La première publication du sage précaire : une histoire de Musée d’art contemporain

Revue Lieu-dit, 1999

C’était dans l’excellente revue de littérature Lieu-dit, publiée à Lyon et diffusée dans toute la francophonie. Feuilleter les numéros parus au tournant du siècle, avant l’avènement d’Internet, est une expérience sensorielle puissante.

De beaux efforts de graphisme une recherche constante de la matérialité la plus adéquate.

Le texte que j’ai écrit pour eux s’intitulait « Léopold » car c’était le nom du personnage principal de la nouvelle. Il travaillait au Musée d’art contemporain de Dublin.

Il partageait son prénom avec le héros d’Ulysse, le roman de James Joyce que je lisais avec avidité lors de mes premiers mois en Irlande.

Je n’aurais probablement jamais lu Joyce si je ne m’étais pas expatrié à Dublin à la fin du siècle dernier. C’est cette expérience d’exil et d’émigration qui m’en a donné l’énergie.

Dissimulé derrière Joyce et Beckett, l’histoire littéraire et une délocalisation opportune, je pouvais me moquer du responsable du Musée de Lyon qui m’avait fait perdre mon emploi quelques mois plus tôt. Derrière Léopold gisait R., que le milieu culturel lyonnais reconnaissait aisément.

Perdre cet emploi au Musée d’art contemporain de Lyon avait constitué un traumatisme en moi car l’injustice était criante. Les chefs reconnaissaient que j’avais fait du bon travail, mais ils désiraient recommencer avec une équipe toute neuve. Ils profitaient de la précarité de notre statut pour se débarrasser de nous et former de nouveaux vacataires bien soumis.

Le pire était qu’ils se prétendaient de gauche et qu’ils nous reprochaient de ne pas manifester avec la CGT.

Moi, à 24 ans comme à 50, j’étais trop pauvre pour manifester. Le sage précaire n’a pas les moyens d’être de gauche. Léopold, lui, était payé chaque mois, il pouvait bavarder toute la journée au service culturel. Moi je devais jongler avec plusieurs emplois, ramoneur et médiateur culturel notamment, pour m’en sortir.

Le jour où il m’a viré, moi et les autre camarades animateurs-conférenciers, Leopold n’en menait pas large, pour lui c’était un mauvais moment à passer. Je lui ai dit en face : « Que penseraient tes amis de la CGT de ce que tu es en train de faire ? On n’a fait aucune faute professionnelle et tu nous jettes. C’est ça ta morale de gauche ? » On m’a dit plus tard que ma défense l’avait affecté.

Cette première publication fut l’occasion pour moi de mettre en forme et de sublimer la colère qui m’habitait. La joie que j’ai ressentie en voyant ce numéro de Lieu-dit n’a jamais été égalée depuis par aucune autre publication.

La Petite ville d’Éric Chauvier et le style du sage précaire

Petit chef d’œuvre de narration sociale et sentimentale, La Petite ville, publié en 2017 aux éditions Amsterdam, raconte à la fois le destin de Saint-Yrieix la Perche (Haute Vienne), et celui de Nathalie, qu’on a tous connue jolie fille dans les années 1980.

Pour ce faire, il emploie une typographie normale pour l’histoire de la ville et des italiques pour ses échanges avec Nathalie. J’ai lu ce livre d’une traite à la bibliothèque de Munich en songeant que ce dispositif typographique était ingénieux mais que j’avais vu cela ailleurs.

Éric Chauvet est né un an avant le Sage précaire, et a produit une très belle œuvre littéraire. Des livres brefs et fins toujours en contact serré avec les sciences sociales.

Nathalie évoque soudain Barbara. Tu te souviens de Barbara, elle était amoureuse de toi. De moi ?Chauvier alors de parler d’une histoire d’amour dont il n’est pas fier :

Barbara était très belle mais très perdue (C’est juste qu’elle a pas eu de chance). C’est la façon qu’elle avait de divaguer qui m’a fait entrevoir ce rapport de classe entre nous. Il y avait quelque chose d’une déréliction qu’elle portait dans sa façon d’être.

