Un match de football

Un ami italien m’a invité à jouer au football avec des joueurs de divers horizons, sur les terrains de l’université. C’est avec plaisir que j’ai accepté, car moi, le football, c’est ma passion.

Le problème est que j’ai vieilli et que j’ai perdu beaucoup de ma superbe, comparé à l’époque où j’étais le rutilant capitaine de l’équipe des poussins de Saint-Just Chaleyssin. Je suis devenu un joueur si limité que toute mon énergie passe à tenter d’être utile sur le terrain, et quand cela s’avère impossible, alors à tout le moins de ne pas être un obstacle à la progression de mon équipe.

J’étais clairement le plus mauvais de tous, et j’entendais des commentaires peu flatteurs dans les rangs de mes coéquipiers. L’un d’eux, en surcharge pondérale, était content qu’on ait trouvé plus nul que lui. Il était soulagé du poids d’être le boulet de son équipe, alors il pavanait et il feignait l’agacement devant mes ratés, selon la règle bien connue que les plus faibles sont les plus chiants.

L’ennui est que personne ne réussissait beaucoup mieux que moi, dans les moments décisifs. Pour ma défense, je dirais que ce n’est pas moi le principal responsable du peu de buts que nous avons marqués, car si j’ai vendangé mes occasions, mes coéquipiers ont manqué le cadre plus souvent qu’à leur tour. De même, si j’ai encaissé des buts, lorsque j’étais gardien, mon bilan n’est pas pire que mes coéquipers qui, regroupés en défense, se faisaient balader par de tranquilles adolescents. Donc, ce n’est pas tout à fait de ma faute si nous avons perdu, comme le confirme ce bruit que j’ai entendu vers la fin du match : « Il pourrait être dans n’importe quelle équipe, ce serait pareil. » Merci les gars.

Quand, à bout de ressources et d’imagination, on tentait le tout pour le tout en me faisant une passe, j’entendais des remarques du genre : « On aura tout essayé ».

Ce qui me plairait, s’il m’est donné de rejouer avec ces jeunes gens, c’est d’évoluer dans l’équipe adverse et de me venger de leur langue de vipère. Ils n’ont pas idée de ma capacité de nuisance. En respectant scrupuleusement les règles du football, je crois pouvoir appuyer sur leurs points faibles pour rendre leur match misérable.

Il faut se réjouir, et non pas se plaindre. L’un dans l’autre, cela a fait une heure de sport, et chaque occasion de taquiner le ballon est bonne à prendre pour retrouver un beau jour le niveau qui me permettra de redevenir le footballeur enthousiaste et visionnaire de mes 8 ans.

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