Philippe Val, ou la fatigue de la correction politique

Philippe Val caricaturé par Plantu
Philippe Val caricaturé par Plantu

J’aimais bien Philippe Val à l’époque où il faisait un duo avec Patrick Font. Font et Val se produisaient dans des salles de province et provoquaient un rire immense. J’étais trop petit pour tout comprendre, mais les Salles des fêtes et les Bourses du travail pouvaient être secouées de fous rires que je n’ai jamais revus ailleurs. Ils chantaient, usaient d’un langage scabreux, scatologique et intellectuel, et faisaient des sketches à connotation politique et religieuse. Val avait une belle voix et, dans le duo, prenait un peu le rôle du bellâtre raisonnable, alors que Font prenait celui du vieil obsédé. Val était dans le self control, Font dans le retour du refoulé. C’est ce retour qui provoquait le rire incontrôlable.

Val est devenu célèbre en prenant la tête de Charlie Hebdo, dans les années 1990. Je n’ai jamais trop lu cet hebdomadaire, je le feuilletais chez des amis. La seule fois que je l’ai acheté, c’était la semaine suivant le 11 septembre 2001. Je fus déçu, rien n’y était dit, aucune prise de position originale. Les éditos de Val m’horripilèrent, tout comme ses chroniques sur France inter, qui ne me faisaient jamais rire et ne me faisaient pas réfléchir non plus. J’étais surtout frappé par sa passion pour l’interdiction, l’exclusion et l’anathème. Parce que telle chose était repérée comme nocive (un parti politique, une publicité, une pratique commerciale ou culturelle), il fallait l’anéantir.
L’affaire Siné n’est donc pas un accident, selon moi, mais un épisode nécessaire de la logique de Val. Non seulement Val veut ôter les affreuses paroles antisémites qui dégradent l’image de son journal (Siné a commis le crime d’écrire : « Il ira loin ce garçon », c’est vrai qu’il a dépassé les bornes), mais il exige de Siné des excuses publiques. Cette exigence a quelque chose d’humiliant qui entre parfaitement dans le « système Val », pour qui la politique consiste à interdire, à exclure, à contrôler, à vérifier.

Je me souviens d’un dessinateur phare de Charlie Hebdo qui se plaignait de n’avoir pas été autorisé à publier des caricatures de Bernard-Henri Lévy, car Val ne voulait pas qu’on se moque d’un intellectuel pour ne pas se tromper d’ennemi (l’ennemi étant l’antisémite, le raciste ou le fanatique). Le dessinateur (dont je ne dévoilerai pas le nom, pour ne pas lui faire courir le risque d’être viré lui aussi) m’a montré ses dessins. Je les ai trouvés vraiment intéressants et marrants. Ils moquaient l’imposture d’un penseur à la mode. Le patron, Philippe Val, a protégé l’imposture intellectuelle, et aujourd’hui, le même BHL soutient activement Val dans l’affaire Siné. Il y a là-dedans quelque chose de gênant, d’un peu nauséabond, qui entache, je pense, l’image d’un journal (et de son rédacteur en chef) faussement libre et incroyablement conformiste.

Je l’ai entendu sur France Culture donner une conférence sur « Le rire de résistance », dans laquelle il expliquait que la gouaille était collaboratrice, mettant dans le même panier Mistinguet, Maurice Chevalier et Louis Ferdinand Céline (faisant croire au passage que Céline parlait avec gouaille, ce qui est tout à fait faux). Il ouvrit sa conférence avec une anecdote qui se passait en Chine, et parlait d’ « annexion » de Hong Kong par la Chine Populaire, ce qui est, aussi, une erreur grossière. Le pire, dans cette conférence, est qu’il se considèrait lui-même, sans autodérision ni recul, comme un parangon du « rire de résistance ».
Aujourd’hui, il faut peut-être résister à Philippe Val. Résister à la tentation de ce totalitarisme bien pensant. Résister aux dérives du politiquement correct, car la liberté d’expression est menacée à l’intérieur même de la presse satirique.

