Vivre sur l’eau à Sausalito

Je vous écris depuis la bibliothèque municipale de Sausalito, petite ville californienne en bord de mer. Sur la baie de San Francisco. Pour y aller, il suffit de traverser le mythique pont Golden Gate, car Sausalito et San Francisco se font face, de part et d’autre de l’embouchure de la baie.

(Peut-on parler de l’embouchure d’une baie ?)

Le Golden Gate bridge, depuis San Francisco

Une ville entre mer et montagnes, magnifique. Tout devrait y être hors de prix, et les loyers par dessus tout. Or, une petite communauté résiste à la gentrification de Sausalito. Ces résistants vivent sur des bateaux, dans une communauté qu’ils appellent Galilee Harbor (le port Galilée).

Ils se sont constitués en coopérative, sont devenus propriétaire collectif de la terre et des docks, et les résidents se doivent d’être artistes, musiciens, écrivains, ou alors de travailler dans les métiers de la mer.

Depuis les années 70, les habitants de ces bateaux luttent avec les autorités pour rendre leurs habitats alternatifs légaux. En échange des autorisations qu’ils ont conquises, ils doivent réaliser un certain nombre d’aménagement : rendre accessibles les docks et les pontons, accepter la visite de touristes et de promeneurs, procéder à des travaux d’entretien du littoral, etc.

Je me suis retrouvé là un peu par hasard. L’ami d’un ami habite à Sausalito, et je me proposais d’aller lui payer un café. J’ai loué un vélo à San Francisco, traversé le Golden Gate bridge, et me suis baladé un peu loin du centre ville. Je n’ai pas trouvé l’ami de mon ami, mais je me suis fait de nouveaux amis, en discutant sur les docks.

C’est ainsi que, sans l’avoir prémédité, quelques jours plus tard, je me suis retrouvé accueilli dans plusieurs de ces bateaux-maisons qui me faisaient rêver, et que j’ai enregistré quelques très jolies histoires de voyages, souvent couplées avec des histoires de passions amoureuses. Des histoires de musiciens et de plasticiens, des histoires de capitaines au long cours et d’enfants non scolarisés.

Des histoires flottantes qui allient les contraires : luttes locales et voyages autour de la terre,  coopérative et aventure solitaire. Il faut imaginer ce vieux loup de mer, Marc, qui a construit son propre catamaran et a fait le tour du monde avec femme et enfants, il faut le voir penché sur des chaînettes en argent, pour confectionnent des petits bijoux. C’est, à mes yeux, l’image des habitants de Galilee Harbor : manuel et rêveur, patient et aventurier, solitaire et communautaire.

8 commentaires sur “Vivre sur l’eau à Sausalito

  1. Un monde flottant.

    « Dans l’auberge envahie par les sombres vapeurs
    Des alcools que le bar propose aux voyageurs,
    Cherchant l’inspiration, le barde creuse et fouille,
    Les feuilles de papier noircissent sous sa main
    (À moins que ce ne soient des bouts de parchemin) ;
    Sa plume, à grands efforts, d’un vers se dépatouille ».

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  2. Très Cher, en 67 à 17 ans je suis parti sur le pouce vers l’ouest avec mon copain; pendant trois mois (vacances scolaires de mai à septembre)nous avons poucé traversant les provinces du pays d’est en ouest et les States du nord au sud, remontant pour le retour en diagonale vers l’est; dans ce temps-la il était possible pour une jeune fille de le faire sans nuire à sa virginitée;sur le Golden Gate alors que nous y suivions le trottoir des passants en je crois bien s’y attardant vers la rembarde un peu trop, un char de police nous aborda et nous reconduisit sur la terre ferme;en ce temps-là, l’AJ était juste en dessous; çe fut mon premier contact avec L’AMÉRIQUE.

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  3. Très Cher, en 67 le Québec n’existait pas encore vraiment comme entitée;(même en 72 lorsque je commençai mon stage en Suisse on m’appelait  »La canadienne  »)mon Roger et moi avions traversé notre pays en photographiant les ponts que nous traversions les postants à nos parents comme preuve de notre progression ;se faire arrêter sur le Goldent Gate nous traumatisa; les interdits n’étaient plus à la même place;autant nous avions planter sans enjambage notre tipi dans les fermes traversant notre pays autant les Amerloques nous montraient leurs fusils si nous osions franchir une barrière….et, en ce temps-là les States étai le seul chemin pour celles qui étaient en cloque…
    À présent je déteste leur barrière tarifaire et leur politique de non intervention, eux qui sont les plus grands pollueurs du monde derrière la Chine et leurs mauvaisrs foie devant les transferts de responsabilitées …mais je n’ai jamais été une critique à prendre au sérieux…

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  4. Alors Guillaume, tu fais du pied à Colette Fellous? Eh bien moi je t’écris de Belfast pour te dire que te lire me donne envie de partir. Pire que la nausée décalée, la nausée installée. Si en plus tu mets des bateaux… et des couleurs!!! J’ai hâte d’entendre ces récits de vie pimentés. A quand le prochain reportage radio?

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  5. Je recherche un américain du prénom de Jack, prof de littérature française à la fac et vivant sur un bâteau.
    Je ne me souviens plus de son patronyme. Il a oublié son appareil photo chez moi en France, il y a un an

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