis chers parmi eux, des juifs de France, des Etats-Unis, d’Israel, mais mon respect va beaucoup plus loin… »
    Ce début me gêne. Personnellement, je ne suis pas un grand admirateur des juifs du monde entier, pas plus que des Corses ou des Lybiens. au contraire, plus particulièrement, je n’admire pas du tout les Juifs d’Israrel qui se sont librement choisi un gouvernement complètement dégueulasse.
    Je ne sais pas si j’ai des amis juifs, mais j’ai un copain suisse alors que je n’admire pas du tout, mais alors pas du tout les Suisses en général, au contraire j’aurais plutot une image défavorable de l’identité suisse, pour tout dire.
    Enfin, c’est vrai que l’oeuvre de Spinoza m’a construit, mais je peux en dire autant de celles de Heidegger ou de Bouvier. Et cette dernière ne me donne pas envie de chanter l’amour de la nation helvètique. J’aime bien le gruyere et l’Usage du Monde, mais il faut pas délirer, quand même. Et, concernant Spinoza, je crois me rappeler qu’il a été lui-même excommunié par des gros cons de Juifs d’Amsterdam.

    J’aime

  9. On n’est pas maître en sa maison : il y a des textes de Freud qui expliquent bien ça : c’est le refoulement, on refoule un désir secret. Il y a dans la maison du Monde des gens dont le désir secret est l’étalage obscène de la haine, mais leur sur-moi les censure, alors ça refoule à mort.

    Ou alors c’est juste un moteur electronique qui a tilté sur les derniers mots du com : « gros cons de … »

    J’aime

  10. Hi hi, oui c’est possible. On va voir si ce copier-coller de ton com reste…

    Sinon, oui le début de mon billet est en effet une précaution oratoire, mais une précaution oratoire peut être sincère. Moi, j’admire sincèrement les peuples, les communautés, les cultures. Et plus généralement, je crois qu’il y a dans ces déclarations d’admiration et d’affection les germes d’une diplomatie précaire dont je vais développer plus tard les ressorts (peut-on développer les ressorts ?) A rebours de ce que fait Sarkozy avec la Chine et l’Iran, à rebours de ce que font les pro-Tibet qui se lavent la conscience en traitant les Chinois d’assassins, promouvoir un discours libre qui n’obéit pas aux injonctions de la presse et de la « pensée unique », qui n’obéit pas non plus aux pressions des nationalistes de tous poils, mais qui se fonde sur une sorte d’affection et d’intérêt pour les ensembles humains dont on parle. Montrer un intérêt sincère pour la Chine, et pour l’histoire de cette région du monde, avant de demander aux Chinois de « libérer » le Tibet, par exemple.

    Je suis d’accord avec toi, cependant, si j’étais juif, je n’aimerais pas qu’on fasse ce genre de précaution oratoire. Quand les Britanniques le font vis-à-vis des Français, j’ai l’impression qu’ils me prennent pour un con. Mais tu vois, c’est efficace: moi, les modérateurs du monde n’ont pas touché à les commentaires. Et toi, Ben, avec tes mots d’esprit, je suis sûr que des gens se disent: « Ce mec est un antisémite, son discours est typique, déjà dans les années trente etc., etc. »

    J’aime

  11. Mon pauvre Guillaume, tu peux écrire 50 billets clamant ton amour passionné des Juifs, c ‘est râpé : une fois suspecté d’antisémitisme, toute dénégation devient suspecte. Aux yeux du Monde et des ses robots humains ou électroniques, tu resteras celui qui est peut-être antisémite.
    D’ailleurs, pourquoi clamer qu’on aime les Juifs si ce n’est pas pour se défendre de quelque chose ? Il n’y a pas de fumée sans feu.