Avec le temps, je me suis aperçu que je préférais Patrick Font. Il était beaucoup plus talentueux, plus hilarant, mais aussi plus fou, plus pervers que Philippe Val. Ses chansons étaient mieux écrites, plus poétiques quand il voulait être poète, plus drôles quand il voulait être drôle. Tandis que Val donnait des leçons de politique, Font pétait les plombs et pouvait entrer sur scène tout nu, sans raison apparente, ou se lancer dans une improvisation délirante. Il n’est peut-être pas insignifiant qu’aujourd’hui, Patrick Font soit condamné à l’obscurité et l’ignominie, après avoir fait de la prison, et que Philippe Val jouisse de tous les avantages de la vie médiatique : riche, célèbre, soutenu par un aréopage de personnalités influentes, donc protégé, il est dans la lumière, dans son bon droit, la conscience infiniment tranquille.

84 commentaires sur “Philippe Val, ou la fatigue de la correction politique

  1. En plus tout le monde se focalise sur une histoire d’antisémitisme, mais Val n’a pas accusé Siné d’antisémitisme… Si Siné était aussi immaculé, pourquoi donc avait-il accepté de signer des excuses ? Je trouve dommage que le grand-père, qui nous faisait parfois rire ou soupirer avec ses énormités (se réjouir de la mort d’êtres humains, même chasseurs, est-ce drôle ?), ne soit plus là.

    Mais en profiter pour attaquer Val comme ça est très exagéré, même si bien sûr il s’agit d’un sale bourgeois réformateur, contrairement à tous ces révolutionnaires institutionnels style Mermet ou Manu Ciao, dont le fond de commerce est l’entretien des mots d’ordre, et les mots d’ordre un moyen de distinguer les gentils des méchants : si tu dis que tous les OGM ne sont pas forcément mauvais, t’es à la solde de Monsanto, si tu dis que ton avocat travaille pour qui il veut sans que ça fasse de toi un complice de son client, t’es à la solde de Clearstream. Et si t’es bourgeois et militaire, t’es forcément coupable… Se faire traiter de bourgeois par eux et de communiste par les bourgeois ne peut pas être mauvais…

