Mes camarades thésards

 Il ne faut pas sous-estimer la qualité de son environnement humain quand on s’enfonce dans un chantier tel qu’une thèse de doctorat. Comme on est souvent guetté par le découragement, la déprime ou la déception, la personnalité des gens de son entourage compte beaucoup pour se remonter le moral.

Les miens, ceux qui m’ont accompagné pendant ces années de travail, furent de véritables anges.

  

 Cette photo me touche pour une raison qui paraît terriblement superficielle : la beauté physique de ces jeunes gens qui ont travaillé avec moi pendant quelques années à l’université de Belfast. Leur sourire est lumineux, charmant et plein de gentillesse. C’est important pour moi d’être proche de gens beaux. J’ai besoin de voir de belles choses et des physiques avantageux. J’ai besoin de fleurs, de couleurs et de grâce. En ceci, je suis en effet superficiel : je ne me suffis pas de ce qui est à l’intérieur des gens, j’ai besoin que l’extérieur soit agréable. Tous mes amis sont beaux, par exemple, tous, depuis les années 90.

Le jour où j’ai déposé ma thèse, fin avril, j’ai tâché de rester discret. Mes camarades restaient scotchés sur leur ordinateur et je rasais les murs. Jonny leva la tête et me demanda si c’était fait. C’est fait, dis-je. Les autres levèrent la tête, les yeux embués, et demandèrent confirmation. Ils explosèrent alors de joie! Tous ces jeunes amis m’applaudirent et me couvèrent d’un sourire incroyablement généreux. Ils étaient sincèrement heureux pour moi, et cette joie simple, ces effusions amicales, m’étonnèrent grandement. Je me souviendrai longtemps du regard ravi de telle ou telle, comme si mon soulagement était le leur.

J’ai malgré tout essayé de faire vite et de déguerpir pour ne pas gêner mes camarades.

Le lendemain matin, j’arrivai tard au bureau. J’avais encore du travail à faire, mais je m’étais donné du repos. A mon arrivée, je trouvais une bouteille de champagne et un gâteau au chocolat cuisiné par une de ces jolies fées. Je les embrassai tous, extrêmement touché, sincèrement ému par ces attentions, et l’affection qu’ils me témoignaient avec simplicité.

C’est dans cette atmosphère festive que nous fîmes cette photo. Moi les traits tirés, la chemise à fleurs, forcé de m’asseoir, et eux dans un sourire sans effort, derrière moi, comme des anges gardiens.

A la main, la plante que j’ai élevée depuis des mois, sous l’instruction de l’Irlandaise juste derrière moi. J’ai donné à cette plante le nom de cette camarade d’Erin.

11 commentaires sur “Mes camarades thésards

  1. Je me souviens des quelques doctorants qui m’ont accompagné de 1976 à 1979, place Jussieu. Avec la plupart d’entre eux, le contact s’est rompu, mais deux charmantes jeunes femmes (maintenant, deux ravissantes grand-mères) sont toujours mes collègues, après tant d’années.

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  2. Gentil Précaire, hélas le temps altère la beauté physique des êtres, une décennie d’usure heureuse t’écarte de tes pairs thésards,choisir le beau, ne t’entourer que de mignonnes personnes, j’ai arrêté de regarder les hommes de mon âge, choisir la beautée avant l’âge, je suis tout à fait d’accord, pourquoi s’embarasser du pesant, la vie est trop courte, comme mec de 40 ans tu es assez mignon,cultiver le beau de la beautée des choses permet un pasage harmonieux des étapes de la vie.

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  3. « Tous mes amis sont beaux, par exemple, tous, depuis les années 90. » J’ai du mal à y croire. Ta gentillesse précaire te met de la peau de saucisson devant les yeux. La beauté des amis, c’est surtout celle de l’amitié.

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  4. C’est pourtant vrai. Toi-même Ben, tu es très beau, ta femme et tes soeurs le disent. Ces dernières sont belles, et ainsi de suite.
    Merci Mildred, tu es bien gentille. C’est vrai que cette photo souligne bien l’épaisse dizaine d’années qui séparent ces frais gardons et le sage précaire.
    Mon bon Cochonfucius, j’attends avec un quiet effroi que mes camarades deviennent des grands-parents. Le premier sera sans nul doute Ben, commentateur susnommé: son aîné a déjà l’âge de procréer, oh my God oh my God.

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    1. Moi-même, je suis très beau, hahaha elle est bien bonne, vaut mieux entendre ça que d’être sourd.

      C’est vrai par contre que mon fils aîné est en âge de procréer. Je dis, hein : le premier qui me ramène un polichinelle dans le tiroir, je lui mets une claque. Il ne manquerait plus qu’on m’appelle papy.

