Retour du chat

C’était vendredi matin. Je prenais le café et j’étais mal réveillé.

On miaule derrière la porte de la cabane. J’ouvre, c’est mon chat de l’année dernière, en plus gros. On se souvient qu’en juillet dernier, un petit chat blanc avait fait irruption dans mon univers de sanglier et de sage précaire solitaire. Un chaton qui avait conquis le coeur de tous mes hôtes. Je l’avais cru bouffé par une sauvagine en août dernier, mais il n’en est rien.

C’est lui, c’est bien lui, plus grand d’un an. Si vous ne me croyez pas, comparez donc les photos de cet ancien billet et celle que je poste sur le billet d’aujourd’hui. Même fourrure blanche, même visage au poil noiraud, même queue soyeuse et ample, mêmes yeux bleu intense et même strabisme dans le regard. Après une seconde d’hésitation et de crainte, il entre et fait comme chez lui. Il passe la matinée à reprendre ses marques. Il est chez lui.

Et moi je suis aux anges. Je lui parle et le choie autant que je le peux. Je lui promets de mieux m’occuper de lui, comme lorsqu’une femme aimée revient vers vous inespérément après une rupture.

Me reviennent en mémoire les paroles de Raimu, dans le film de Marcel Pagnol La femme du boulanger. Scène bouleversante, où le boulanger pardonne à sa jeune épouse son incartade avec un jeune ténébreux, et exprime son amertume devant « Pomponette », la chatte qui revient d’on ne sait quelle aventure. Moi, en revanche, je ne ressens aucune amertume, au contraire. J’ai pour ce petit animal une véritable admiration : où est-il allé ? Comment a-t-il fait pour retrouver son chemin jusqu’ici ? Quels fleuves a-t-il longé ? Quelles montagnes a-t-il gravi ?

Les premiers jours, il miaule beaucoup, d’une voix plaintive comme autrefois. Il ronronne beaucoup aussi. Je suppose que c’est sa façon de prendre ses marques, de territorialiser mon domaine par ses ritournelles à lui. Je vais acheter des croquettes, sur lesquelles il se jette comme un affamé.

3 commentaires sur “Retour du chat

  1. Très cher, les chats errants sont le drame de ma vie; petite, sur ordre de papa et pour le bien de tous, nous devions les abandonner dans les fossées de la route qu’on nommait  »calvette » et qui désignaient le bas côté du chemin menant à notre demeure; combien on en a sauvé et combien on en a perdu  »That is the question »…

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