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  2. sollicité par un ami très cher au sujet de cette tempête Val-Siné, j’ai lu avec un intérêt grandissant la série de commentaires souvent pertinents et même joliments impertinents de ce blog. Ce sujet m’a d’autant plus interpellé que j’ai eu affaire à Val lorsque j’étais producteur animateur sur France inter entre les années 80 et 2000 (poste restante, bien entendu, comme ça s’écrit et beaucoup d’autres émissions). J’avais, comme nombre de gens, été bercé par l’humour ravageur « bête et méchant » de Charlie Hebdo , au point que mon fils aîné, aujourd’hui âgé de 20 ans se prénomme Charlie (I-E). Mon père, vieil anar de 83 balais, a toujours eu de la tendresse pour ce vieux râleur un peu poivrot, disons le, de Siné, moi de même et mon fils aussi. Comme Coluche ou Desproges en son temps; Siné est une sorte de fouteur de merde qui dit en classe des gros mots et ne peut s’empêcher de dire des énormités (ce qui réjouit généralement la classe)
    Donc à France inter, j’invite un jour Môssieur Val, au sujet de Céline et de sa campagne pour INTERDIRE son Oeuvre (si si ) et au passage l’existence du Front National (rien que ça!!!) pour m’étonner que ce chantre de la liberté TOTALE devienne une sorte de taliban et d’ayatollah au petit pied…
    Il persistait. Je compris alors que, privé de la décapante présence de Patrick Font ( qui au passag écrivait les textes drôles du duo ) et à la suite du procès d’icelui lors duquel il avait fait preuve d’une lâcheté sans nom  » je le connaissais à peine! » on a même jamais dîné ensemble » , etc. Môssieur Val s’était mis en tête de devenir Directeur de charlie Hebdo. Ce titre qui , dans la grande tradition des anars, n’était que formaliste, administratif est devenu à ces yeux le bâton de maréchal de celui qui jusqu’alors n’était qu’un fantaisiste et qui se métarmophosait peu à peu en commissaire politique rose pâle pour devenir un « éditorialiste averti de la presse Française!!! » Il s’est pris au sérieux , ce qui, on l’a vu avec Coluche, est la pire maladie dont un comique voire un humoriste, puissse être atteint. L’incident Siné est la suite de cette opération de légitimité et de conquête par cet ancien histrion repenti ( ce sont les pires !) de sa place dans « la cour des grands  » bref, une purge stalinienne!!!!
    Car enfin, la mauvaise foi de Siné, dont Desproges disait avec tant de justesse attendrie que c’était un « gauchiste d’extrème droite » n’est plus à démontrer. Et puis, ce texte dont on dit pis que pendre ( on oublie au passage que la polémique fut lancée par Claude Askolovitch, qui, au prétexte d’être juif, s’est cru investi du devoir de « balancer  » Siné à son patron sur les antennes d’RTL, ce qui était détestable et digne, comme on dit chez ces parangons de vertu, comme un sésame ouvrant des portes ouvertes, des « pires heures de notre histoire » ; ce texte donc était une philippique de plus contre Sarko et l’opportunisme familial mais voilà, Siné faisait « désordre » dans ce Charlie Hebdo  » repris en main par Val pour en faire un « vrai journal » d’opinion où le Patron pisse son édito comme un gourou donne la marche à suivre. Siné, resté fidèle à l’humour bête et méchant, n’est pas toujoursd drôle mais Val ne l’est plus jamais. Et Mossieur Val, lorsqu’en dircet dans mon émission s’est vu interroger sur ce que devenait FONT m’a très vivement reproché de ne pas filtrer les appels, ce qui m’a laissé sur le cul. Vexé comme un ministre à qui un journaliste a posé une « mauvaise question » il n’a eu de cesse de demander ma tête à son ami, le socialiste bon teint jean-Luc Hees , laissant accroire que je n’étais qu’un Lepeniste rampant. (forcément, quand on ne pense pas EXACTEMENT comme lui, on ne pense pas ou pis encore on est un fasciste!) Ce qu’il a obtenu.
    Voilà, j’ai répondu à mon ami qui me demandait mon avis.
    Môssieur Val est un putschiste au petit pied qui a pris soin de s’entourer de mecs de talant qui lui doivent tout pour enfion faire de Charlie Sa Chose !!!
    Siné semait sa zone, il a été épuré. C’est aussi bête et méchant que ça. Mais ce n’est pas drôle.
    Comme De Gaulle disait à propos de Sartre vendant de façon illicite la cause du peuple dans les rues  » On ne met pas Voltaire en prison » je dirai à propose de Siné  » « On ne vire pas un grand pèreà qui l’on doit tout » Quant à Môssieur Askolovitch, je lui dis ici, en temps que juif moi -même, que s’ériger en porte parole de la lutte contre l’antisémitisme de Siné frôle l’usurpation d’identité et du crime de lèse- liberté d’expression car enfin, et depuis toujours, Charlie Hebdo, ce n’est pas « la semaine de Suzette! » même si, grâce à ce danube de la pensée unique et ce génie des carpettes de VAl, ce journal tend à devenir, malgré les artistes de grand talent qui restent, un organe du parti socialiste moribond.
    Val est un triste sire et Siné un joyeux drille. Voilà!
    Michel Grégoire

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  3. Merci pour ce témoignage, Michel Grégoire. je crois qu’il faut parler de Patrick Font, pas pour l’emmerder aujourd’hui, où il espère peut-être qu’on le laisse en paix, mais pour voir l’évolution d’une personnalité des médias actuels.
    Yannick Bourdoiseau, je ne suis pas d’accord avec vous. j’ai beaucoup écouter les interviews de Céline, des années 50/60, dans un double CD toujours disponible. Il n’y a pas de gouaille dans son parler. Il se compare à une dentelière (profession de sa mère), pour évoquer son raffinement de style, il dit trouver les hommes lourds et il le fait avec une voix fragile, un débit clair, jonché de « n’est-ce pas », et de « vous comprenez ». Il faut l’entendre parlzer des Mémoires de Georges Sand, rien de gouailleur là-dedans. Quan il chante, en revanche, oui, une grosse gouaille réaliste « Comment dire à ses potes / Que la fête est finie, etc. » Très belles chansons où il prétend être ivre lui qui ne boit que de l’eau (ou du moins le dit-il dans d’autres enregistrements.)
    En même temps, peut-être que là où je n’entends pas de gouaille, vous en entendez, vous. Ce n’est peut-être qu’une question de perception, et au fond on s’en fiche car c’est l’idée de Val elle-même, celle qui fait de la gouaille un signe de collaborationnisme, qui est abjecte. Mais là non plus, je ne lui jette pas la pierre, car c’est moins une idée, à mon avis, qu’une proposition hypothétique lancée comme ça, une façon de réfléchir tout haut, comme on en lance dans un billet de blog…