La petite ville, p. 94.

La séquence Barbara permet à Chauvier de parler de la profession du père de Barbara, et comme ce dernier était mineur, cela lui permet de parler de l’activité aurifère qui était vivante dans la Haute Vienne du siècle dernier.

Pour ma part je peux seulement dire qu’elle était inventive et que son inventivité me dérangeait.

Idem.

Je me souviens où j’avais vu cette double narration avec italiques : dans une des premières publications du sage précaire datée de l’an 2000 ou 2001, dans la revue Lieu-dit.

Revue Lieu-dit, n. 12

J’ai retrouvé par hasard ces anciens numéros de la revue lyonnaise. C’est d’une qualité qui m’impressionne encore plus aujourd’hui qu’à l’époque. L’équipe de rédaction, que je ne voulais pas connaître personnellement pour qu’il n’y ait pas de copinage entre nous, abattait un travail de tous les diables pour faire paraître de si beaux numéros tous les trois mois.

Ils publiaient parfois mes textes qui, je l’avais oublié, se passent tous en Irlande. Je vivais à Dublin à cette époque.

Dans ce texte, dont je mets en ligne des photos de page, je parle de la National Library d’Irlande, lieu où je me rendais aussi souvent qu’aujourd’hui son équivalent bavarois. Or si je décidais d’écrire un texte avec une double narration, c’est probablement que je l’ai vu dans des livres lus dans cette bibliothèque de Dublin.

Je ne relis pas mes anciennes productions. Je revis les émotions de l’époque. J’étais serveur en restaurant. Écrire ces textes me sauvait et remplissait ma vie. Leur publication me comblait de fierté et de joie.

J’étais alors amoureux d’une serveuse anglaise qui travaillait dans le même restaurant que moi, mais je n’ai pas été à la hauteur de l’événement.

Plus facile que l’amour, l’histoire littéraire permettait de laisser libre cours à la créativité du sage précaire.

L’affection qu’on nourrit pour les livres et la voix d’Eric Chauvier va donc sans dire. Il y a entre le sage précaire et lui une espèce de fraternité qui ne fait pas de doute. Finalement, je l’aime bien ma génération. Les gens nés dans les années 1970 ont un charme assez distinct qui laisse la phrase en suspens…

Sous le signe de Beethoven

Entre Bonn, où j’ai visité le musée qui lui est consacré, et Munich où sa musique est jouée à l’Isarphilarmonie, mon séjour allemand se place sous le signe de Beethoven. Le sage précaire, pourtant, a toujours été plus enclin à écouter d’autres compositeurs. Beethoven, il l’écoute depuis l’adolescence mais presque plus par devoir que par attirance instinctive.

C’est la lecture de Kundera (il parle de Beethoven dans presque tous ses livres) qui l’a poussé à écouter en boucle les Variations Diabelli. Sa pratique théâtrale lui a fait découvrir la magnifique septième symphonie (les Baladins de Péranche avaient utilisé le poignant deuxième mouvement comme accompagnement de notre mise en scène du Journal d’Anne Frank en 1990). La « neuvième », qui se termine par l’Ode à la joie, c’est Nietzsche qui l’a convaincu d’aller y voir de plus près (Naissance de la tragédie). Mais à chaque fois, le stimulus vient d’ailleurs. Le sage précaire n’est pas aussi passionné de Beethoven qu’il l’est de Bach, de Berlioz, Schubert ou de Josquin.