      Moi, je vois pas vraiment l’épaisse différence sur la photo. Tu as beau renchérir, je suis sûr que toi-même, tu ne te sens pas plus vieux que n’importe lequel de ces gardons. D’ailleurs, fais une bise de ma part à la belle ablette brésilienne.

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  5. En fait précaire gentil, tu n’as contrairement à ton pote Ben produit aucun prolongement de toi-même,et ton centre de vie ne se situe encore et envers et contre tous que par rapport à toi-même, alors qu’être père amène des millions de compromissions de vies différentes.

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  6. Si tu viens twitter chez Temporel un jour où l’autre, penses à me le faire savoir si tu le veux.Je te mets un texte que tu regarderas le jour où tu viendras au Québec.Le blogue de Jean-François Lisée »Le blogue de Jean-François Lisée

    Étudiants: la solution mongole !
    Publié dans : Société
    8 mai 2012

    Je reçois ce texte de l’ancien recteur de l’Université de Moncton, Jean-Bernard Robichaud, un spécialiste de l’éducation supérieure, en ce moment en mission en Mongolie. C’est fou ce qui se passe là-bas ! On paie les étudiants pour étudier !

    La République de Mongolie assure un
    revenu minimum garanti aux étudiants universitaires

    La récente « Loi sur le financement de l’enseignement supérieur et les garanties sociales des étudiants», votée le 9 juillet 2011, est très progressiste et favorisera encore plus l’accessibilité aux études supérieures du baccalauréat au doctorat.

    Payés pour étudier ! On s’inscrit où ?
    La loi institue une subvention pour tout citoyen de Mongolie inscrit à plein temps dans une institution d’enseignement supérieur, aux trois niveaux d’études. Cette subvention représente 50% du salaire minimum légal. Cette subvention est d’une durée de 10 mois par année et couvre les frais de scolarité et une partie des frais de subsistance. De plus, la loi prévoit des incitatifs pour les étudiants les plus performants, variant de 50% à 100% de la subvention de base, selon les priorités gouvernementales. Ainsi, par exemple un étudiant au premier cycle, avec une moyenne de 3.2 sur 4 ou plus, verra sa subvention augmenter de 50%. Un étudiant avec une moyenne supérieure et inscrit dans une discipline prioritaire, parce que en très forte demande sur le marché de l’emploi, verra sa subvention augmentée. Il y a plusieurs incitatifs de ce genre pour encourager les meilleurs étudiants.

    Un peu de contexte. La Mongolie est enclavée entre la Chine et la Russie. C’est un pays très étendu géographiquement, mais peu peuplé comptant une population de 3 millions, ce qui en fait le pays le moins densément peuplé au monde. C’est aussi un pays en voie de développement, mais avec d’énormes ressources minières et un grand potentiel de développement. Sa population universitaire atteint 180,000 en 2012, soit 6% de sa population totale. Étant donné le niveau de développement et de revenus, (35% de la population vit en dessous du seuil national de pauvreté et le revenu annuel moyen est d’environ 4,000.00$,) cette performance est tout à fait remarquable, si on la compare au taux de fréquentation universitaire au Canada. Cela témoigne de la valeur que la population de Mongolie met sur l’éducation de sa jeunesse, donc sur l’avenir du pays.

    Quand on réfléchit à la situation actuelle au Québec, on a l’impression d’être sur une autre planète. Je ne présente pas cette expérience de la Mongolie comme une solution pour le Québec. Mon intention est plutôt de souligner qu’il existe d’autres modèles au monde que celui préconisé par le gouvernement du Québec. Plutôt que de s’enfermer dans un positionnement idéologique rigide et ridicule, le gouvernement devrait se mettre à table avec tous les représentants étudiants et accepter un dialogue, sans pré-conditions, pour trouver une voie de sortie de crise. Il est urgent qu’il le fasse avant qu’il y ait mort d’étudiant dans les rues!

    Jean-Bernard Robichaud
    Ulaanbaatar, Mongolie

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  7. FÉLICITATION pour ta soutenance de thèse (PhD? Yes!) Peut-être que tu vas maintenant changer l’URL de ton fascinant blog qui s’appelle : laprecaritedusage. Eh oui, FINI LA PRÉCARITÉ, car bientôt le CONFORT.
    Un poste de Maître de conférence t’attend en France. Ou celui de chargé de recherche au CNRS. Ton atout : avoir fait ta thèse dans une université hors hexagone. De plus, ta maîtrise de l’anglais est un détail utile.

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    1. Merci bas, mais il y a plusieurs erreurs dans ton commentaire. D’abord, la soutenance n’a pas encore eu lieu, donc rien ne dit que j’ai réussi mon doctorat. Ensuite, le confort n’est pas encore d’actualité, car je n’imagine pas une université française m’offrir un poste de sitôt. Ce n’est d’ailleurs pas mon intention de travailler en France pour le moment.

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