Le défilé des jeunes Lettons continue dans ma maison. Le premier, les lecteurs de ce blog se souviennent qu’il est arrivé en mai 2010, et qu’il a trouvé très vite du travail. Cela fait maintenant presque un an qu’il est manutentionnaire dans le supermarché Tesco.
Un deuxième Letton a remplacé la chambre libéré par un colocataire indien retourné à Pondichéry, en novembre dernier. Deux lettons sympathiques, très discrets, peu portés sur le ménage, mais de bons gars sans aucun doute.
Le deuxième Letton vient de retourner à Riga, un peu déçu par le travail qu’il avait à Belfast. Déçu aussi du fait que nulle part il ne pouvait pratiquer l’anglais, sauf avec moi dans la cuisine. Au boulot, les échanges linguistiques se limitaient à des injonctions assez basiques, alors qu’il avait un vocabulaire plutôt étendu et des bases grammaticales solides qu’il aurait pu davantage faire fructifier.
Hier, donc, dans la nuit, un troisième Letton est arrivé pour un ou deux mois. Un grand blond, fin mais costaud, au regard d’acier, qui m’a broyé la main avec obséquiosité quand je suis descendu à quatre heure du matin pour faire cesser les palabres de bienvenue. Un grand Balte, descendant des Barons germaniques dont Jean-Paul Kaufmann a fait le récit dans son récit « Courlande ».
Jusqu’à présent, la présence baltique s’est révélée honnête et distinguée, dure à la tâche et peu loquace.
Buveurs de bière et chrétiens, les jeunes gens n’ont à aucun moment tenté de lier connaissance avec le Pakistanais, qui en retour les méprise un peu. Le Pakistanais a adopté une stratégie : quand je m’absente, il fait de la cuisine une porcherie, puis dénonce les Lettons. « That guy », disait-il, pour désigner le premier Letton. « These guys » dit-il maintenant, pour désigner les deux Lettons.