C’est pourtant la symphonie n° 5 que nous sommes allés écouter à la salle de concert hyper moderne du complexe culturel Gasteig HP8. Nous fûmes très impressionnés par la salle, son esthétique visuelle et son acoustique. J’étais ému de voir tant de monde payer si cher le billet d’entrée (plus de 40 euros) pour assister à un concert de musique classique. J’ai retrouvé mes Allemands. Les Allemands comme je les aime et les désire, passionnés de musique et de science. Les Allemands bien rangés sur leur siège mais communiant avec la rage échevelée de Beethoven. Les Allemands fous d’amour pour le romantisme, même s’ils nous regardaient d’un sale œil lorsque nous prîmes d’assaut des sièges mieux situés à l’entracte.

Nous savons tous que Beethoven est devenu sourd, mais dans sa maison de Bonn, transformée en musée, sont exposés les instruments de torture que le musicien s’introduisait dans l’oreille, au bout desquels ses visiteurs devaient hurler pour se faire entendre. Ce spectacle est pathétique, et on n’en finit pas de se lamenter sur la malédiction de l’artiste qui perd l’usage du seul sens dont il a besoin. C’est à devenir fou.

Justement, la symphonie numéro 5 est connue dans l’histoire de la musique pour incarner la lutte de l’homme sain avec la folie. Le morceau lui-même, sa composition, avec ou sans exécution orchestrale, faisait vaciller la santé mentale des auditeurs : en 1830, Goethe ne sortait plus au concert, mais il se faisait jouer au piano ce qu’il y avait d’intéressant. Quand Mendelssohn joua au piano la cinquième, le vieux maître reconnut la charge de trouble mental qui habitait la composition :

« Cela le remua étrangement. Il dit d’abord : cela n’émeut en rien, cela étonne seulement, c’est grandiose ! » Il grommela encore ainsi, pendant un long moment, puis il recommença, après un long silence : « C’est très grand, c’est absolument fou ! On aurait peur que la maison s’écroule…

Felix Mendelssohn, cité par J. & B. Massin, dans Ludwig van Beethoven.

Voilà, c’est ça, Beethoven voulait faire s’écrouler la maison. Et les Allemands adorent ça parce que ce sont des gens adorables, qui construisent des maisons bien solides mais qui rêvent d’océans et de tempêtes.

Les oreilles et l’œil de ma femme

Les dernières mesures de cette symphonie que vous aurez tous reconnue ont été filmées par mon épouse à l’Isarphilarmonie de Munich, hier soir.

Impressionné comme toujours par son sens du timing, je lui ai demandé si elle avait sorti son téléphone sachant qu’on entrait dans la dernière minute de la symphonie. Avait-elle eu la volonté de capter les fameuses ultimes mesures ?

Tout à fait. Son oreille musicale est telle qu’elle se repère dans une symphonie romantique comme moi dans la ville de Lyon. Les yeux fermés.

Les oreilles closes plutôt, ce qui est plus adéquat quand on évoque une musique qui fut composée par un homme qui était en train de devenir sourd.

L’architecture insulaire du Musée allemand, Munich

Depuis mes premiers pas à Munich, je connais l’existence d’un musée appelé Musée allemand, mais j’imaginais qu’il s’agissait d’un complexe un peu vieillot, dans un jus d’avant-guerre que je désirais visiter en espérant presque me retrouver dans quelque chose de daté et de poussiéreux.

Le voyageur a du mal à se défaire de sa petite condescendance d’homme d’esprit. Le sage précaire a au fond de lui un petit con rigolard qui aime contempler les petites vanités des peuples et des communautés.

C’est la façade nord du musée qui m’inspirait ce léger sourire. Une architecture typique de la première moitié du XXe siècle, à laquelle on peut prêter des caractéristiques d’usine, de caserne, ou encore de caserne. Je trouvais de l’élégance massive à cette façade, mais comme le bâtiment était dans son jus d’époque, je n’imaginais pas l’immensité du lieu que la façade cachait.

Inselmuseum, Munich

En fait il s’agit d’une île en plein cœur de Munich, et le Deutsches Museum la recouvre entièrement, faisant d’elle le plus grand musée des sciences et technique du monde.

