L’insoutenable lourdeur du sage précaire

A chaque dois que je vais en France, les gens me parlent de mon embonpoint.

Tout le monde, pas seulement telle ou telle langue de vipère mal élevée. Amis, famille et inconnus me parlent de mon poids, alors que je pèse moins de 90 kilogrammes, et que je mesure un petit mètre 80. Certes, j’ai des kilo à perdre, mais dans d’autres pays, comme le Royaume-Uni, je fais presque peine à voir, tellement l’image que les autochtones se font de l’homme est massive et épaisse. Je traverse la Manche et me voilà devenu une bête curieuse, qui a pris du ventre

Tout cela frise l’obsession chez mes concitoyens.

C’est un fait que les Français sont obsédés par leur ligne et leur poids. Les hommes français sont connus, à l’étranger, pour essayer de mincir. On ne les comprend pas. Ils attirent des commentaires un peu dégoûtés, un peu consternés, et somme toute très dubitatifs.

Cela fait des années que je me pose la question : est-ce sain ou malsain, de tant vouloir être maigre ? Les femmes, passe encore (elles peuvent toujours prétendre que leur cure infinie est la conséquence de la domination masculine), mais les hommes ?

Une voix en moi dit qu’il est malsain de voir un homme chercher à perdre du poids plutôt que de gagner quelque chose, de la puissance par exemple, de la jouissance, du plaisir ou de la résistance. Les hommes devraient peut-être songer à accroître leur « puissance d’agir », comme disait Spinoza. L’obsession de la minceur, au contraire, ne leur fait-elle pas tourner le dos au bonheur de vivre ?

Cependant, une autre voix me dit que l’appel de la minceur est l’expression la plus pure de la sagesse du peuple.

Ah!

A une époque où l’on ne travaille presque plus physiquement, dans une société où la malnutrition et l’obésité ont remplacé les fléaux qu’étaient la sous-alimentation, le scorbut, les privations et la disette, les Français sont peut-être à l’avant-garde d’une nouvelle image de la masculinité.

L’homme ne doit plus être fort, massif et résistant, mais fin, sec et léger.

Après tout, cela rejoint l’éthique de la frugalité qui a cours dans le nomadisme d’un Nicolas Bouvier, et dans l’idéologie écologiste de la décroissance.

23 commentaires sur “L’insoutenable lourdeur du sage précaire

  1. « L’homme ne doit plus être fort, massif et résistant, mais fin, sec et léger. »

    Moi, je ne vois pas ça dans ces termes. Etre gros, gras, massif, lourd, c’est être fatigué, lent, essoufflé, ballot, maladroit. Etre mince, c’est être tonique, vif, rapide, endurant, équilibré, clairvoyant, entreprenant.

    C’est Murakami (l’écrivain) qui court des dizaines kilomètres chaque jour pour être un meilleur écrivain. On peut lui opposer Bacchus qui picole pour multiplier les sensations et l’intensité de la vie, mais dans la vraie vie Bacchus a une espérance de vie très courte et une haleine fétide d’homme malade.

    En vieillissant, moi qui autrefois picolais et fumais comme un malade pour me stimuler, je suis devenu obsédé d’hygiène et d’équilibre alimentaire car c’est la seule façon de préserver son énergie. Trop de bouffe, trop de vin, trop de fumée de clope, c’est devenu synonyme de mort.

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  2. Dans mon billet, les Français sont obsédés par la « perte de poids », non par la santé ni par l’esthétique. C’est cela qu’il faut penser, à mon avis. Préférer la beauté à la laideur, la santé à son contraire, ça ne nous mène pas bien loin.
    Les Français disent : « j’ai cinq kilos à perdre », non pas : « je tâche de me tonifier ».

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  3. Préférer la laideur à la beauté et la maladie à son contraire non plus…

    Les Français seraient donc obsédés par la perte de poids pour d’autres raisons que l’esthétique et la santé ? Hm.

