Le souvenir qui m’est venu en mémoire en lisant Richie de Raphaëlle Bacqué est le suivant.
Dans mon bureau de l’université shanghaienne où j’enseignais se trouvaient quelques personnalités du consulat général et de l’université française. Sans doute un chercheur invité par le consulat allait intervenir dans ma classe.
Je m’absente une minute et quand je retourne à mon bureau, un jeune homme m’aborde. Un Français, qui apprend le chinois ici. Je ne sais plus ce qu’il me demande, car j’ai la tête ailleurs et ne peux pas vraiment lui donner satisfaction dans la minute. ll me connaît car je suis le seul prof étranger à cet étage. Il me donne sa carte que je glisse dans la poche de ma chemise.
Déjà, il a une carte de visite. Etonnant pour un étudiant.
Je rentre dans mon bureau et poursuis la conversation avec mes visiteurs. Je pose nonchalamment la carte du jeune homme sur mon bureau et l’un des membres de la délégation jette un oeil intéressé dessus. Il y reconnaît le fameux logo de Science Po ! Je n’y avais pas prêté attention moi-même car je garde au coeur un vieux sentiment égalitaire : pour moi, tout le monde est potentiellement intéressant, je n’accorde aucun privilège à personne. C’est mon côté républicain, et c’est pourquoi ceux qui se croient supérieurs me trouvent arrogant.
Dans mon bureau tout le monde s’en fiche d’ailleurs, et la conversation roule sur des sujets académiques et intellectuels. Le jeune diplomate, lui, ancien élève de Science Po, est immédiatement intrigué. Il me demande qui est cet étudiant, où je l’ai croisé, etc. Il se lève et va voir dans le couloir. Comme par hasard, le jeune homme était resté près de la porte de mon bureau. En me donnant sa carte de visite, il avait lancé un hameçon et attendait à ma porte que cela morde.
Les deux membres de la confrérie Science Po se saluent, s’échangent leur carte et se donnent un rendez-vous pour les jours à venir. Prise de contact fulgurante. Ils ne se quitteront plus et collaboreront à divers projets, tandis que nous, dans mon bureau, nous nous éparpillerons. L’étudiant allait même se voir confier des responsabilités pédagogiques qui s’avéreraient bien trop lourdes pour ses frêles épaules.
Mais c’est ainsi, les mecs de Science Po donnent tout, et pardonnent tout, aux autres gens de Science Po. C’est là la force et la faiblesse de l’esprit de corps.
Bref épisode entre polytechniciens
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J’assiste à une réunion scientifique, vers 1995, et je suis asssis à côté d’un de mes anciens maîtres, appelons-le Vieux-Mandarin.
Le conférencier nous raconte un logiciel d’identification de locuteurs, et signale un cas où la tâche est difficile pour ce système. Vieux-Mandarin commente: «Cette tâche est d’ailleurs difficile popur un opérateur humain.» Assis deux rangs plus loin, un de mes jeunes collègues, Edouard-La-Gloire, se moque gentiment de Vieux-Mandarin: «C’est difficile pour un humain de courir à deux cents à l’heure, et ce n’est pas difficile de construire une voiture qui avance à cette vitesse». Ils ne se sont jamais rencontrés auparavant, et ce premier contact n’augure rien de bon pour la suite.
Une heure plus tard, dans une taverne, je les présente l’un à l’autre: «Jean-Claude, voici Edouard, de la promo 90; Edouard, voici Jean-Claude, de la 39».
Copains comme cochons, par la suite.
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(de la promo 73).
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On se la pète grave ce soir »vos flatteries somptueuses » Cochon & toi –
Tu n’es pas arrogant le sage, tu n’es pas précaire et encore moins sage –
appuie sur la touche suppr –
ça défoule – 🙂
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C’est un peu comme les agrégés… la plupart du temps, dans la première heure de conversation, ils placent qu’ILS LE SONT…
Ou alors, en plus raffiné : moi, je suis marin (entendez : j’ai fait l’école navale…)
Dans Pascal, ce que je préfère c’est son prénom : Blaise
et aussi son inquiétude
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