Le dernier roman d’Emmanuel Carrère est très fort mais pour la première fois, je ne suis pas bouche bée d’admiration du début à la fin. Pour la première fois dans un livre de cet auteur, j’ai lu des pages en diagonale et pour la première fois j’ai trouvé que sa pudeur vis-à-vis des personnes réelles qu’il ne veut pas blesser amoindrit la qualité de son texte.
On voit le narrateur tomber dans une dépression terrible mais on n’en connaît ni les causes ni les effets sur l’entourage. Pour moi, il y a une grande absente dans ce récit, l’éléphant dans la chambre à coucher : la compagne du narrateur. On ne saura rien de ce qu’elle pense, de ce qu’elle dit, de ce qu’elle fait, alors même que son compagnon se retrouve en hôpital psychiatrique et subit des électrochocs…
Du coup le narrateur se sent obligé de raconter d’autres histoires de femmes, et le lecteur sent que ce sont des personnages et des situations fictionnelles, comme pour remplir un vide narratif. Or, chez Carrère comme chez d’autres auteurs, la fiction est plus faible que le documentaire.
Mais ça reste un très grand livre, et Carrère confirme qu’il est l’écrivain de notre temps, bien plus important et plus typiquement français que Houellebecq car on relit ses livres sans fatigue, alors que les romans de Houellebecq vieillissent très mal. Relisez Les Particules élémentaires, vous verrez. Plus rien ne vous fait rire, plus rien ne vous choque ni vous excite, vous voyez toutes les ficelles. Les romans de Carrère, au contraire, on les relit sans cesse en découvrant chaque fois qu’ils irradient d’une pensée profonde, paradoxale, et qui ne s’épuise pas.
Yoga, vous ne le lâchez pas jusqu’à l’avoir terminé. Même si j’ai des réserves, le premier truc qu’il m’a donné envie de faire juste après sa lecture est plus éloquent que tous les discours : j’ai ouvert Il est avantageux d’avoir où aller (son avant-dernier livre, 2016) et me suis plongé dans ses extraordinaires reportages.
Comme toujours, Emmanuel Carrère a gagné.
Étiquette : Charlie Hebdo
Belfast et Charlie hebdo : une affaire de réputation
Une petite polémique agite un peu l’université de Belfast où j’ai fait ma thèse. Un débat, ou un symposium, était prévu en juin sur Charlie Hebdo, et a été « annulé » par la hiérarchie, pour deux raisons : la sécurité et la « réputation » de l’université.
La « réputation », on croit rêver. Qu’est-ce qu’on s’en fout de la réputation, je vous le demande.
D’habitude, ce genre de nouvelle n’intéresse personne et l’administration poursuit son office avec l’aveuglement dont elle est coutumière. Cette fois-ci, on ne sait pourquoi, cela a créé des remous, et le sage précaire s’en félicite.
L’écrivain Robert McLiam Wilson a dit dans un tweet qu’il n’était pas très fier de sa ville natale, et qu’il était au contraire « BEYOND proud » d’écrire dans les colonnes de l’hebdomadaire satirique. Ses romans Ripley Bogle et Eureka Street se déroulaient partiellement à Belfast et ont assuré à l’auteur une très grande affection de la part des lecteurs francophones et anglophones. Il séjourne à Paris depuis des années et semble avoir beaucoup de mal à écrire de nouveaux livres. Il exprimait déjà dans ses romans une espèce de mépris pour la grande institution universitaire de sa province natale. Ripley Bogle raconte l’histoire d’un pauvre catholique né dans les ghettos ouest de la ville, et qui réussit à intégrer Cambridge, comme par miracle, avant de sombrer dans la clochardise à Londres. Toute évocation de Queen’s university of Belfast est chez lui accompagnée de moquerie ou de dédain. Dans ses écrits de fiction, de « non-fiction » ou dans ses interviews, on note une même prise de distance méprisante. L’affaire de l’annulation du débat sur Charlie lui donne une nouvelle occasion pour railler cette université « provinciale » et « étroite d’esprit ».