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  4. Il y a étrangement peu de commentaires nuancés sur cette « affaire ».Je regrette pour ma part ce déchirement « fratricide ».
    Il est à espérer que Siné n’est pas détourné cet incident afin de faire une « belle » sortie du journal, une sortie dite de « résistance ».
    Puisque nous assistons à un déchaînement de haine à l’encontre de Philippe Val, il me semble important de dire que quelques un de ses lecteurs le soutiennent, et s’attristent en même temps du départ de siné.
    Les auteurs de papiers et de commentaires injustes , de mauvaise foi, sur le directeur de la redac de Charlie lisent-il ce journal? On peut en douter.Un lecteur attentif pourrait réfuter point par point les « arguments » s’acharnant à démontrer que Val ne serait pas un homme de gauche.
    Une question s’impose : Pourquoi cet homme qui combat tous les racismes depuis des années, est-il à ce point sous les feux de la critiques, alors qu’un journaliste aussi malhonnête

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  5. Il y a étrangement peu de commentaires nuancés sur cette “affaire”.Je regrette pour ma part ce déchirement “fratricide”.
    Il est à espérer que Siné n’ai pas détourné cet incident afin de faire une “belle” sortie du journal, une sortie dite de “résistance”.
    Puisque nous assistons à un déchaînement de haine à l’encontre de Philippe Val, il me semble important de dire que quelques un de ses lecteurs le soutiennent, et s’attristent en même temps du départ de siné.
    Les auteurs de papiers et de commentaires injustes , de mauvaise foi, sur le directeur de la redac de Charlie lisent-il ce journal? On peut en douter.Un lecteur attentif pourrait réfuter point par point les “arguments” s’acharnant à démontrer que Val ne serait pas un homme de gauche.
    Une question : Pourquoi cet homme qui combat tous les racismes depuis des années, est-il à ce point sous les feux de la critiques, alors qu’un journaliste aussi malhonnête qu’Eric Zemmour ne rencontre aucune résistance?

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  6. @cameron greer

    Heureusement que vous êtes là pour constater qu’ « Il y a étrangement peu de commentaires nuancés sur cette “affaire” »

    Puis de nous balancer comme cela, sans nuance : « alors qu’un journaliste aussi malhonnête qu’Éric Zemmour ne rencontre aucune résistance? »

    Si vous avez des éléments concrets pour estimer qu’Éric Zemmour est malhonnête, il serait peut-être bien de les préciser.

    Si Éric Zemmour développe des idées qui ne sont pas vraiment dans l’air du temps. Si ses idées sont peu partagées. Si ses propos ne vous conviennent pas, est-ce pour autant qu’il est malhonnête ?

    Ses idées, je ne les goutte pas toujours, non plus, mais force est de constater, pour peu qu’on soit un tantinet honnête, justement, que généralement elles sont étayées.