Et selon vos promenades, vous prenez un pont ou un autre et vous atteignez une façade complètement différente de celle qui s’est présentée à vous la première fois.

Si bien qu’il m’a fallu plusieurs approches pour comprendre ce qu’était ce bâtiment. Il semble qu’il ne soit pas construit de manière uniforme. Il est même selon moi assez difficile à lire.

Si l’on pouvait croire au début que c’était une friche industrielle rénovée en musée, un clocher central fait au contraire penser à une église, et d’autres points de vue nous racontent des histoires de bateaux.

L’amour des Allemands pour la science : le Deutsches Museum

Si je devais conseiller un seul musée à visiter à Munich, ce serait celui-ci. Un immense bâtiment consacré à la science et aux techniques. De l’astronomie aux ponts et chaussées, en passant par la fission atomique et les instruments de musique, l’Allemagne met en scène ici sa passion pour la recherche scientifique.

Table sur laquelle la fission nucléaire fut découverte en 1931.

Ce musée est mieux que les autres d’un strict point de vue muséographique. Chaque espace est pensé avec soin, des investissements massifs ont permis d’offrir au peuple germanique un outil gigantesque d’éducation et de jeux avec d’innombrables expériences qu’enfants et adultes peuvent réaliser.

Trois chimistes font un spectacle à base d’expérimentations

Par contraste, les musées d’art sont fabuleux  mais semblent légèrement vieillots. En visitant le Deutsches Museum, on se rend compte combien les Allemands ont développé un sentiment amoureux pour la science et les techniques. Ils y vont en famille et les femmes n’on pas l’air moins intéressées que les hommes par les moteurs, les engins et les systèmes.

Le sage précaire admire et envie les gens doués en sciences. Il lui manque beaucoup de cette capacité de compréhension qui pourrait lui ouvrir les portes de la passion de la connaissance. Il visite ce musée pendant des heures sans ennui mais avec une sensation mélancolique de ne pas être à la hauteur.

Le plaisir de connaître et de fabriquer reste contagieux et le sage précaire voudrait passer une journée dans chaque section du musée. Arrivé à 9 h 30 du matin, il jette l’éponge vers 15 h sans avoir pu tout visiter.

Promenade dominicale au musée

Le dimanche à Munich, plusieurs très beaux musées baissent leur prix à un euro le ticket d’entrée.

Comme les musées sont équipés de cafés, et qu’il pleut certains dimanche, c’est le lieu idéal pour se donner rendez-vous avec des amis.

On se voit, on est fringants, on est jeunes et beaux, on se balade avec légèreté dans le musée d’arts anciens, Alte Pinakothek en allemand, sans s’apesantir sur les merveilles impressionnistes car ce n’est pas la première fois qu’on fait cette visite.

Sans être un snobisme exactement, la sagesse précaire s’y connaît un peu et n’a pas trop de leçon à recevoir de personne, si vous voyez ce que je veux dire.

On fait une pause au café et on rigole pendant une heure. Avant de partir pour se cuisiner un petit quelque chose, on traverse tranquillement les salles qui vont du Moyen-âge jusqu’au XVIIIe siècle. Chacun à son rythme et avec l’aisance que la sagesse précaire partage avec les héritiers bourgeois.

Pierre Bourdieu parle d’un rapport « docte » au savoir pour les classes populaires, alors que la bourgeoise aurait un rapport « mondain » à la culture. Le conservateur du Musée d’art contemporain de Lyon, quand j’y travaillais, disait que lui-même qu’il n’avait que mépris pour les artistes et qu’il admirait les universitaires.

Le sage précaire, lui, entretient un rapport amoureux avec les musées et les arts. Il profite de son statut d’homme sans travail, sans héritage et sans héritiers pour passer entre les lignes des doctes et des mondains.