Les réseaux sociaux ont pris le relais de l’information, la presse anglaise aussi, puis la presse française. C’est la hiérarchie de l’université Queen’s qui a dû être choquée. D’habitude, elle étouffe la liberté d’expression en silence, ou elle intimide les personnels en catimini ; il est rarissime que l’on fasse la publicité de ses méfaits. J’imagine d’ici la panique qui s’est emparée de certains bureaux de University Square. La réputation de leur temple, qu’ils voulaient protéger, était en train de voler en éclat en révélant une nature craintive, brutale avec les faibles, courbée devant d’obscures puissances.
J’avais raillé moi aussi, en d’autres temps, l’étrange arrogance de cette institution nord-irlandaise qui voulait se faire plus grosse qu’un boeuf. J’avais aussi écrit sur le malaise qui me serrait le coeur devant l’auto-satisfaction qu’elle mettait en scène. Elle voulait de toute force jouer dans la cour des grands et procédait à de multiples décisions plutôt navrantes pour la liberté d’expression et pour l’éthique de la recherche.
Depuis l’annonce de l’annulation, et le tweet de McLiam Wilson, j’entends plusieurs membres du personnel sortir du bois et avouer tout haut leur désaccord avec leur hiérarchie. Cela fait plaisir de voir des enseignants chercheurs prendre enfin le risque de se faire taper sur les doigts. On ne se rend pas assez compte que les carrières universitaires sont des choses fragiles, qu’on peut être bloqués à cause d’une prise de position, d’une inimitié ou même d’un écrit jugé inapproprié.
Un autre écrivain de Belfast (qui en compte une myriade, il faut le préciser, car Belfast est une ville hautement littéraire, tout à fait à la hauteur de l’Irlande tout entière et même du Royaume-Uni), Glenn Paterson, s’est aussi décidé à prendre position, tout en précisant un fait important : il gagne sa vie en enseignant à Queen’s, car les écrivains ne peuvent pas vivre de leur plume. Donc écrire sur un blog qu’il se désolidarise de sa hiérarchie, même à propos d’un événement mineur, c’est prendre un vrai risque pour lui.
Au final, c’est un beau couac de communication que vient de nous offrir l’université, un couac qui va entacher précisément sa précieuse réputation.
Attentats de Charlie Hebdo. Trop d’émotion tue l’émotion
Depuis les assassinats qui ont eu lieu cette semaine, le pays est submergé par une émotion médiatique assez pénible à endurer. Notre émotion, à nous tous, était inévitable, mais la manière dont elle est étirée, allongée, étalée toute la journée, donne un goût amer, à force. La formule de ralliement, « Je suis Charlie », je ne la comprends même pas. Les Philippe Val, sur les plateaux de télévision, qui exhibent leur douleur insurmontable, et parviennent à jouer pendant des heures, et sous les projecteurs, la souffrance éplorée, le sanglot maîtrisé, je n’en peux plus.
La sagesse précaire n’est pas soluble dans l’émotivité larmoyante qui dégouline de nos écrans de télévision, de nos postes de radio et de nos journaux.
Et toujours ces excès de rhétorique. Toutes les deux phrases, on entend ou on lit les mots de « résistance », de « liberté d’expression », de « peuple debout », de « vivre à genoux », que sais-je ? de « sursaut citoyen ». L’ineffable Bernard-Henri Lévy, que l’on aimerait plutôt entendre dénoncer les crimes de l’armée israélienne, vient donner des leçons de morale aux musulmans, en parlant de « moment churchillien de la Ve république ». Ras le bol.
Luz, le dessinateur historique de Charlie Hebdo, a pris ses distance avec toutes ces célébrations symboliques dans une interview aux Inrocks, et sa parole fait du bien :
Des gens ont chanté la Marseillaise. On parle de la mémoire de Charb, Tignous, Cabus, Honoré, Wolinski : ils auraient conchié ce genre d’attitude. Les gens s’expriment comme ils veulent mais il ne faut pas que la République ressemble à une pleureuse de la Corée du Nord. Ce serait dommage.
