Précarisez-vous

Il faut être toujours précaire. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous précariser sans trêve.

Mais par rapport à quoi ? Au travail, à l’amour ou à la vie, à votre guise. Mais précarisez-vous.

Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, votre sagesse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : « Il est l’heure de se précariser ! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, précarisez-vous ; précarisez-vous sans cesse ! Dans le travail, l’amour ou la vertu, à votre guise. »

3 commentaires sur “Précarisez-vous

  1. Ah maintenant, voila un texte bien écrit ! Et quelle inspiration… Comme quoi, il suffit de s’appliquer, pour devenir l’égal des plus grands… Ne barguignons pas, du plus grand. Tellement égal que presqu’ identique, au fond, non ?

    Passé trois jours auprès du réservoir central de Hong çun, et par plein soleil froid de décembre en plus, mais jamais vu personne y dessiner, je dois dire…

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