Arrêtez de faire des réformes

Si j’étais ministre de l’éducation, je me flatterais de n’initier aucune réforme structurelle. Je regarde les innovations qui ont eu lieu dans l’éducation depuis la deuxième guerre mondiale et je ne vois strictement aucune espèce d’amélioration. Aucun « effondrement » non plus, d’ailleurs, car je me situe aussi loin des réactionnaires que des pédagogistes. Je ne vois aucune raison fondamentale de changer ni les noms, ni les modes d’organisation, ni même les enseignements du lycée.

La seule chose, peut-être, que l’on aurait du mal à accepter aujourd’hui, est la séparation des filles et des garçons. Très bien, on pouvait permettre des établissements mixtes d’une simple signature de décret, nul besoin de réforme pour cela. Pour le reste, qu’on laisse aux enseignements les structures des collèges et lycées qui existaient même lors de la troisième république.

On nous fait croire que l’école évolue avec la société et les moeurs, mais c’est faux. Je m’en rends compte aujourd’hui que je suis de retour en France, de retour dans l’éducation nationale. Les évolutions sont minimes. Les élèves sont toujours enfermés dans des classes surchargées. La position assise demeure celle que l’on privilégie pour les tenir en respect et gérer les grands effectifs. Les jeunes gens sont toujours accablés de travail et de pression, forcés de se tenir à carreau alors que leur corps demande de l’évasion et de l’action. Ils se font toujours gronder pour bavardage et dissipation. Les cancres font toujours ce qu’ils peuvent pour gruger les professeurs.

On leur enseigne toujours les mêmes choses, sous des noms différents : lire, écrire, calculer, mémoriser, raisonner.

Les anciennes disciplines les plus prestigieuses sont encore là et sont devenues secondaires : latin, philosophie, rhétorique.

Les nouvelles disciplines sont labellisées de façon à ce que plus personne ne sache ce qu’elles signifient : SVT, STMG, SES, LLCE, HGGSP, HLP, etc. Il y a une volonté là dessous, il n’est pas possible qu’on en arrive à de telles aberrations sans une volonté concertée de rendre les réformes indéchiffrables.

J’imagine aussi que le but non avoué de ces réformes sans fondement est de casser, autant que possible, les communications entre générations. Comment voulez-vous aider votre enfant, votre neveu ou votre petite fille, si elle vous dit qu’elle étudie ST2S, à la différence de son frère qui a opté pour STD2A ? Vous demandez alors des conseils à un ami professeur mais ce dernier vous confie qu’il enseigne plutôt le S2TMD.

Vous appelez cela une « évolution » de l’école ? Laissez tranquille la terminologie. Vous n’améliorez rien avec vos réformes. Tant que les lycées demeureront des casernes, vos innovations administratives n’apporteront que de la déstabilisation et de la pression supplémentaires aux enfants, aux parents et aux personnels d’éducation.

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