Le maire de Lyon : tout pour Charlie Hebdo
Hier, les représentants de la presse étaient reçus à l’Hôtel de ville de Lyon pour le déjeuner des vœux du maire. Tout le monde s’attendait que l’on parle de La Précarité du sage, qui avait fait tant couler d’encre en 2014. Gérard Collomb passa entre nous, me serra la main sans me regarder, ce que je pris pour une confirmation qu’il ne pensait qu’à ce blog qui dérange, et prit la parole sur son estrade.
« La tragédie qui a eu lieu ce matin à Paris change bien sûr le contenu de notre réunion. »
Quelle tragédie ? On chuchote dans l’auditoire. J’entends des bribes. Charlie par-ci, Kalash par-là. Evidemment, pas un mot sur la sagesse précaire, qui était a priori le sujet incontournable. Coïncidence ? A mon avis c’est un complot. Ils ont bon dos, les terroristes.
Nous prenons place, chacun à notre table. Moi, j’étais à la table dite « La Confluence », en compagnie de l’adjoint à l’urbanisme. Personne n’était au courant de l’attentat puisqu’il avait eu lieu autour de 11.00 et que nous avions rendez-vous à l’hôtel de ville autour de midi. Nous étions tous en chemin quand l’événement fur relayé par la presse.
C’est en mangeant que nous avons appris le décès de Cabu, de Charb. Les nouvelles venaient petit à petit, et, bien sûr, tout le monde ne parlait que de ça. Tout le monde, sauf le sage précaire et son voisin qui discutaient du prix de l’immobilier dans la ville de Lyon. Quand le maire reprit la parole, entre l’entrée et le poisson, pour nous informer qu’un rassemblement serait organisé sur la place des Terreaux, nous nous transformâmes tous en reporters de guerre.
Descendant verres de Saint-Joseph après verres de Saint-Véran, nous étions suspendus à nos portables, à la pointe de l’info, à échanger des opinions sans pertinence particulière. Pour ma part, je me demandais ce qu’était devenu le dessinateur Luz, que j’ai connu autrefois. Lui aussi est-il une victime ?
Philippe Val, ou la trahison de la satire
Cet ancien comique va rester dans l’histoire, c’est une certitude. Il aura ses thuriféraires et ses contempteurs, mais il restera dans l’histoire. Commencer sa carrière comme chanteur de chansons comiques, puis reprendre un journal satirique moribond, devenir une figure des médias, pour finir par prendre la tête d’une des radios les plus importantes du pays, mais où diable Philippe Val s’arrêtera-t-il ?
Il restera dans l’histoire comme un traître à la satire. Comme un homme qui a brouillé des cartes d’une manière que je trouve abjecte. Je m’explique simplement :
Un journal satirique, c’est normalement un lieu de liberté et d’excès. Un lieu pour le débordement. Tout y est permis, et surtout le mauvais goût, et surtout ce qui choque les belles âmes. La satire heurte des sensibilités, c’est ainsi, et c’est son utilité anthropologique. Dans une communauté, on a besoin de règles et de respect, de bienséance et de punitions. Or, les sociétés aménagent des lieux de défoulement où tout cela part en couille, les carnavals, les spectacles de grand guignol, certaines fêtes, certains journaux aussi.
Philippe Val dirige Charlie Hebdo et se sert de la réputation impeccablement sulfureuse de ce journal. Drapé dans ce costume de liberté de ton, il est insoupçonnable de lâcheté à l’égard du pouvoir et des puissants de ce monde, puisque Charlie remonte à l’impertinence des années 60 vis-à-vis de l’homme d’Etat français le plus prestigieux du XXe siècle, Charles de Gaulle. Philippe Val procède alors à un renversement que je trouve pernicieux et funeste : il garde l’apparence d’un journal satirique et ordurier, en jouant sur un graphisme particulier, mais il rend le contenu respectable, de moins en moins choquant, et ses éditoriaux deviennent ceux d’une belle âme de centre gauche. De la même façon, ses livres gardent le « packaging » de produits coup-de-poing, avec des titres comme Les crétins et les salauds, mais leur contenu revient à dire : arrêtons avec la gauche, ne cherchons plus la révolution, devenons centristes.
