Mon colocataire pakistanais, lorsqu’il ne mange pas de la viande ou des beignets, se mijote de ces petits plats de légumes qui baignent dans l’huile. Lui et l’huile, c’est une belle histoire d’entente harmonieuse. Il m’a initié à ce légume vert qu’il nomme « Okra ». Quand je lui redemande le nom, il me dit que les Américains appellent cela ladies fingers. « Mais vous, au Pakistan, vous appelez cela Akra ou Okra ? » Il me dit qu’en Ourdou, on dit « Bhendi », et que ce sont les gens d’ici qui disent quelque chose comme « Okra ».
En regardant sur internet, je m’aperçois que tous les peuples des zones subtropicales et tropicales en mangent, et qu’ils l’appellent différemment. En Afrique de l’ouest, on dit « Okuru », et en Bantu « Kingombo ». L’arabe penche pour « Bamyah », ce qui a servi de base au nom qu’on donne à ce légume au Proche-Orient, à Chypre, dans les Balkans, et même en Russie! Il semble qu’aucun nom n’ait prévalu. En France, on dirait plutôt Gombo, mais on peut dire aussi « corne grecque » ou Ganaouïa.
Du Japon à Haïti, en passant par le sous-continent indien qui en est le plus gros producteur et consommateur, on cuisine ce légume miraculeux qui s’accommode de tout et de toutes les formes de cuisson. Ses graines, ou ses pépins, appelez cela comme vous voulez, possèdent des propriétés étonnantes : elles sont gélatineuses, et épaississent sauces et soupes ; mais grillées, elles peuvent remplacer le café!
Ce que j’aime par dessus tout, moi, c’est que ce légume me paraît avoir un goût de viande. Un peu comme l’aubergine. Enfin, c’est le légume des légumes, le légume universel. Comme dit mon colocataire pakistanais, on pourrait mettre dans une balance tout le meilleur de la nourriture du monde, ça ne vaudrait pas l’Okra, ou le Gombo, ou le Ganaouïa. Ou le Bhendi. Ou l’Okuru.
On dirait des concombres à trous, ça ferait de jolies flûtes… à cinq trous
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Oui, mais c’est beaucoup plus petit que des concombres. C’est plutôt comme des cornichons, ou des piments.
Pourquoi 5 trous à la flûte ?
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Au Gabon, on appelle effectivement ça le « gombo », ça ressemble à un petit poivron ou à n piment vert. On en fait des sauces un peu gél
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Des sauces gélatineuses qui n’ont pas beaucoup de goût. Mais je n’en ai pas mangé souvent, il faudrait que je réessaie. Tu trouves de ça en Irlande ? Enfin, ce qui est vraiment bon, c’est pas le gombo, tout le monde sait que c’est un peu dégueulasse, c’est un plat de pauvres. Non, ce qui est bon, c’est le ver de palme, un gros charançon qu’on mange grillé.
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Tu dis que c’est un plat de pauvre, mais au Pakistan, c’est très cher et les Pachtounes, même ceux qui se retrouvent en Europe un jour, trouvent cela fin et super élitiste.
Il faut dire que c’est un légumes très fragile. Il se conserve mal, ce qui lui donne un charme supplémentaire. Il faut le consommer dans les trois jours après cueillette. Oui, Ben, si c’est peu cher au Gabon, profites-en et prépares-en pour ta famille : rissolés, encore craquants, dans un mélange d’oignons caramélisés, de piments et de tomates, c’est délicieux. *
Les vers de palme, je ne demande qu’à goûter.
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Il y a longtemps que je ne fais plus la cuisine. Quand tu transpires trop devant tes casserolles, tu finis par laisser tomber. Mais je viens de demander à la Sénégalaise devant chez qui on mange à midi d’en préparer la semaine prochaine. On en reparlera.
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Pourquoi à cinq trous ? Regarde la photo, Guillaume, je les ai comptés. Oui, d’habitude on dit la flûte à six trous, je ne sais pas pourquoi, est-ce que c’est la petite flûte droite, dite flûte à bec ? mais je ne savais pas que ce légume est si petit…
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Ah, oui, cinq trous, je n’avais pas regardé la bonne photo.
Alors, comme ça, Ben ne cuisine plus, mais il a des Sénégalaises qui cuisinent pour lui. Ah d’accord, je vois. Si c’est ça, moi aussi je vais demander à mes Sénégalaises de me faire des petits plats!
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Ce qui est curieux, avec cette histoire de trous, c’est qu’il y en a 5 sur les premières photos, et 10 sur la dernière. Dès lors, on peut s’interroger. Les 5 trous se muent-ils en 10 avec la maturité ? S’agit-il de deux variétés d’une même espèce pluri-lobée, l’une asiatique et l’autre africaine, et si oui existe-t-il des variété à 8 ou 12 trous ? Est-ce que Guillaume ou ses collocataires ont des lumières là-dessus ?
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Je demanderai autour de moi, mais tel que je connais mes colocataires, qui n’ont pas l’esprit très contemplatif, ni des réflexes de botanistes nés, je sens qu’ils vont me dire qu’ils n’en ont aucune idée. Il existe même un risque que je passe pour un con, je te préviens tout de suite.
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Tu devrais leur conseiller la lecture de Rousseau, ça leur donnera le goût d’aller herboriser un peu dans les collines irlandaises.
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j’en ai mangé aujourd’hui pendant le repas dominical chez ma mère: en portugais, c’est le quiabo.
Abraço,
Telma
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Je confirme qu’en France on appelle les gombos « cornes grecques », j’en ai mangé hier chez ma filleule libanaise, avec des aubergines à la sauce tomate. Délicieux.
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