    Il est étrange de voir que tout le monde se gargarise à tout va de liberté et de démocratie, mais dès que quelqu’un a le malheur d’avancer une idée qui sort du bréviaire de la bien-pensance, on le clou au pilori. (Sauf bien entendu si ce quelqu’un est estampillé extrême gauche. Dans ce cas alors, tout est permis même pour des propos au relent d’avant guerre)

    Je vois bien que sur ce blog, comme d’autres d’ailleurs on ne sait pas bien faire preuve d’analyse et de recul, mais tout de même…

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  7. Adrom,

    Je comprends que « balancer » Eric Zemmour dans un mini plaidoyer est pour le moins surprenant, et mal venu.En revanche je me permet de répondre que les « analyses » de Zemmour ( un journaliste qui m’agace, ms ça s’arrête là), ne sont justement pas toujours étayées et peinent souvent à masquer haine et angoisse.Je ne partage pas ses idées, notamment en ce qui concerne la régularisation des sans papiers (là aussi c’est un vaste débat), mais suis toujours attentif à ses prises de positions, et en aucun cas je ne pourrais me montrer insultant.
    Tout ça pour en revenir à Philippe Val; et je continue à être médusé par ce déchainement de bêtise hargneuse dont il est l’objet.

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  8. L’article est judicieux, les commentaires pourtant nécessaires(c’est fait pour…)le sont moins… me semble-t-il , car trop partiaux dans un sens comme dans l’autre… de toute façon le patrick FONT d’aujourd’hui m’amuse plus que son conpère!

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  9. Article bien conçu, agréable à lire.

    L’affaire Siné-Val est tout de même un gros feuilleton pour pas grand chose. Oui Monsieur Val est apparu encore plus antipathique à ses détracteurs. D’ailleurs je leur conseille d’aller là : http://jesigne.fr/demissiondephilippeval plutôt que de s’échiner à le traquer sur le web pour le couvrir des mêmes gentillesses qu’il a l’habitude de proférer…

    Cordialement

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  10. Voulez-vous qu’on joue au même jeu des citations le concernant? dit Gérard Filoche sur Val à propos du texte anti-siné signé entre autre par (et ça me fait chier car c’est la seule et unique grande dame du Théâtre) Ariane Mnouchkine… Car il est de bon ton, aujourd’hui, de ressortir une vieille phrase de Siné, or de son contexte, et dit par ce vieil anar en 1982 dans la radio Carbonne 14. « Je suis antisémite et je n’ai plus peur de l’avouer. Je vais faire dorénavant des croix gammées sur tous les murs… Je veux que chaque juif vive dans la peur, sauf s’il est pro palestinien… ».
    Pour cette phrase Siné a été déjà jugé. Gudule (ancienne de Hara Kiri, ex-épouse de Carali et maman de Mélaka et Olivier K) dit, à propos de cette phrase :
    « Je trouve un peu fort d’aller extirper cette vieillerie qui n’a rien à voir avec sa petite pique au fiston Sarko ! Premièrement, sur Carbone 14, on disait TOUS n’importe quoi. C’était la règle. Ça partouzait même en direct, et fallait entendre les horreurs débitées dans le micro par Supernana, qui était, par ailleurs la fille la plus sympa de la terre. Deuzio, quand Siné est bourré, il sort TOUJOURS des horreurs. Ceux qui, comme moi, l’ont beaucoup fréquenté à cette époque peuvent en témoigner. Troizio, dans l’émission en question, il a maudit tous les Juifs… sauf ceux qui étaient pro-palestiniens, prouvant bien par là que son prétendu antisémitisme était dirigé, non vers les personnes d’origine juive mais vers leurs choix politiques. Bob a toujours été d’une sensibilité extrême au sort des peuples martyrs, et pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué, la Palestine dérouille salement, depuis un demi-siècle… Il est évident qu’en d’autres temps, Bob Siné aurait fait partie des Justes qui risquaient leur peau en cachant des Juifs, et on l’aurait entendu vitupérer sur l’occupant, quitte a se retrouver à Dachau ! Rien n’aurait arrêté ses imprécations — quitte à se faire traiter de “germanophobe” alors qu’il aurait simplement été anti-nazi ! Les gens de cette trempe sont suffisamment rares pour qu’on “oublie” une pochtronerie maladroite, éructée il y a vingt ans ! »
    Moi je me souviens de Siné à Nancy (car je suis lorrain) défendant son pote Paul-Elie LEVY (Fondateur de la licra à Nancy), qui venait de se faire juger pour sa phrase “le pen est le fils spirituel de Hitler” et de sa signature en 1992 pour une pétition appelant à la reconnaissance officielle du rôle de l’Etat français dans la Shoah.
    Voulez-vous qu’on joue au même jeu des citations le concernant? dit Gérard Filoche sur Val à propos du texte anti-siné signé entre autre par (et ça me fait chier parce que j’ai lu tous ses polars) Fred Vargas…
    Et bien moi (en tant que vieux fan de FONT & VAL) j’y joue et voilà ce que ça donne :
    Pour “l’homophobie” dans le spectacle CONNARDLAND de 1992 Val disait :
    “Roch Voisine invite Dorothée à son émission, je ne savais pas que les phoques aimaient la tarte au poil”
    C’est beau comme du Siné non ? Mais c’est du Val.
    Pour son édito cours de Politesse dans Charlie, en 1970 Val chantait :
    ” Mais moi, comme je fais partie de rien
    J’ouvre ma gueule dans le vent,
    Je dis ce que je pense en passant,
    La politesse je m’en fous.”
    Si on lit Val du temps de la “Grosse Bertha”, réécoute ses sketchs et chansons du temps de FONT & VAL ça dérape souvent juste pour le plaisir de rire bêtement et méchamment. Ils faisaient parti des gens qui avaient miser sur l’intelligence du public et compris qu’on peut rire de tout à condition que ça soit drôle… Mais voilà la vieillesse est un naufrage et le chansonnier plus proche de Siné que de BHL (qu’il appelait Bazar Henri Lévy du temps de Font & Val) est devenu le Stéphane Berne de la presse rigolote mais sérieuse parce que prout prout…