Ce ne sont pas les opinions de Val qui sont en cause. Je suis sûr que si je cassais la croûte avec lui, je serais d’accord avec lui sur de nombreux points. Le problème avec lui est du même ordre que celui que pose Bernard-Henri Lévy : ce sont des imposteurs. BHL usurpe le titre de philosophe pour n’être qu’un journaliste et un observateur stimulant de son temps, et Val usurpe celui de satiriste pour faire la même chose que Bernard-Henri Lévy. Avec des gens comme eux au centre de nos médias, la France se nivelle par le centre, et c’est pour le moins ennuyeux.
Et c’est ainsi que Philippe Val devient, s’il accepte de prendre la tête de France Inter, l’image même du sarkozysme. Homme d’ouverture, il fait de grands gestes pour plaire aux gens de son « camp », et se mêle avec grâce à tout ce qui se fait de riche, de bien élevé, de privilégié dans la société. Il vire Siné, un homme qui était dans le débordement et la satire véritable, de la même façon que Sarkozy se débarrasse d’un préfet ou d’un directeur de journal. Sarkozy et Val ont une même conception de l’exercice du pouvoir, basé sur les rapports de force et sur l’anéantissement de l’adversaire. J’ai déjà écrit dans un autre billet sur la passion de Val pour l’interdiction, le bannisement et la répression.
Val, s’il accepte de diriger France Inter sur recommendation de Sarkozy, restera celui qui a léché les bottes du pouvoir, ce qu’il fait à sa manière depuis longtemps déjà. C’est pourquoi je crois que, dans son propre intérêt, il ferait mieux de refuser, quitte à écrire un livre, comme BHL l’a fait, où il mettra en scène son refus pour montrer qu’il rejette toute collusion entre le pouvoir et les médias. Mais s’il accepte, je n’en serai pas fâché. Il sera peut-être un bon directeur des programmes ; on ne sait jamais, il fera peut-être des merveilles et je ne suis pas contre qu’on tente l’aventure avec des personnalités atypiques comme la sienne. Je dis simplement qu’il risque de commettre une faute qui entachera sa postérité.
Pour moi, sa faute est plus grave et elle est déjà irréparable (car lécher les bottes des puissants, bon, pourquoi pas dans un contexte de crise ? Ce n’est pas un sage précaire qui va donner des leçons de rectitude!) Il est impardonnable pour autre chose : il a vidé la satire de toute sa substance. Il a créé une zone de confusion dans la presse qui lui permet de garder l’apparence de la révolte pour imposer par en dessous un contenu idéologique sain, acceptable et répressif. Il a fait entrer le surmoi dans le royaume du débordement pulsionnel. Il fait entrer la police des moeurs dans le carnaval, après avoir pris la direction du carnaval.
Alors il peut bien accepter ou refuser France Inter, cela ne changera rien à ce mouvement profond de travestissement.
Philippe Val, ou la fatigue de la correction politique
J’aimais bien Philippe Val à l’époque où il faisait un duo avec Patrick Font. Font et Val se produisaient dans des salles de province et provoquaient un rire immense. J’étais trop petit pour tout comprendre, mais les Salles des fêtes et les Bourses du travail pouvaient être secouées de fous rires que je n’ai jamais revus ailleurs. Ils chantaient, usaient d’un langage scabreux, scatologique et intellectuel, et faisaient des sketches à connotation politique et religieuse. Val avait une belle voix et, dans le duo, prenait un peu le rôle du bellâtre raisonnable, alors que Font prenait celui du vieil obsédé. Val était dans le self control, Font dans le retour du refoulé. C’est ce retour qui provoquait le rire incontrôlable.
