Un éditeur pour les lettres brésiliennes

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Ceci est un appel à votre sagacité, chers lecteurs de La Précarité du sage.

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J’ai mis au point un manuscrit qui cherche maintenant ses lecteurs. Pour trouver ses lecteurs, il a besoin d’un éditeur. J’ai déposé une copie de ce manuscrit chez deux ou trois éditeurs qui me paraissaient convenir, de par leur catalogue et leurs collections, au contenu et au ton de mon livre. Ces manuscrits étaient naturellement accompagnés d’une lettre de présentation précise, qui tâchait de montrer combien mon récit entrait en écho avec leur ligne éditoriale. J’attends les réponses, sans espoir et sans appréhension.

De quoi s’agit-il, me demanderez-vous ? Quand je voyageais au Brésil, mon père vivait ses derniers jours, et comme je ne savais pas quelle attitude adopter, je lui ai écrit tous les jours. Ce sont ces lettres à mon père que j’ai réunies en un volume, et qui constituent l’essentiel de mon livre.

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Il s’agit donc d’une correspondance d’un type particulier, puisque le destinataire n’était plus en mesure de répondre. Un récit de voyage balsamique, voilà comment j’appelle cela. « Balsamique », pas comme le vinaigre, mais comme le baume qui soulage et soigne. Un récit balsamique pour alléger les douleurs de mon père, pour le faire rigoler et pour le faire voyager une dernière fois.

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N’ayant pas le temps ni le désir de faire de nombreuses photocopies, je préfère ne pas bombarder d’autres éditeurs.

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On me propose, donc, de publier cela en bouquin électronique, sur la plate-forme d’édition de Kindle, dirigée par Amazon. L’avantage est que cela est peu coûteux, l’inconvénient que beaucoup de lecteurs préfèrent les livres en papier.

Un autre inconvénient de taille est le statut d’Amazon, en tant qu’entreprise. Est-ce éthique, quand on est un sage précaire, de collaborer si activement avec ce grand méchant loup ?

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C’est ici que je fais appel à votre sagacité. Que pensez-vous de cela ? Dois-je éviter à tout prix le géant de la vente en ligne qui fait tant de mal, paraît-il, à nos libraires ? Dois-je attendre que l’on accepte mon manuscrit ? Que dois-je dire à ceux qui désirent le lire ? Dois-je refuser le livre électronique et conserver le livre en papier ?

Connaissez-vous des solutions alternatives ?

14 commentaires sur “Un éditeur pour les lettres brésiliennes

  1. Tes interrogations sur la publication de tes lettres balsamiques me font réfléchir, je te livre mes quelques suggestions :
    – écrire à Philippe Lejeune, qui a une grande expérience, et qui répond souvent au courrier qu’on lui envoie, pour lui faire part de tes souhaits
    – publier à compte d’auteur (à l’APA nous lisons beaucoup de livres qui paraissent chez de « petits » éditeurs)
    – attendre un peu, de toute façon, que la solution vienne d’elle même, dans une sorte de sérendipité.
    Je trouve que c’est une très belle idée que tu as eu d’écrire ces récits de voyage.

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  2. Belle initiative.
    Personnellement, passer par Amazon me poserait un vrai problème éthique. J’évite au maximum tout achat chez l’ogre depuis de nombreuses années maintenant. Pour Amazon, le livre est une canette de soda, un moyen comme un autre de faire du business, peu importe le contenu du livre.
    Mais, je ne me permettrais pas d’imposer mon point de vue ! Quand on cherche à être édité, ce n’est pas simple et la voie traditionnelle qui consiste à envoyer son manuscrit à un maximum d’éditeurs en priant le bon dieu n’est sans doute pas très encourageante.
    Pour le format, j’aime les livres papier et n’ai jamais touché à un e-book (bien que travaillant dans les nouvelles technologies).
    Bon courage et bonne chance.

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  3. Merci Ebolavir, ça donne à réfléchir.
    Contrairement à l’article que vous mettez en lien, je ne crois pas que mon livre pourrait cartonner, mais ce type de contenu, des lettres de voyage, me paraît convenir à une lecture sur liseuse ou sur tablette.
    De plus, j’imagine qu’il est aisé – et tout aussi bon marché – d’y inclure des photos.