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  11. Ce que je retiens de cette histoire c’est surtout cette tentative, réussie certainement, de faire passer sur les épaules des uns les fautes des autres, tout passé et présent confondus, que l’on parle d’Israel et de sa politique où d’Hitler et de sa propagande, et à suivre.
    Tout est bon pour tout lier au gré des besoins politiques du moment, ça va, ça vient, mais ça va de plus en plus, et au bout des choses on se retrouve avec des Papon libres et un vieil iconoclaste qui en prend pour son grade.
    C’est injuste, et c’est dégueulasse.

    Très bel article, Val ne mérite pas d’être un juste, comme il semble le proclamer, il prend  » juste  » le risque de ne surtout pas en prendre, contrairement au plus humble des justes, ceux que nous respectons.

    Et si encore il faisait rire !

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  12. AU MODERATEURS DU MONDE

    Ca fait deux fois que je développe un certain argument sur des blogs du Monde, une fois ici, une fois sur un autre, et deux fois que mon message disparaît – ce qui ne m’est arrivé qu »avec ces deux messages. Comme je sais que ce n’est pas l’auteur du blog qui l’a fait, j’en déduis que ce sont les modérateurs du Monde.

    Cet argument est pourtant pertinent et ne mérite pas la censure. Le voici :

    Certains utilisent les accusations d’antisémistisme comme outil de pouvoir, et c’est abject. Cela revient à instrumentaliser la Shoa.

    Ce n’est même pas un argument original, juste un constat. Qu’on censure cela est assez consternant.

    Merci.

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  13. Je pense qu’ils ont des robots qui scanent tous les billets et posts sur les blogs qu’ils hébergent et qui signalent chaque texte contenant certains mots clefs sensibles comme « Shoa », « Juif », « antisémistisme », etc.
    Puis des modérateurs – genre étudiants en lettre payés au lance-pierre – lisent les billet et question pour éliminer ce qui leur semble tandancieux, insultant, ambigü, etc.
    Comme ces étudiants sortent bcp et boivent bcp, ils n’ont pas toujours les idées claires. Et puis ils veulent tellement bien faire…

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  14. Ecoute un peu ce que dit Monsieur Mart petit étudiant en lettres et respecte un peu l’avis de chacun, ca faira avancer les choses à défaut de les changer…et arrete de boire aussi ca c’est vrai.

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  15. Très bel article, pertinent, presque touchant.
    Le témoignage de Michel Grégoire l’est tout autant.

