Near-Death Experience

L’autre matin, c’était un après-midi, je ne sais plus ce que je trafiquais dans mon lit lorsque j’entendis une voix m’appeler.

Mon colocataire pakistanais criait : « Guillaume! Guillaume! » C’était à faire frémir. Je pensai à un drame de voisinage; la violence était parvenue à outrepasser les portes de ma maison paisible. Je descendis les escaliers, tremblant de peur. « Asif ? Que se passe-t-il Asif ? » Asif ne répondait plus.

J’imaginais que des malfrats l’avaient assomé et qu’ils m’attendaient dans le salon, pour m’assomer à mon tour.

Mon Pakistanais était livide sur un fauteuil du salon, incapable de prononcer des mots cohérents. Dans la cuisine, l’eau coulait du robinet, et une des plaques chauffantes de la cuisinière était allumée. « Je vais mourir », dit-il.

Mon colocataire avait eu un malaise dans la cuisine. Il a d’abord cru mourir, puis il a cru perdre la vue pour de bon. Je ne sais pas comment il a fait pour se diriger dans le salon où il a perdu connaissance quelques secondes.

Depuis je prends un peu soin de lui. Je lui rapporte des médicaments, des légumes, des choses dont il pense avoir besoin. Mais il ne veut pas aller voir de médecin, il prétend attendre ses papiers qui devraient arriver bientôt. Je pense plutôt qu’il est paresseux, et qu’il ne veut pas attendre quelques heures à l’hôpital.

Impossible, pour moi, de ne pas mettre en relation l’obtention de son visa et cette nouvelle maladie. Il vivait dans le stress depuis tant de temps, la peur d’être expulsé, de retourner dans une région dangereuse, de perdre la face devant sa famille qui avait tout sacrifié pour lui payer ses études au Royaume-Uni.

La nouvelle du visa a déclenché des choses à l’intérieur de lui. Je connais bien ça, mon corps tombe malade, généralement, lorsqu’il peut se le permettre, après un contrat, après un déplacement, une fois qu’un lit est à ma disposition. Pour Asif, c’est plus grave bien sûr. Il a cru mourir lorsque la peur des Talibans qui l’attendaient au pays s’éloignait.

Comme les choses de la santé individuelle s’intriquent avec la géopolitique. 

7 commentaires sur “Near-Death Experience

  1. Sage précaire, bin ouais ici mon p.c fait des siennes et puis…que de stress pour un seul homme…quoi-que ce mec ne connaît pas sa chance d’avoir pour logeur un humaniste du voyage comme toi…un jour peut-être tu orienteras tes recherches de voyageur vers l’Amérique… dans la ville de Québec tu auras toujours le gite et le couvers, crois-moi….by.

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  2. Ibn Battûta, j’en ai déjà parlé, il suffit de saisir son nom dans la case « rechercher » de ce blog.

    Merci Mildred, je serai au Québec fin avril début mai pour un colloque en Ontario. Malheureusement, je n’aurai pas le temps d’aller à la ville de Québec. En tout cas, l’invitation me touche.

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  3. Sage précaire,
    dis-moi c’est quoi l’histoire de venir sur le continent et ne pas avoir le temps de me faire la bise en passant ; Montréal est à deux heures de bus de chez-moi (un bus toutes les heures aller/retour) et Toronto est morne à périr ; dès demain je regarde s’il n’y a pas quelque chose d’intéressant et de participatif pour un thésard en littérature du voyage ; crois-moi je regarde si je peux te dégoter un colloque ou une conférence à/de l’U.L. qui te permettrait de rentabiliser le déplacement ; autrement j’ai tout un programme bien personnel et culturel pour étancher ta soif de connaissances en ce début de printemps dans la contrée ; il faut saisir le moment qui passe; il y a ici tant de chose que tu ne connais pas encore;et la prochaine fois que tu viendras je n’y serai peut-être pas(plus).by.

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  4. C’est très gentil de ta part, Mildred. D’accord, on en reparlera, et je viendrai visiter Québec. L’université de Laval, en plus, je risque de postuler là-bas un de ces quatre.

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