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  4. Un livre numerique, c’est aussi un cout moindre pour nous, les lecteurs. Tu penses mettre ton livre a quel prix? Sur amazon, tu touches 70% sur chaque vente, ca change des 8% que proposent les editeurs traditionnels. Vendre un ebook de 5 euros te rapporterait plus qu’un livre en papier de 15 euros.

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  5. Faire faire un ebook à partir d’un texte en traitement de texte coûte cher, plusieurs jours de professionnel et il faut bien qu’il mange. Avec des photos et une couverture (donc un minimum de graphisme et de mise en page) ça s’alourdit. Mais le faire soi-même en beaucoup plus de temps, avec de bons outils pour amateur, est à la portée de n’importe qui est capable d’un effort intellectuel. J’en fabrique pour mon usage personnel avec le logiciel Calibre http://calibre-ebook.com/ qui est principalement un gestionnaire de bibliothèque et convertisseur de format (et structure d’accueil pour l’outil de dé-DRM-isation), mais contient depuis peu de temps un editeur d’EPUB pour amateur. On passe le matériau (le texte Word ou équivalent, avec des titres qualifiés) dans le convertisseur, puis on travaille avec l’éditeur, on met au point la mise en page et la table des matières, on place les photos, et on regarde le résultat sur le visualiseur de Calibre. Dès que c’est montrable, on recrute une bonne volonté pour relire (indispensable). Quand ça semble au point, on fait une conversion en AZW3 (le format d’Amazon) pour voir le « produit fini », et on confie le bon fichier à Amazon.

    Pour la couverture et les photos, utiliser Gimp http://www.gimp.org/ . Les fonctions de base sont faciles à apprendre. Ne pas essayer d’en faire plus.

    On a ainsi dépensé pas mal de temps et d’énergie, mais peu d’argent. Calibre et Gimp sont des logiciels libres (pas interdit de donner), et le logiciel Kindle pour tablette est gratuit. Le Kindle de base vaut 59 euros et il vaut mieux en avoir un, les logiciels Kindle pour tablette sont vicieusement différents.

    La qualité moyenne des ebooks « professionnels » mis en vente par les grands éditeurs français est assez médiocre pour ne pas risquer d’avoir honte (les anglo-saxons sont meilleurs, quand ils font l’effort).

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  6. Salut Guillaume
    J’ai l’impression qu’il est trop tard maintenant et que tu as pris ta decision de publier en dehors des grands reseaux.

    A mon avis le sage precaire ne s’embarasse pas de ce genre de question morale: il regarde combien il pourra toucher d’argent pour continuer jusqu’au prochain livre, a la prochaine aventure. Dans ce cas, a priori, le plus gros marche, les plus juteux profits.

    On pourrait meme tres bien imaginer que la possibilite de consulter facilement ce livre sur amazon ou kindle permette au philosophe de draguer plus facilement ou de se creer une renommee qu’il regardera avec hauteur, un peu d’ironie et qu’il utilisera habilement pour d’autres dessins.

    Je ne sais tres bien comment le trouver du coup, je vais taper sur google. Je te souhaite d’en vendre le plus possible et de toucher un large public. Je vais passer ma commande et m’occuper du demarchage a shanghai 🙂

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    1. Le sage précaire ne s’embarrasse pas de questions morales, Greg, mais il suit une certaine éthique précaire. En l’occurrence, ce n’est pas l’argent qui guide son choix, mais la curiosité de tenter sa chance en dehors des médias traditionnels. Sans papier, sans publicité, sans couverture médiatique. Si, comme tu le dis, il était possible de générer un revenu avec des livres numériques auto-édités (ce dont je doute), ce serait une voie royale pour la sagesse précaire.
      Mais au-delà de l’argent, ce qui est intéressant d’expérimenter, c’est de faire avec les livres ce qu’on fait déjà avec les blogs et les réseaux sociaux : être à la fois confidentiel et international.

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