Attentats de Charlie Hebdo. Trop d’émotion tue l’émotion

Depuis les assassinats qui ont eu lieu cette semaine, le pays est submergé par une émotion médiatique assez pénible à endurer. Notre émotion, à nous tous, était inévitable, mais la manière dont elle est étirée, allongée, étalée toute la journée, donne un goût amer, à force. La formule de ralliement, « Je suis Charlie », je ne la comprends même pas. Les Philippe Val, sur les plateaux de télévision, qui exhibent leur douleur insurmontable, et parviennent à jouer pendant des heures, et sous les projecteurs, la souffrance éplorée, le sanglot maîtrisé, je n’en peux plus.

La sagesse précaire n’est pas soluble dans l’émotivité larmoyante qui dégouline de nos écrans de télévision, de nos postes de radio et de nos journaux.

Et toujours ces excès de rhétorique. Toutes les deux phrases, on entend ou on lit les mots de « résistance », de « liberté d’expression », de « peuple debout », de « vivre à genoux », que sais-je ? de « sursaut citoyen ». L’ineffable Bernard-Henri Lévy, que l’on aimerait plutôt entendre dénoncer les crimes de l’armée israélienne, vient donner des leçons de morale aux musulmans, en parlant de « moment churchillien de la Ve république ». Ras le bol.

Luz, le dessinateur historique de Charlie Hebdo, a pris ses distance avec toutes ces célébrations symboliques dans une interview aux Inrocks, et sa parole fait du bien :

Des gens ont chanté la Marseillaise. On parle de la mémoire de Charb, Tignous, Cabus, Honoré, Wolinski : ils auraient conchié ce genre d’attitude. Les gens s’expriment comme ils veulent mais il ne faut pas que la République ressemble à une pleureuse de la Corée du Nord. Ce serait dommage.

6 commentaires sur “Attentats de Charlie Hebdo. Trop d’émotion tue l’émotion

  1. puissance du media parisien ou comment 3 jeunes meurtriers parisiens musulman islamique fond sortir la france dans la rue. incomprehension d une generation qui amène doucement mais surement la vague bleu marine au pouvoir.

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