Chroniques tunisiennes. Les voitures chargées

Embarquement à Palerme pour la Tunisie. Notre véhicule utilitaire est bourré de valises, de vaisselles, de matelas, d’alimentation, de matériel électronique et de livres.

Nous apportons des cadeaux pour la famille. Hajer a passé des mois à préparer ce voyage au bled. Des courses infinies sur l’internet pour trouver les meilleurs articles aux meilleurs prix. Elle a fait des choses admirables que seuls les anciens pauvres savent faire : acheter des souliers de marque d’occasion pour une poignée d’euros, les nettoyer, les rendre comme neufs et, cerise sur le gâteau, leur coller des étiquettes de souliers neufs, les entourer de tout l’apparat d’empaquetage qu’on n’obtient que dans les grands magasins. Le temps et la créativité dont elle a fait preuve pour gâter sa famille sont incomparables et valent plus que des cadeaux achetés sur les grands boulevards.

Les voitures sont écrasées par des biens qui s’entassent sur des galeries de toits bricolées. Hajer m’explique que ce sont des choses qu’ils vont vendre en Tunisie. Des éviers de cuisine ? Ils s’embêtent à transporter des éviers en inox d’occasion pour les vendre ? Bien sûr, car c’est très cher en Tunisie.

Même chose pour les vieux vélos, les réfrigérateurs, et tous les cartons remplis de biens insoupçonnés. C’est le signe d’une société en difficulté économique, où tout est cher, où l’on manque de beaucoup de choses. Les grandes migrations estivales semblent être le moment d’échanges intenses par millions d’objets produits en Asie, consommés en Europe et recyclés en Afrique.

Quand on débarque à Tunis, on croise les voitures vides et légères des voyageurs dans le sens inverse qui nous regardent goguenards.

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