Dublin 4
26 November 2007 Guillaume, Thank you for inviting me to be a facebook friend. I don’t really know much about facebook but from what I can gather it is evil. So I have to decline your invitation. We are friends in the real world. Why turn it into something virtual? When you were over, we discussed bow and bay windows. They are actually different things. The window in my living room is a bay window since the perimeter is polygonal. If it was a semi-circle, then the window would be called a bow-window. When I checked it out I discovered a further refinement: if the bay or bow doesn’t descend to the ground floor also, then it is called an oriel window. This is in fact what the window in my place is: it overhangs the garden. I’m incredibly busy with my teaching job. And it doesn’t leave me very satisfied. Still I go on, since, like most people, I fear poverty. I hope life is well with you and I hope that you are not offended that I am declining to be your facebook friend. It’s just that I’m not into virtual social networking as it is called. Tom
Cet homme ( ce Tom) est un sage.
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C’est le sage précaire irlandais décris plus avant….
Et effectivement sa philosophie me plait…
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Je ne sais pas si tu connais, mais il existe un film d’Akira Kurosawa : Dersu Uzala . C’est l’histoire d’une rencontre incroyable (comme peut en procurer les voyages), entre un officier russe et un vieux paysan mongol (ou chinois je ne sais plus) aux confins de la sibérie. Ce Tom me fait un peu penser à ce personnage (sauf qu’il est irlandais bien sur) , et il est bien difficile de le contredire.
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Les paysans mongols, François, ça n’existe pas. C’est la toute la différence entre la Chine et la Mongolie, pays de nomades accueillants qui se heurtent à la sédentarisation forcée.
Personnellement je ne pourrais plus me passer d’un boite e-mail, tout le contraire de facebook…
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On ne peut surtout pas contredire Tom quand il distingue Bow window et Bay window. C’est surtout ce paragraphe qui m’a donné envie de publier son courrier. Il faut penser à écrire de telles choses à ses amis. Et que répondre ? Facebook c’est peut-être le mal, mais comment rebondir sur cette histoire de fenêtre ?
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Merci cher Damien mais je parlai d’un film que je n’ai vu que deux fois dans ma courte vie et qui m’a profondément marqué. Il date de 1975 et l’histoire se déroule aux alentours de 1905 en plein coeur de la taiga. Voici un extrait de résumé que pouvez trouver sur http://www.cof.ens.fr/cineclub/synopsis/synopsis_dersu_uzala.html .(ce lien est difficile d’accés, il vaut mieux taper « dersu uzala » sur Google, et lire le texte « en cache » , je ne sais pas si vous avez compris , bref.quelques extraits) :
« Le texte qui a inspiré Dersu Uzala est le récit véridique des voyages d’un explorateur russe Vladimir Arsenyev (1872 – 1930). Il décrit ses missions cartographiques en Oussiourie, une région dans l’extrême Est russe près de la frontière chinoise. Durant ses voyages il rencontre un vieux chasseur sibérien, Dersu Uzala, qui devient le passeur de son corps expéditionnaire. Le chasseur qui a vécu toute sa vie dans la taïga et le scientifique d’origine citadine se lient d’amitié malgré leurs différences. Il partagent en effet un respect profond des richesses naturelles sibériennes dont la destruction effrayait déjà Arsenyev. Après la dernière expédition d’Arsenyev dans la région en 1908, le chasseur se sentait trop fatigué pour survivre seul. L’explorateur lui offre alors refuge dans sa maison à Xabarsk, mais son ami supporte mal la vie urbaine. Il finit par quitter la ville pour revenir à la taïga ou il a été retrouvé mort deux semaines après son départ. Dans les années soixante Kurosawa manquait de temps et d’espace pour entreprendre ce tournage, mais il a précieusement gardé ce projet en mémoire »….
» L’immensité des paysages Oussioures au sein desquels le film a été tourné presque dans sa totalité (à l’exception des plans urbains) est saisissante tant pour le spectateur qui est transporté au dessus des lacs gelés et des forêts impénétrables que pour le réalisateur lui même. Akira Kurosawa était familier à la nature cloisonnée japonaise et son respect shintoïste de chaque élément de l’infini sibérien est en ce sens remarquable. Le rapport de Dersu Uzala avec cette nature russe omniprésente, qui comme de la neige s’infiltre dans chaque plan du film, le conduit inexorablement à la mort. L’enchainement tragique commence lorsqu’un léopard attaque le campement de l’expédition. Le chasseur lui tire dessus afin de protéger ses amis, pourtant il sait que celui qui tue un léopard est coupable d’un meurtre injustifié que la nature doit venger. Cette croyance issue de traditions populaires sibériennes est perçue par le prisme de la sensibilité japonaise du réalisateur le léopard devenant une divinité shintoïste mystérieuse et vengeresse. En ce sens Dersu Uzala accepte délibérément de se sacrifier afin de sauver les siens préférant la vie des hommes à l’harmonie avec la nature qui lui permettait de survivre dans la taïga. La mort du héros est donc avant tout la preuve irrévocable de son humanisme que Kurosawa met continûment en exergue au fil des images.