Val est devenu célèbre en prenant la tête de Charlie Hebdo, dans les années 1990. Je n’ai jamais trop lu cet hebdomadaire, je le feuilletais chez des amis. La seule fois que je l’ai acheté, c’était la semaine suivant le 11 septembre 2001. Je fus déçu, rien n’y était dit, aucune prise de position originale. Les éditos de Val m’horripilèrent, tout comme ses chroniques sur France inter, qui ne me faisaient jamais rire et ne me faisaient pas réfléchir non plus. J’étais surtout frappé par sa passion pour l’interdiction, l’exclusion et l’anathème. Parce que telle chose était repérée comme nocive (un parti politique, une publicité, une pratique commerciale ou culturelle), il fallait l’anéantir.
L’affaire Siné n’est donc pas un accident, selon moi, mais un épisode nécessaire de la logique de Val. Non seulement Val veut ôter les affreuses paroles antisémites qui dégradent l’image de son journal (Siné a commis le crime d’écrire : « Il ira loin ce garçon », c’est vrai qu’il a dépassé les bornes), mais il exige de Siné des excuses publiques. Cette exigence a quelque chose d’humiliant qui entre parfaitement dans le « système Val », pour qui la politique consiste à interdire, à exclure, à contrôler, à vérifier.
Je me souviens d’un dessinateur phare de Charlie Hebdo qui se plaignait de n’avoir pas été autorisé à publier des caricatures de Bernard-Henri Lévy, car Val ne voulait pas qu’on se moque d’un intellectuel pour ne pas se tromper d’ennemi (l’ennemi étant l’antisémite, le raciste ou le fanatique). Le dessinateur (dont je ne dévoilerai pas le nom, pour ne pas lui faire courir le risque d’être viré lui aussi) m’a montré ses dessins. Je les ai trouvés vraiment intéressants et marrants. Ils moquaient l’imposture d’un penseur à la mode. Le patron, Philippe Val, a protégé l’imposture intellectuelle, et aujourd’hui, le même BHL soutient activement Val dans l’affaire Siné. Il y a là-dedans quelque chose de gênant, d’un peu nauséabond, qui entache, je pense, l’image d’un journal (et de son rédacteur en chef) faussement libre et incroyablement conformiste.
Je l’ai entendu sur France Culture donner une conférence sur « Le rire de résistance », dans laquelle il expliquait que la gouaille était collaboratrice, mettant dans le même panier Mistinguet, Maurice Chevalier et Louis Ferdinand Céline (faisant croire au passage que Céline parlait avec gouaille, ce qui est tout à fait faux). Il ouvrit sa conférence avec une anecdote qui se passait en Chine, et parlait d’ « annexion » de Hong Kong par la Chine Populaire, ce qui est, aussi, une erreur grossière. Le pire, dans cette conférence, est qu’il se considèrait lui-même, sans autodérision ni recul, comme un parangon du « rire de résistance ».
Aujourd’hui, il faut peut-être résister à Philippe Val. Résister à la tentation de ce totalitarisme bien pensant. Résister aux dérives du politiquement correct, car la liberté d’expression est menacée à l’intérieur même de la presse satirique.
Avec le temps, je me suis aperçu que je préférais Patrick Font. Il était beaucoup plus talentueux, plus hilarant, mais aussi plus fou, plus pervers que Philippe Val. Ses chansons étaient mieux écrites, plus poétiques quand il voulait être poète, plus drôles quand il voulait être drôle. Tandis que Val donnait des leçons de politique, Font pétait les plombs et pouvait entrer sur scène tout nu, sans raison apparente, ou se lancer dans une improvisation délirante. Il n’est peut-être pas insignifiant qu’aujourd’hui, Patrick Font soit condamné à l’obscurité et l’ignominie, après avoir fait de la prison, et que Philippe Val jouisse de tous les avantages de la vie médiatique : riche, célèbre, soutenu par un aréopage de personnalités influentes, donc protégé, il est dans la lumière, dans son bon droit, la conscience infiniment tranquille.