    Quant à Patrick Font, il bande encore et il vous emmerde certainement très fort aussi ! La double peine s’est définitivement installée chez les biens-pensants, ceux-là même qui doivent se frotter le zizi en cachette, le soir venu, en parcourant Bukowski ou un vieil album d’Hamilton.

    Font a payé ses erreurs, il semble que pour certains (dont son « complice » P.Val), il faille encore lui cracher dessus !

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  16. Il produit, il se produit, oui, P.Font est bel et bien vivant.
    Haute-Savoie, Paris, Corse … Que ses fans se rassurent, que ses détracteurs se pendent, Le meilleur des deux duettistes l’est resté !

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  17. Val devrait être nommé ministre de la culture, ce serait le Malraux de Sarkozy ; il pourrait nous montrer la voie à suivre en dénonçant les adversaires de la démocratie et de la grande fraternité européenne. En tout cas, je m’élève contre les renégats qui colportent le bruit selon lequel, il bénéficie d’une remise de 15% sur tout l’ électro-ménager au magasin Darty de Neuilly

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  18. Bonne idee, Harold, qui ne doit pas effrayer le sarkozisme que, pour ma part, je trouve de plus en plus interessant a observer.
    En regardant les Simpsons hier, j’ai entendu une chose qui devrait faire bondir nos amis Val, BHL et compagnie. Un tribunal demande de l’argent au cure d’une paroisse, qui s’ecrie comme ca : « But we don’t have this kind of money! We’re not a synagogue! » Un lien aussi honteux trace entre le judaisme et l’argent, voila qui nous rappelle des heures sombres, messieurs les deputes. Val, reveille-toi, ils sont devenus fous. Excommunions les Simpsons, ou au moins interdisons cet episode avant qu’il ne franchisse nos frontieres.

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  19. Que BHL, chantre du mensonge grossier, inféodé (aux) et inféodant (des) magnats de la presse et de la finance – cf. Une Imposture Française de Beau et Tocser – défende Val… C’est à se pisser dessus… de rire… Ce qu’il faut absolument faire au risque, sinon, de gerber !
    Ah ! Les retours d’ascenseur… Ah ! Les petites collusions entre « amis »… Au Monde, comme à Libé, ainsi qu’au point, et dans les émissions pseudo intello, en réalité variéto/marketing (Ardisson et consorts…), je suis sûre que vous voyez exactement de quoi je parle. Ne pas bouger une oreille… On a remisé la guillotine mais les journalistes savent bien ce que c’est que d’avoir la lame sur l’échine.
    Quant à Val, en tant que patron de son journal, il n’a même pas l’excuse de l’autocensure.

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  20. Courrier adressé Philippe Val :

    Le 1er novembre 2008

    Objet :
    « Voltaire et la « débilité intellectuelle » »

    Monsieur Philipe Val
    Rédacteur en chef
    Charlie Hebdo
    44 rue de Turbigo
    75003 Paris
    Courriel :
    redaction@charliehebdo.fr

    [A l’attention de la Direction et de la rédaction]

    Monsieur,

    La promotion sur RMC Info, au micro de soi-disant « Grandes Gueules », de votre livre appelant Voltaire au secours contre la superstition religieuse, et pas seulement, m’incite à vous rappeler mes lettres des 3 février et 2 mars 2006 ainsi que celle du 4 septembre 2007, toujours sans réponse à ce jour, sans oublier le courrier adressé à vos collaboratrices, Anne-Sophie Mercier et Fiammetta Venner, guère plus courageuses que vous pour défendre leurs opinions.

    Dans cet abondant courrier, toujours à votre disposition, je dénonçais le penser superstitieux humain, tel qu’il s’exprime publiquement encore aujourd’hui, à travers ses mensonges et ses « croyances au miracle », dans la religion, toutes religions confondues – monothéistes ou non -, dans la métaphysique [Doctrine matérialiste depuis Aristote jusqu’au scientisme contemporain, positivistes inclus, et dans la scolastique idéaliste, ou pseudo-philosophie spiritualiste, de Descartes ou de Kant, entre autres « philosopheurs »], dans l’idéologie, toutes les idéologies sans exception – illusion altermondialiste incluse ! – et dans le moralisme [Morale et condamnations moralisatrices des Autres au nom de LA Morale : LAQUELLE ? !], tous catéchismes réunis, y compris le catéchisme soi-disant universel contemporain, ou Déclaration universelle des droits de l’homme, dont seule l’inobservation est réellement universelle – sauf à vous ou à quiconque d’établir le contraire à l’aune de l’actualité, nationale ou internationale, et du devenir du monde durant les six décennies suivant sa promulgation !