L’Institut du monde arabe

J’ai enseigné l’architecture de l’institut du monde arabe avant de le découvrir physiquement. J’y ai passé l’après-midi aujourd’hui et j’en ai retiré des moments de plaisir.

D’abord, les billets pour les expositions sont chers mais on peut se rendre dans les espaces de bibliothèque sans payer. Et les salles de lecture sont extrêmement agréables. D’autant plus agréables qu’on y trouve le livre du sage précaire, Birkat al Mouz, agrémenté d’une apostille « Coup de cœu » collée par les bibliothécaires.

Le musée, sur plusieurs étages, présente de très belles pièces. Des choses anciennes qui couvrent l’ensemble de la vie arabe, et des œuvres d’art contemporaines.

À propos d’œuvres contemporaines, il y a aussi de très belles expositions à visiter, mais comme elles sont temporaires, j’en parle dans d’autres billets autonomes.

Bref, la sagesse précaire valide des deux mains l’IMA, son existence, sa légitimité et sa gestion. Hormis le café, qui en revanche, laisse à désirer.

La ferme des Bertrand, un film subtil sur la subtilité des paysans

Trois frères ont repris la ferme des parents après la guerre d’Algérie, en Haute-Savoie. Ils ne voulaient pas mais ils ont été plus ou moins forcés.

On les a filmés en 1972. Ils sont forts, musclés et plein d’espoir. Ils cassent des pierres torse nu, tous trois sont célibataires et pensent déjà qu’ils travaillent trop par rapport à la jeunesse de leur temps.

Ce sont de beaux jeunes hommes, intelligents et travailleurs, on se dit qu’ils feraient de bons maris et d’excellents pères.

En 1997, on filme à nouveau la ferme à une étape importante : les trois frères Bertrand vont prendre leur retraite. Ils sont encore bien musclés et parlent avec beaucoup de précision. Hélène a repris l’exploitation avec son mari, le neveu des trois frères.

En 2022, on les filme pour la dernière fois. Hélène va prendre sa retraite, et introduit une machine à traire les vaches juste avant de partir se reposer. Son mari est mort. Deux des frères Bertrand, filmés en 1972, sont morts. Le dernier qui reste est octogénaire, cassé en deux.

Ces trois films de la même ferme sont montés par Gilles Perret, en un seul long métrage documentaire intitulé La Ferme des Bertrand (2024).

De passage à Paris pour affaires, le sage précaire est allé le voir en matinée, à la séance de 10 h 10 au MK 2 Beaubourg. C’est fabuleux d’aller au cinéma avant le déjeuner.

Le film est riche et bouleversant. Riche parce qu’on voit comment une exploitation agricole est un monde de sens philosophique, combien il faut d’intelligence et de vision pour ne pas échouer. Mais c’est bouleversant parce que les frères avouent avoir raté leur jeunesse et regretté la vie conjugale : « C’est une réussite sur le plan économique, mais sur le plan humain c’est un échec puisque on n’a pas réussi à faire autre chose que travailler. » Les trois frères sont restés célibataires toute leur vie. « Pourtant j’aime énormément la compagnie », dit l’un d’eux. Le sage précaire songe à sa compagne et sent les larmes lui monter aux yeux.

On ne peut pas regarder ce film sans rire ni sans pleurer. Sa grande qualité est qu’il est ambigu jusqu’au bout. Ses agriculteurs aiment leur terre et leurs animaux mais ils ne cessent de dire qu’ils ont été esclaves du travail. On ne sait jamais vraiment que penser.

Ils travaillent toujours à la main mais ils s’engagent sur la voie de la robotisation et de la mécanisation.

Ils semblent être heureux mais ils affirment avoir sacrifié le bonheur sur l’autel de cette seule exploitation.

Ils ont réalisé une œuvre énorme avec ces quelques hectares mais on ne peut s’empêcher de penser que bientôt tout s’écroulera comme un château de cartes.

Voyage à Munich