Lorsque Dersu Uzala explique dans un russe enfantin où les fautes abondent que « Tout le monde est des gens, les mauvaises gens sont ceux qui s’en prennent aux faibles gens » ses propos ont une portée universelle. Dersu Uzala est silencieux, maladroit dans les conversations et il fuit les amusements à tel point que le spectateur est tenté de le prendre pour un sauvage. Le lien mystique qu’il entretient avec la nature renforce cette impression. Pourtant sa bonté innocente ainsi que son intelligence sauve plusieurs fois son ami Vassiliev Arsenyev. Quand le chasseur pense à laisser des provisions dans leur refuge de fortune pour des voyageurs qui pourraient le suivre, il montre un geste d’empathie désintéressé qui transcende l’instinct de conservation animal. La force du héros est donc de garder son humanité dans un milieu foncièrement inhumain : la taïga, cruelle, infinie et mystérieuse. »
Si vous pouvez vous le procurer ou le visionner n’hésitez pas , c’est un grand film avec de puissants paysages. Je crois d’ailleurs que la question du paysage -ou de sa perception en tout cas, via des « fenétres » différentes , réelle ou virtuelle- est bien ce qui occupe ou préoccupe ce cher Tom et on sent bien qu’il en a tiré une certaine sagesse, en tout les cas une riche réflexion .Malheureusement , je dois reconnaitre que mon anglais n’est pas assez bon et je n’ai pas compris l’ensemble de cette lettre que tu as bien de la chance de recevoir d’ailleurs. Quand a Facebook , mis a part les mails incessants auxquels on doit répondre chaque jour , il y’a un coté plaisant et ludique dans l’échange mais je ne suis pas sur que cela aille bien loin.
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Oui, je trouve aussi que c’est un très beau film, de ceux dont on se souvient pour leur singularité, leur beauté, et la force du message. Ce n’est pas facile de réussir ce genre de film, beaucoup de réalisateurs sombrent dans la niaiserie.. Dersou est le desintéressement même, un homme qui vit le moindre de ses gestes avec un sens de la responsabilité inouï ! A une époque où on parle beaucoup de développement durable, sûr que ce film mérite une redif.
Ce film m’en rappelle un autre, dans la même veine : Jeremiah Johnson de Sidney Pollack avec Robert Redford, le shintoïsme/chamanisme en moins, mais avec une bonne bande son.
PS : Je tape Jeremiah Johnson sur google et je tombe sur une page d’amazon qui me dit « les clients qui ont lu cet article ont aussi vu.. Dersou Ouzala,.. ». Je trouve ça à la fois puissant et vraiment flippant ce genre de liens, un peu comme facebook, genre « parlez-nous de vous et on va trouver ce qui vous intéresse à votre place… ».
Le synopsis du film (source : amazon.fr) :
Une ode à la nature magnifiquement interprétée par Robert Redford. Dégoûté du monde civilisé, Jeremiah Johnson (Robert Redford) part pour les Montagnes Rocheuses, déterminé à y mener la vie solitaire d’un trappeur. La pureté et la beauté de cette région hostile ne font alors aucun doute pour lui. Face aux rigueurs de son premier hiver dans Rocky Mountain, il échappe de peu à la mort, et trouve refuge auprès d’un vieux trappeur (Will Geer) qui lui apprendra à survivre dans cet environnement qu’il ne connaît pas. Sydney Pollack conte l’odysée de cet homme de 1850 qui tourne le dos à la civilisation pour partir dans des territoires sauvages. Les images sont sublimes (le film a été entièrement tourné dans l’Utah) et Robert Redford incarne ce personnage avec une grande sensibilité. Jeremiah Johnson est la seconde des six collaborations de Robert Redford et Sydney Pollack (récompensé par deux Oscars).
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« Je trouve ça à la fois puissant et vraiment flippant ce genre de liens » , ca fait plaisir de lire ce genre de commentaires , car ça fait longtemps que je pense çà aussi , c’est une sorte de deshumanisation de la culture quelque part , la machine pense à votre place sans tenir compte du facteur émotion et surtout des facteurs hasard , coincidence , promiscuité etc… Ce qui me fait penser , comme un bon gros bobo que je suis qui lit télérama qu’il y’a un dossier interessant sur « Comment Internet bouleverse nos vies ». Les articles distinguent clairement deux générations ou plutot deux façons d’appréhender ce nouvel engin , l’une (disons celle qui est née dans les années 80) perpétuellement connectée et assez à l’aise avec le high tech , la manipulation des « nouvelles technologies » (ipod, portable , téléchzargement etc..) etc… et les autres un peu déchirés entre « la vieille culture » qu’il cherche a préserver et « la nouvelle » qu’ils ne veulent pas « rater » pour ne pas passer pour ringard ou « has been ». Moi qui me situe un peu entre les deux je ne peux m’empécher de citer un extrait de l’article : « Les moins de 25 ans ou 30 ans n’ont pas trop de mal à s’y retrouver : ces « digital natives » sont tombésdans les nouvelles technologies quand ils étaient peits et n’ont pas besoin de se familiariser avec elles…mais les autres -les digitals immigrants » doivent s’adapter ou se ringardiser. Car le flux n’attend personne. Chaque info chasse la précédente, gare à celui qui décroche. Il faut tout connaître , avoir tout vu , être à même de tout commenter… » Bon évidemment c’est du télérama ça vaut ce que ça vaut mais interessant quand même. En tout les cas ça peut éclairer un peu notre lanterne sur le phénoméne Facebook qui est à la fois un nouveau procédé de flicage assez flippant et dans le même temps un puissant outil d’échange quoi que l’on dise.
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