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  4. Il y a quand même une façon chez toi de refuser la contradiction qui te limite. ON appelle ça de la mauvaise foi. Ce blog pourrait être un lieu où les idées, modestes ou ambitieuses, s’entrechoquent pour le bénéfice de tous, mais au final on y sent surtout ton hostilité muette. Je crois qu’on va tout à fait laisser tomber les velléités de dialogue.

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  5. Tout à fait d’accord, Mart.
    Maintenant, moi, je peux débattre si l’on contredit ce que j’écris. Mais si l’on contredit une idée vaguement analogue à celle que j’énonce… je me sens moins concerné.
    Je suis une tête de mule, de toute façon, au caractère épouvantable, tous mes amis le disent, et ceux qui ne le disent pas le pensent.

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  6. Un bon séjour sur une ile paradisiaque a bouffer des brochettes au citron entourée de nymphes sauvages qui le masseraient du matin au soir (en Créte par exemple ; )) histoire de se décrasser le cerveau voila ce qu’il lui faudrait au Sage Précaire…enfin il fait ce qu’il veut hein…

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  7. Sage Précaire, quand mont’chum me dit qu’il a cinq kilos à perdre c’est qu’il veux porter son vieux veston de l’année passer pour ne pas avoir à en magaziner un neuf pour la saison et qu’il veux me faire croire qu’il n’a pas pris le double du bide .

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  8. C’est donc bien ça : tu penses que les gens veulent perdre du poids pour perdre du poids, juste parce qu’ils veulent perdre du poids, dans le but indépassable, donc, de perdre du poids ? Pas du tout parce qu’ils veulent gagner quelque chose comme la santé, l’esthétique, la forme ? Le régime par pur masochisme.

    Il n’y a pas grand chose à débattre à partir d’une affirmation aussi évidemment fausse.

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  9. Je masque encore une fois le fond de ma pensée, car je te parle toujours avec des pincettes pour ne pas froisser ta susceptibilité – ce que je voudrais justemet cesser de faire. Je vais donc faire un effort de franchise :

    Ce n’est pas « Il n’y a pas grand chose à débattre à partir d’une affirmation aussi évidemment fausse » que je voulais dire, mais bien plutôt: « Il n’y a pas grand chose à débattre à partir d’une affirmation aussi évidemment idiote et condescendante ».

    J’essaye de me mettre dans ta tête et d’essayer de comprendre ce qui peut pousser un individu à développer une idée aussi bête que celle que tu développes dans ton billet, et ce que je trouve, c’est jute un misérable besoin de se rassurer soi-même en descendant les autres. Respire, Guillaume, respire, le monde ne veut pas te tuer, les hommes au régime ne sont pas tes ennemis, reprends confiance en toi, décontracte toi, respire. Zen.

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  10. L’affirmation selon laquelle les gens veulent perdre du poids pour perdre du poids n’est pas nécessairement fausse, elle peut aussi montrer un truc assez fréquent dans la culture occidentale qui consiste à développer tellement les moyens que les fins sont oubliées. Par exemple, l’argent, la technique, sont des moyens qui auraient pu rester subordonnés, en toute logique, à une finalité mais qui gonflent à un tel point dans le paysage actuel que les buts disparaissent complètement. On a désacralisé les fins et hypostasié les moyens. Par exemple, si la finalité du régime était la santé, on pourrait très bien s’accommoder d’un certain « embonpoint » qui, comme disait je ne sais plus qui, est beaucoup plus proche de la grande forme que le « mal en point » auquel il s’oppose exactement. En fait, il faut « déconstruire » les logiques sociales, qui sont complètement irrationnelles et conduisent à des formes d’hystérie débilitante. Ce que fait Guillaume.

