Dire qu’aujourd’hui, ou demain, mes amis Claire et Dominique se marient, à Paris, et que je suis ici, à Shanghai, à tourner en rond devant mon portable. Il est vrai que je ne suis pas un bon invité pour un mariage. La politesse qui y est de mise, la présence des deux familles qui n’osent ni trop communiquer, ni trop peu communier, les belles femmes qu’on n’ose aborder, l’alcool qu’on n’ose trop toucher de peur d’être ivre trop tôt, il y a beaucoup de paramètres qui me rendent les cérémonies de mariage plus pesantes que, disons, les enterrements.
Mais ma joie à l’idée que deux de mes amis s’unissent devant Dieu est réelle. Non que je croie en Dieu, mais je suis sincèrement impressionné par les serments éternels, les promesses folles et démesurées, le culot qui fait dire à un homme, oui, pour toujours, et jusqu’à ma mort, je serai là pour toi. Par l’aveuglement volontaire et héroïque qui lui commande de croire sa femme quand elle lui dit la même chose. Pour tout cela, je dis chapeau bas, et j’écrase une larme.
Quand j’étais chez eux, à Belfast, cet été, je leur ai écrit une prière universelle. Je me suis amusé à employer quelques mots un peu trop flatteurs à leur endroit. Il fallait voir l’énervement de Dominique à l’idée qu’on emploie des mots flatteurs, lui qui nourrit des rêves catholiques de modestie et de discretion. Non, disait-il, on ne peut pas laisser « remarquables ». Et moi qui insistais, qui disais que c’était ma prière, mes idées, que s’ils voulaient censurer, qu’ils le fassent, etc.
Comme j’étais cruel.
Mais aussi, quoi, c’est vrai qu’ils sont remarquables, tous les deux. Et adorables, et heureux de se lancer dans cette chose énorme qu’est un mariage devant Dieu.
Malgré tout, cela m’aurait fait plaisir d’en être. Il fait quel temps à Paris ? J’aurais acheté un costume d’occasion, j’aurais été élégant, je me serais rempli les narines, les yeux et le gosier de choses délicieuses. Claire étant irlandaise, j’aurais communiqué tantôt en anglais, tantôt en français, bu tantôt de la Guinness, tantôt du champagne. Oui, je regrette de manquer encore un mariage d’amis.
Oui, mais que de problèmes digestifs évités ! (Guiness-Champagne ? Vous êtes sûr ?)
Et que de problèmes d’allergies ! (costume d’occasion ??)
Et les problèmes de rhinopharyngite (maladie si horrible qu’on ne peut jamais l’écrire correctement du premier coup) à cause des frimas parisien ?
Et les problèmes avec Dieu (qui risque de prendre assez mal votre peu de foi en lui) ?
Toute une liste de problèmes éradiqués. (sans parler des accidents d’avions….)
Kiki 🙂
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Merci Kiki pour votre soutien. Votre sens de l’humour m’a remonté le moral. Allez, je vais rejoindre d’autres copains, qui ne se marient pas.
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