    J’aime

  12. C’est bien possible. Bien possible que mon cas soit réglé pour un certain nombre de gens et d’opérateurs informatiques. Et c’est la même chose pour Dieudonné, ce qui explique pourquoi il n’a pas voulu s’agenouiller dans les médias pour demander pardon (pardon de quoi, on ne le sait toujours pas) et pourquoi il est entré dans une logique de provocation contre le pouvoir des médias.
    Pour ce qui est de moi, j’ai une autre personnalité et une autre stratégie. D’abord mon respect pour les juifs est réel donc je n’ai aucune raison de le cacher. Ensuite, je ne veux pas convaincre ceux qui sont déjà suspicieux à mon égard, mais je veux pouvoir me défendre, le cas échéant si d’aventure je devais être traité d’antisémite, ce que je trouve insupportable. Car ma stratégie est la suivante : j’ai envie d’ouvrir un espace où on ait le droit de parler des juifs, de dire ce mot-là, que personne n’ose plus prononcer, « les juifs ». Mais pour que ça ne devienne pas un repaire d’antisémites, j’annonce les couleurs. Mon but est que sur ce blog, on puisse parler de ce sujet sans crainte, paisiblement, comme je l’ai fait avec les Chinois. Sur mes blogs chinois, on pouvait naviguer entre la dénonciation politique et l’exercice d’admiration, et ça dialoguait à peu près, magré quelques mouvements d’hystérie.

    J’aime

  13. « Ensuite, je ne veux pas convaincre ceux qui sont déjà suspicieux à mon égard, mais je veux pouvoir me défendre, le cas échéant si d’aventure je devais être traité d’antisémite, ce que je trouve insupportable. »

    Mais ceux contre qui tu veux te défendre sont précisément ceux que tu renonces déjà à convaincre. Tu veux argumenter de manière logique face à un système tautologique, qui n’est pas ouvert à l’argumentation logique.

    Tu crois vraiment, par exemple, que Edgar Morin, qui s’est chopé un procès en anti sémitisme, est anti sémite ? Lui, l’humaniste exemplaire ? Lui, qui éprouve très certainement, comme toi, et pour tout le genre humain d’ailleurs, un « respect réel » pour les Juifs ?

    J’aime

  14. Bien sûr que je ne le crois pas. Mais enfin, c’est une façon de faire, qui en vaut une autre, et qui a pour but d’essayer de lutter contre l’hystérie dont Morin lui-même parle. Car il n’y a pas que les accusateurs et les calomniateurs qui cherchent à faire régner la crainte. Il y a aussi plein de braves gens qui se pensent intelligents et qui insinuent parfois parce qu’ils imaginent que c’est s’assurer d’être du bon côté d’une barrière imaginaire. Il y a beaucoup de gens qui ont besoin d’être assurés, avant d’entrer dans le sujet, qu’on est clairement contre toutes les formes de racismes, même si ça paraît une évidence pour soi.

    J’aime

  15. « Il y a beaucoup de gens qui ont besoin d’être assurés, avant d’entrer dans le sujet, qu’on est clairement contre toutes les formes de racismes, même si ça paraît une évidence pour soi.  »

    C’est vrai, et c’est une des choses les plus horripilantes que je connaisse. On ne fait pas ça avec la pédophilie, par exemple. On ne dit pas en préambule, avant même le début de la conversation, « tu serais pas un peu pédophile, toi ? » à quelqu’un sous le prétexte qu’il a fait un sourire à un enfant. Mais on le fait avec une bonne conscience exemplaire pour l’antisémitisme. Tu dis « Juif » et hop ! On te regarde d’un air torve. Imagine un peu si en disant « Enfant » tu provoquais le même regard.

    Cette attitude suspicieuse, même si elle est bien pensante, du « bon côté moral », est insupportable car irrespectueuse et violente.

    Fred, par exemple, je ne doute pas que c’est un type sympa et raisonnablement intelligent. Pourtant, il pose des questions insultantes au motif qu’il a « besoin d’être rassuré ».

    Il faut ouvrir les yeux : l’antisémitisme est une baudruche gonflé à l’hélium. Tu prends un crétin analphabète de 14 ans, tu lui donnes une bombe de peinture, et il fait une croix gammée sur un mur, comme on peindrait une bite. Et bien, on en fait un sujet d’ouverture du journal de 20h, genre « Flambée d’antisémtisme à Clichy sous bois ».
    Je ne dis pas que personne n’est antisémite, parce qu’il y a toujours de tout dans le monde, mais je dis que ce mot est galvaudé, vidé de sens, utilisé à toutes les sauces. L’ado de 14 ans ci-dessus est-il antisémite ? Non, il est juste con, avec une bonne dose d’ennui et l’envie de provoquer le bourgeois. Il y arrive très bien d’ailleurs, donc il a bien raison de faire ses croix gammées.

