Aimer une femme du Forez doit être extrêmement doux. On doit pouvoir lui dire des paroles d’amour d’une grande finesse. « Ma nymphe des eaux et Forez », des choses comme ça.
J’étais de passage à Montbrison, capitale du Forez. Mo ami Ben, de retour du Tchad, m’invitait à passer un petit weekend avec sa famille décomposée, recomposée et reconfigurée. Des promenades au centre ville, sur les hauteurs de la ville et dans les vieilles rues, ont enchanté le Lyonnais que je suis.
Qui parle de Montbrison ? Qui parle du Forez ?
Il y a mille ans, le Forez était dirigé par les Comtes de Lyon. Quand l’Eglise a vu son pouvoir augmenter, Lyon est devenu la chasse gardée des Archevêques et les Comtes se sont concentrés sur le Forez seulement. Vu d’aujourd’hui, on pourrait croire que les Comtes se sont fait avoir et que les gens d’église ont touché le Jackpot. Parce que Lyon, évidemment, ça a une autre dimension que Montbrison.
Or, se promener à Montbrison revient à remonter le temps à une époque où le Forez était flamboyant, et faisait jeu égal avec le Lyonnais. J’ai aimé mettre mes pas dans ceux des fameux Guy IV, Jean 1er, les Comtes d’un fastueux XIIIe siècle.
Ah ! Guy IV, mon héros. Orphelin, il est élevé par Renaud de Forez, archevêque de Lyon. Il fait édifier la principale église de la ville, la Collégiale Notre-Dame-d’Espérance, où je suis allé dimanche dernier, le cœur serré. Engagé dans la 6ème croisade en Terre Sainte, il meurt en Italie lors du trajet de retour, en 1241. Il n’a que 45 ans.
Son gisant, sculpté dans un beau marbre, peut se voir au fond de la Collégiale. Entouré d’anges, Guy IV repose dans l’affection des siens. Je le contemplais quand l’orgue fit flûter de douces mélodies. Les cloches sonnaient au dehors. Je me retournais et vis avec surprise que l’église s’était remplie de fidèles. J’assistais à la messe avec une certaine émotion, une émotion obscure à moi-même.
…puis elle préparerait des pommes « foreztières ».
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