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  11. Aujourd’hui, l’esthétique est fortement liée au poid, car elle est sociale, mais pas idéale. La raison la plus convaincante qui me pousse à perdre du poid, c’est ne pas pouvoir trouver de beaux vêtements après avoir fait trois heureures de magasins. Qaunt à la santé, mon père me dit toujours de manger plus, car pour lui, avoir quelque embonpoint est un beau signe de la bonne santé. Guillaume, si tu reconnais le fait que  » j’ai des kilos à perdre », alors, perds-les! J’ai aussi des kilos à perdre, mais si je ne me mets pas au régime ni à faire du sport, c’est que je suis paresseuse et gourmande et que je remets mes résolutions toujours au lendemain, ce qui est,hélas,vraiment un des plus grands défauts de l’homme.

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  12. Cela fait des années, presque dix ans, que je fais de l’exercice plusieurs fois par semaine, mais le but réel n’est pas de perdre des kilos, c’en est plutôt la conséquence.
    Tout à fait d’accord avec toi Ben, sur les moyens et les fins, et c’est pourquoi j’ai imaginé qu’il y avait dans l’obsession (présumée) de la minceur, la phobie du gras, peut-être l’expression inconsciente d’une sagesse : s’alléger, prendre moins de place, décroître.
    Les sophistes, rappelons-nous, hyspostasiaient aussi les moyens, la rhétorique. Or, avec le recul, des philosophes du genre Cariou voient là une sagesse guerrière : la vérité étant nulle part, construisons-là pour son propre profit.

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  13. Voici donc un petit exercice de sagesse guerrière : prends un billet d’avion pour l’Afrique et viens subir un peu le climat, les sortilèges et la nature équatoriaux. Tu vas voir, tu vas décroître.

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  14. Sage Précaire , il y aura aussi version sagesse guerrière comme le suggère ton ami , mais de manière factuelle ,le SEVRAGE de toutes ces  »BONNE BROUE »comme on dit ici; la privation complète de tout le malt de ces trop bonnes guiness; hé oui, la bière fait gonfler le bide avec ou sans exercises ; crois-moi, il n’y a rien de mieux que le bon vin +/- $$; sans oublier le bon conseil de ton ami Ben; subir le climat=suer; les sortilèges=stress; la nature équoitorial= certaines petites gastro et autres vidages d’intestins qui te replace le nombril a la bonne latitude;ça décrotte le corps et assainie l’esprit de toutes incertitudes et doutes métaphisiques et autres turlututu.

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  15. Souvent quand on fait une fixette sur son poids on grossit d’autant plus! Manger est un plaisir un des plus sympas d’ailleurs, et les rondeurs sont plus agréables que les os. Là tu m’étonnes! L’apétit va avec le sourire. Moi j’adore manger et je ne me prive pas bien souvent je mange quand j’ai faim et non pas parce que c’est l’heure du repas, je ne m’impose pas un rythme qui n’est pas celui de mon plaisir ou de ma vrai faim.

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  16. Il y a quand même une façon chez toi de refuser la contradiction qui te limite. ON appelle ça de la mauvaise foi. Ce blog pourrait être un lieu où les idées, modestes ou ambitieuses, s’entrechoquent pour le bénéfice de tous, mais au final on y sent surtout ton hostilité muette. Je crois qu’on va tout à fait laisser tomber les velléités de dialogue.

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  17. Et bien vive la mauvaise foi !
    Je défendrai l’auteur de ce blog car il ne s’agit pas seulement de pensée, de dialogue et autres faderies, mais de sensiblité, qualité de ceux qui ne sont pas abrutis.

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  18. …je dirais que tu t’es tromper de terme sage précaire en t’affublant au physique  »d’insoutenable lourdeur » , car il ne faut pas l’oublier ce qualificatif désigne aussi une personne sotte et sans finesse , tout ton contraire il me semble. Mon tchum est encore plus volumineux de tour de taille que tu me semble l’être sur les râres photos qu’on a de toi et personne ne songerait ici à le désigner comme lourd. Tu es parfois un peu pesant , mais comme dit mon tchum , c’est très bien ainsi , je laisse aller mon imagination .Si jamais le blogeur me précédant voulait vraiment bien lire tes post il serait sûrement plus en mesure d’en apprécier son contenue tout en finesse et en sagesse que le précaire n’alourdit d’aucune façon.

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