    J’aime

  16. Tiens, un autre com de Ben, encore lui, n’apparaît pas sur le blog.
    Le voici, il répondait à la dernière sortie de Mart :

    « Mart, tu serais pas un peu pédophile ? On le voit bien à la manière dont tu parlzes de ton ado prépubère que tu imagines peignant une bite, la tienne, peut-être ? en rouge, avec ses doigts trempés dans la peinture. »

    J’aime

  17. Je ne sais pas Nénette. Sans professeur vivant, sans camarades de classes sur qui souffler des boules puantes, sans tables sur lesquelles graver des insanités, sans dimanches soir où je me dis que j’ai pas fait mes devoirs et qu’il faudra se lever tôt le lendemain pour ouvrir enfin le cartable, sans tout cela, je me sens incapable d’apprendre une langue.

    Cette année, ce sera l’arabe.

    J’aime

  18. C’est dingue, ça, moi qui suis innocent comme l’agneau à peine sorti du ventre de sa mère, c’est moi qui me fais censurer deux fois de suite. Alors que beaucoup de gens écrivent ici des horreurs bien pires que les miennes.

    Bon, on a parlé d’antisémitisme, on a parlé de pédophilie, ça, c’est fait. On va pouvoir faire de la propagande pour Al-Qaeda, maintenant que Guillaume parle arabe. Je suis sûr que si j’écris un commentaire avec les mots-clés : OUSSAMA BEN LADEN, TALIBAN , BOMBE ARTISANALE, je vais réussir à me faire désintègrer en live sur Le Monde.fr

    J’aime

  19. « Mart, tu serais pas un peu pédophile ?  »
    Tu ne crois pas si bien dire. Quand j’habitais Paris, il y avait dans mon immeuble une famille marocaine dont le père était toujours absent et assez autoritaire (ding ! racisme!) avec son enfant, un petit garçon d’une dizaine d’années qui s’est pris d’affection pour moi (ding ! pédophililie!) pour des raisons que j’ignore (fausse dénégation !).
    Un jour, je le croise au Franprix. Comme d’hab, il vient vers moi. Je lui prends des bombons et on sort du Franprix. En rentrant, on passe par le square où on s’arrête pour papoter et manger les sus dites friandises.
    Quand on ressort du square, je me fais arrêter par un policier : le père nous avait suivi. Tout à coup, j’ai été entouré par le père qui hurlait en m’accusant d’être un pédophile, le flic qui me pose des questions à la Fred (pourquoi vous parlez avec un enfant ? pourquoi vous lui offrez du chocolat dans un square ? etc.) et pour couronner le tout, une foule qui s’accumule autour de nous, les uns avec des cordes pour me lyncher, les autres avec des cailloux pour me lapider. Ce qui m’a sauvé d’une mort certaine, c’est que j’avais la même adresse que le père et qu’on a pu appeler la mère.

    Mais ce qui serait cool, et là je suis d’accord avec Ben, c’est qu’on trouve un autre truc, une autre paranoïa collective. Par exemple, on pourrait suspecter les gens de ne pas aimer les hamsters. Poser ça comme préambule à toute conversation : « tu ne serais pas un peu anti hamster, toi ? » BHL pourrait prétendre que la nouvelle gauche, c’est la gauche pro-hamster. Guillaume commencerait des billets par « J’ai une grande admiration pour le peuple hamster ». La SPA remplacerait la licra. Et les révisonnistes affirmeraient qu’on a jamais mis des hamster dans des cages avec des roues.

    J’aime

  20. Oui, bon. Bienvenue au club des punis de la sélection du Monde, ou de ceux qui croient avoir été exclus à cause de leurs mérites. Moi aussi (mon blog, je veux dire), j’ai fait partie de la glorieuse sélection, et puis un jour je n’y ai plus été. C’était le lendemain d’un message aux modérateurs où je leur demandais pourquoi un billet, qui disait du mal d’un grand opérateur d’internet et annonceur du Monde (pas grand-chose, juste une comparaison avec son confrère chinois dont je suis le client), était passé au statut « privé » (invisible au public) sans que j’y touche. Aussi bien, mon style était en baisse, la fréquence de parution aussi. Ca a probablement été l’occasion pour eux de jeter un coup d’oeil et de s’en apercevoir. Un peu avant, Cai Chongguo (Journal d’un Chinois http://caichongguo.blog.lemonde.fr/ ) avait été sorti de la sélection alors que j’y restais, et j’avais protesté. Actuellement il n’y a plus aucun blog « chinois », alors qu’il y en avait trois ou quatre en ce temps là. La sélection du Monde est un reflet de la mode que portent les intellectuels bien-pensants. J’ai un peu de mal à croire que le Sage Précaire a été victime de la franc-maçonnerie israélite. Avec un rien de malveillance, je me rappelle les blogueurs qui ont écrit un jour « Ca y est, je suis censuré en Chine, à cause des choses sévères que j’écris », sans réfléchir au fait que ce qui s’écrit en français indiffère profondément les censeurs chinois (qui existent, certes, mais dont l’effectif francophone ne doit pas être très grand). C’est juste que leur hébergeur avait été mis sur la liste des non-autorisés.

