Suicide du célibataire : les premiers préceptes de la sagesse précaire

Deux choses enquiquinent terriblement la société : le célibat et le suicide. Moi, je suis pour la libéralisation des deux. C’est vrai, quoi, qu’on nous laisse nous donner la mort tranquille ! Qu’est-ce qui m’empêche, moi, franchement, de me faire disparaître vite fait bien fait ? Deux choses, pas plus (mais pas moins) :

1-     Il y a encore des gens qui m’aiment.

2-     J’aime la vie. 

Mais enlevez ces deux éléments, deux éléments extrêmement ténus, si on réfléchit bien ; j’en finirais avec plaisir.  Ah oui, rien ne me console plus que l’idée d’en avoir terminé. D’ailleurs la sagesse, pas seulement la sagesse précaire, mais toutes les sagesses, (et la sagesse précaire plutôt moins que les autres), s’inspire toujours, s’identifie à l’état d’indifférence et d’ataraxie de celui qui n’a absolument aucun des soucis, aucune des joies des vivants. C’est ce qui est beau dans la vie, et c’est la raison pour laquelle j’y reste sans râler (certains jours en traînant des pieds, cependant) : cette possibilité d’être à la fois vivant et un peu mort. De jouer au mort. De ne pas choisir complètement une voie plutôt qu’une autre. Un peu comme ces gens intelligents qui jouent aux cons. Ou ces femmes fidèles qui flirtent avec des célibataires précaires, si vous voyez ce que je veux dire. C’est un peu roublard, comme attitude vis-à-vis des choses, mais enfin, la roublardise est une des colonnes conceptuelles de la sagesse précaire, qui n’en comptent que deux : la roublardise et la couardise La couardise est importante pour savoir rester célibataire, et pour fuir les responsabilités au bon moment. Et le suicide, n’est-ce pas une forme de lâcheté ? On le dit. Donc sachons être couards. La roublardise, quant à elle, est essentielle pour donner le change, pour jouer avec les apparences et pour faire des pirouettes. Très utile aussi pour ne pas avoir à s’expliquer tout le temps. Un bon usage de ces deux défauts fondamentaux garantit une sorte de longévité dans un bonheur provisoire qui n’est rien d’autre que l’état habituel, ou idéal, du sage précaire.

Sur tout cela, quelque chose me dit qu’il faudra revenir.

4 commentaires sur “Suicide du célibataire : les premiers préceptes de la sagesse précaire

  1. Très belle théorie portative: libéraliser le célibat, la joie de finir, jouer au mort, faire le con, les deux colonnes de la sagesse précaire, roublardise et couardise, la longévité du provisoire… Tout est génial. On fait un grand pas, j’ose le dire, dans la définition portative de la sagesse précaire, qui est finlement la même chose que les autres sortes de sagesse, mais plutôt moins, d’ailleurs.

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  2. Je te remercie Ben, ton soutien m’est très important. C’est vrai qu’on avance. Nous avons établi qu’il y avait deux « colonnes conceptuelles », c’est déjà ça. Petit à petit s’agrègeront des éléments architectoniques qui donneront une armature à la sagesse précaire.
    Je tiens à préciser de suite que ceux qui voudraient prendre leur carte à l’Association des Sages Précaires n’ont pas besoin d’être célibataires, ni encore moins suicidaires. Les joyeux drilles mariés, les mères de famille divorcées, les grands-parents comblés, tous sont les bienvenus dans la ronde mélancolique des farceurs intérimaires.

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  3. A l’heure actuelle, en Occident, les gens ne s’aiment plus. A ce grave problème s’ajoute le comportement infect et destructeur de très nombreuses femmes. C’est dit.

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    1. Oh la la Matthecrow, que d’amertume dans ce commentaire. Ce n’est pas que les femmes soient infectes, le problème, mais qu’elles n’aient pas encore estimé la valeur supérieure du célibat. Rompre une relation de couple leur est tellement insupportable qu’elles s’y prennent mal.

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