Je ne voulais pas rater les fêtes du 15 août dans le village catholique qui palpite non loin du terrain de mon frère. Notre-Dame de la Rouvière, c’est un village qui s’est longtemps appelé simplement « Rouvière ».
Hier soir, le 14 août, j’ai assisté à ma première procession catholique. Une Vierge, nommée « Notre-Dame de la Rouvière », portée par deux hommes dans les rues du village, et posée sur des tables à différentes stations. La population suivait en répétant des Je vous salue Marie. Moi, je restais silencieux pour deux raisons : d’abord je ne connais pas les paroles, et ensuite, les connaîtrais-je, cette récitation me semblait avoir le pouvoir de déséquilibrer les gens.
Nous avions des cierges à la main, c’était très beau. Il y avait des jeunes et beaucoup de vieux. Des jeunes qui revenaient au village pour l’occasion. Une femme de moins de trente ans était, semble-t-il, la fille d’un homme important du village et sa présence était fêtée. Elle était grande, belle, une chevelure volumineuse et un nez proéminent, largement aquilin. Ce nez, démodé, lui donnait un air de noblesse.
Ce matin, je suis redescendu au village pour la messe solennelle. Il y avait encore plus de monde. L’église était pleine. Sur la place, au préalable, était censée prendre place une « kermesse ». Un pauvre stand vendait des bibelots du genre vide-grenier. Un livre attira mon attention, un livre de Frédérique Hébrard, la fille d’André Chamson. La dame qui le vend, trois euros, me parle de l’histoire que ça raconte, lorsque les catholiques et les protestants se faisaient la guerre en Cévennes.
La dame me dit que de « son temps » déjà, il y a une cinquantaine d’années, c’était encore très tendu. Elle me dit qu’Ardaillers, le village voisin, était entièrement protestant, et que Notre-Dame était entièrement catholique, et que ça ne rendait pas les choses faciles. « Quand mon oncle s’est marié avec une protestante, ça a fait tout un drame. » J’aimerais bien lui acheter son livre, mais je n’ai pas 3 euros en poche.
La messe fut longue et belle. Les vieilles dames se sont mises sur leur trente et un. Chemises de soie et robes repassées. La jeune femme au nez aquilin était toujours là, toujours un peu la reine du village. Tous les vieux lui tournaient autour, ils avaient tous un petit quelque chose à lui dire.
Le curé en chef (ils étaient assez nombreux) a fait un sermon dont l’angle d’attaque était la défense du mariage. Il en avait, tout particulièrement, contre la mariage homosexuel, dont je ne sais s’il préoccupe beaucoup le quotidien de Notre-Dame de la Rouvière.
Nous avons terminé la messe dehors, sur la place du village surplombée par une statue de Marie. Nous avons chanté des chansons, pendant que des voitures de touristes tentaient de se frayer un passage. C’était très émouvant, de voir ce village d’habitude si assoupi, se remplir d’enfants du pays, de retour dans la famille, communier dans le soleil.
bonjour, sage cévenol,
que voulez vous dire par « déséquilibrer les gens « ? (question d’une catholique.. née le 15 août pour aggraver son cas)
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On s’y croirait dans ce village. Mais dis-moi, la dame du vide grenier aurait pu baisser un peu le prix de ce livre… tu as osé marchander un peu ? ou il y avait plus intéressant ?
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« Nous avions des cierges à la main, c’était très beau. Il y avait des jeunes et beaucoup de vieux. Des jeunes qui revenaient au village pour l’occasion. Une femme de moins de trente ans était, semble-t-il, la fille d’un homme important du village et sa présence était fêtée. Elle était grande, belle, une chevelure volumineuse et un nez proéminent, largement aquilin. Ce nez, démodé, lui donnait un air de noblesse. »
…moi aussi j’ai une question euh sage cévenol…c’est une crypto chanson paillarde ton billet hein ? non ?
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C’est vrai que tout y est:-D ça pourrait aussi être un remake Cévenol du Gorille chanté par Brassens, pom, pom et l’histoire ne nous dit pas qui , du sage en précarité ou des jeunes en précocité ,eut la belle au nez qui mâle y pensa….
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Tu l’as dis Hardy !
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Plus sérieusement,assiste à une procession espagnole flippante à l’age de cinq ans -vers 1982/-1983- (avec masques, tambours y tout…) et ne t’étonnes pas si tu lis Diderot , Voltaire & Co trente plus tard…toujours interessant à voir bien sur ces processions d’un point de vue culturel…mais moi j’ai donné merci, trop traumatisant…
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Par « déséquilibrer les gens », chère nath01, je voulais juste dire qu’ils perdaient un peu l’équilibre en marchant, et je suis sujet à de subites et légères pertes d’équilibre moi-même, même quand je ne bois pas.
Nénette, je n’ai pas acheté ce livre car je n’avais que quelques pièces que je réservais pour la quête de la messe. je n’aurais pas marchandé, non, pas au village où je tiens à passer pour une sorte de gentleman farmer.
Ce qui m’amène à mes deux Laurel et Hardy de l’internet : je ne vois rien de paillard dans le portrait de cette jeune femme, chers F. et M.J.
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Oui, mais moi je suis comme Nath01 et dans ton texte, je lis que ce qui déséquilibre les gens, c’est bien la récitation des « je vous salue Marie », ce qui est une idée étonnante et qui contient sans doute quelque chose de profondément vrai.
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Oui, tout à fait, je me suis vraiment mal exprimé : la récitation des Je vous salue Marie, pour des raisons diverses, et peut-être explicables, provoque des mouvements de déséquilibre dans la procession nocturne.
Pour ma part, je regrette que cette récitation ne soit pas chantée, en une sorte de marche musicale aidant les gens à parader en pleine rue.
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ah bon, d’accord alors… je connais un peu les Cévennes d’où est originaire ma maman, près d’Alès (la porte..) ; combien de temps comptez vous rester là et de quoi vivrez vous, si ce n’est pas trop indiscret ? bien cordialement
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Je compte rester un cycle de saisons, donc une année grosso modo. De quoi je vivrai ? D’amour et d’eau fraîche principalement, et de quelques sous mis de côté ces dix dernières années de travail assidu.
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Ca y’est je pars cinq jours dans le sud pour deconnecter et c’est le bordel sur ce blog; le SP s’énérve, y botte les chats, m’appelle Laurel , et Senor Bouton Hardy , y rumine et moi aussi maintenant, merci bravo…c’est ça la rentrée ?? Hoh oHO doucement les basses…Kestufous ? où sont ces billets détonnants sur le behaviourisme à la française et tutti quanti…tu vaux mieux que ça merde !
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