    A part ça, si je reviens dans la sélection, je serai tout content. Si un modérateur me lit …

    J’aime

  21. Bonjour Ebolavir, ça fait plaisir de vous voir ici. Je suis surpris en effet que votre blog ait été ôté de la sélection du monde, et peut-être que les modérateurs sont tout simplement fatigués de la Chine. Permettez-moi de vous répondre sur deux points.

    « J’ai un peu de mal à croire que le Sage Précaire a été victime de la franc-maçonnerie israélite. » Moi aussi j’ai du mal à croire cela. D’ailleurs je n’ai jamais compris le lien qu’on fait entre franc-maçonnerie et juifs. Enfin, je ne me sens pas victime du tout. Mon objectif est, dans ce billet, de parler de la société, pas de mon blog, qui connaît en l’état une diffusion et un lectorat largement suffisant.

    « je me rappelle les blogueurs qui ont écrit un jour “Ca y est, je suis censuré en Chine, à cause des choses sévères que j’écris” » Ebolavir, il fallait voir de l’ironie et de l’esprit de jeu dans mes réactions de l’époque. Je n’ai jamais pensé que les cyberpoliciers chinois me lisaient, et je savais très bien que tous les blogs de tel serveur était soudain inaccessibles, qu’ils fussent politiques ou non. Je le savais car je naviguais sur la toile, et je voyais bien les différentes réactions. Certains criaient que c’était injuste car ils n’avaient rien dit de politique. J’ai décidé moi d’en parler pour éclairer quelque chose de la vie chinoise. Dans un billet de mon blog « Chines », je m’en étais pris aux censeurs pour leur dire que je pensais comme eux, qu’eux et moi voulions la même chose pour la Chine et qu’il fallait donc libérer mon blog, et vous aviez déjà eu un commentaire de ce type : « encore un qui croit être observé par la censure alors qu’en fait, etc. » Or je ne m’adressais évidemment pas aux censeurs chinois, mais aux lecteurs français, de même que si vous lisez un poème qui est une prière à Marie, vous savez bien que c’est une figure de style, et que le destinataire n’est pas Marie, mais vous, le lecteur. L’adresse aux censeurs n’avait pas pour but de parler de moi, mais était le prétexte de relancer des idées sur la Chine. C’est au lecteur aussi de faire preuve de sagacité, car il y a plusieurs niveaux de lecture.
    Or, en Chine, quand les blogs sont bloqués, ce n’est pas très intéressant (à mon avis) d’en rester à un discours d’explication technique comme l’est votre phrase : « C’est juste que leur hébergeur avait été mis sur la liste des non-autorisés. » Cela n’explique pas grand chose au fond et n’empêche pas qu’il y a bel et bien empêchement de diffuser une parole libre, quelle qu’elle soit.

    Avec toute la tendresse que j’ai pour vous, Ebolavir, et l’estime que m’inspire votre travail sur internet, je récuse donc, dans votre remarque, la mention : « sans réfléchir au fait que ». Il ne faut pas imaginer a priori que les gens ne réfléchissent pas, et cela ne vous ressemble pas.

    J’aime

  22. Si d’aventure, on lit que je m’adresse aux modérateurs du Monde, ou au président de la république, ou à mon filleul républicain, je précise donc que c’est une ficelle rhétorique, et qu’en fait je m’adresse à tous les lecteurs.

    Mais comme les modérateurs (humains ou automatiques) font un travail qui a une influence sur nos blogs, il est normal qu’on s’interroge sur leur légitimité, leur volonté, leurs idées, etc.

    Il serait maintenant très intéressant que certains d’entre eux prennent la plume et parlent un peu de leur boulot, des pressions qu’on exerce sur eux, de celle qu’ils exercent, qu’ils nous disent qui ils sont, etc. Après tout, on parle d’eux, on les critique, on les prie, ils deviennent des êtres à part entière de la vie fantasmée des blogs.
    Modérateurs, démasquez-vous!

    J’aime

Laisser un commentaire