    Certes, votre silence et votre refus de débattre suffisent à témoigner de votre lâcheté et de votre malhonnêteté intellectuelles, qui, seules, vous permettent de vous ériger en « censeur » pour manipuler et tromper une opinion publique, portée par nature davantage à « croire » qu’à penser « vraiment », c’est-à-dire à réfléchir tout simplement au lieu d’imiter et de répéter les propos superstitieux des faiseurs d’opinion de l’époque, dont vous faites partie – sauf à vous, évidemment, de démontrer le contraire au vu du courrier annexé !

    Je n’entends pas reprendre ici l’ensemble des arguments intellectuels et philosophiques déjà avancés à l’appui de ma dénonciation de toutes les soi-disant élites de l’époque, nommément désignées dans le document ci-après, Mensonges et lâcheté des élites, puisque vous les trouverez plus qu’amplement développés dans la copie de ma lettre du 18 septembre dernier à Nicolas Sarkozy, toujours sans réponse à ce jour, mais dont l’objet « Philosophie, euthanasie et « débilité intellectuelle » » est sans aucune ambiguïté.

    Je reviens à Voltaire juste pour souligner que, s’il a combattu la religion, et d’autant plus courageusement à son époque, il n’a apporté aucun argument d’ordre philosophique pour en établir l’aspect superstitieux, pas plus que ne le font nos pseudo-philosophes contemporains médiatisés, dont le chef de file va même jusqu’à encenser publiquement l’islam et son Livre – vous avez dit « débilité intellectuelle » ? !

    OUI, et elle se manifeste chaque que fois que la priorité est donnée à la Foi sur la Raison, ainsi qu’il en va dans les divers modes d’expression de la Superstition, tels que précisés ci-dessus ; et sur ce plan, notre époque n’est pas moins obscurantiste que toutes celles qui l’ont précédée – au vu des rêves scientistes de croire pouvoir maîtriser la nature à notre guise – DEMAIN ! -, elle le serait même beaucoup plus !

    Concernant Voltaire, je doute fort qu’il aurait volé au secours de la superstition idéologique d’aujourd’hui au point de prendre parti pour sa « croyance au miracle » de transposer l’Idéal dans le quotidien, à quoi revient la fallacieuse promesse de changer notre monde en monde idéal avec des humains imparfaits – cherchez l’erreur ! ! !

    Pour ce qui est de la superstition moraliste, j’ignore si Voltaire s’est exprimé à son sujet pour la dénoncer, mais il est indéniable que ses propos sur les « nègres » lui vaudraient aujourd’hui un sort comparable à celui de l’extrême droite pour « délit d’opinion » – les « vertueux » dans votre genre s’en chargeraient sans nul doute !

    En conclusion, sauf à vous de démontrer, sur des points très précis, la fausseté du courrier annexé, votre refus de débattre sur le fond manifesterait votre intention délibérée de continuer à mentir et à tromper l’opinion – vous avez dit « vertueux » ? ! ! !

    Je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.

    Annexe : I – Lettre du 18 septembre 2008 à Nicolas Sarkozy
    II – Accusé de réception de la Présidence de la République

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  21. C’est marrant comme ce billet continue d’attirer des lecteurs. Dans les statistiques de ce blog, il est, avec « Femme nue femme blanche », « Prostituees ou entraineuses », « De la difficulte de comprendre les femmes » et « Deterritorialisation quand tu nous tiens », le billet le plus lu de l’annee ecoulee. Je veux dire par la qu’il revient frequemment dans le top 3 des billets les plus visites dans le mois ecoule. Le merite ne m’en revient pas, naturellement, mais a la passion du public pour Val, ses errements, les femmes et les concepts deleuziens.

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