Vers L’Afrique

L’autre jour, j’ai accompagné Ben et sa famille à l’aéroport de Lyon. Ils partaient pour le Gabon, prévoyaient d’y rester trois ans et leur départ était salué par toute une smala, parents et amis venus leur faire un dernier adieu. Personne n’est là, quand je pars en Chine, ou n’importe où… Des amis ont voulu m’accompagner à l’aéroport de Shanghai quand je suis rentré en France, mais je n’ai pas voulu, stupidement, pour ne pas faiblir devant eux…

Les enfants n’avaient pas l’air stressé du tout.

Je me souviens d’une femme chinoise dont le nom, Xiang Fei, signifiait « Vers l’Afrique », parce que son père vivait comme interprète là-bas et devait laisser ses enfants en Chine. Il a gravé dans son nom que sa fille devait orienter ses pensées « vers l’Afrique ».

C’est la même chose pour nous, nous dirigeons désormais nos pensées vers Libreville, inquiets et envieux. Les parents de Ben et deux de ses charmantes soeurs, la famille d’Agathe, votre serviteur, tous présents pour agiter les mouchoirs. Au moment de se séparer, quelques filles ont versé des larmes et nous sommes allés manger dans un bled paumé de la région lyonnaise. Tous les restaurants français, savoyards et italiens étant fermés, nous nous sommes repliés sur les seuls qui travaillent encore en France au mois d’août : les musulmans. Heureusement que nous les avons, ceux-là, pensai-je par devers moi. Même le chinois était fermé…

Nous passâmes l’après-midi avec les sœurs de Ben et le frère d’Agathe, au parc de la Tête d’Or, sur les quais du Rhône, sur la Croix Rousse. Des gens se baignaient dans le Rhône, les filles s’y trempèrent les pieds et nous marchâmes sur les sentiers étranges qui bordent le fleuve. Etranges car les autres villes ont déjà coupé ces arbres depuis trente ans et assaini les berges. Ici, on se croit en pleine campagne en pleine ville, c’est le rêve d’Alphonse Allais réalisé, les sœurs de Ben redevenaient sauvages et un rêveur pouvait se croire évoluer dans je ne sais quelle forêt équatoriale.

Quand nous irons voir nos amis au Gabon, nous vérifierons si les forêts de là-bas ressemblent à nos quais, si leurs fleuves rappellent les ondes rhodaniennes, si les Gabonaises rivalisent de charme et de rythme avec les sœurs de Ben. Ils sont arrivés au Gabon, ils prennent leurs marques. Qu’ont-ils en tête, comment se passe leur première journée, en famille, loin de tout ?

Nous pourrons suivre les aventures de nos amis sur le blog qu’ils ont créé avant de partir : http://equateurnoir.over-blog.com 

14 commentaires sur “Vers L’Afrique

  1. La première journée, ce fut assez cool, nous avons mangé au resto, devant l’Océan, sous les cocotiers, au Nord de Libreville. Ce qui fait plus forte impression, c’est l’arrivée à l’aéroport, en pleine nuit, on a

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  2. On a l’impression de rentrer dans un sauna, et pourtant c’est la saison sèche. Il y a aussi la douane, les types de la police de l’air ne veulent pas nous faire les visas… Dehors, il fait chaud, il y a des tas de gens partout ( c’est samedi soir ), on aperçoit une sorte de ville à mi-chemin entre la décgharge et le quartier résidentiel : bienvenue à Libreville.

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  3. Je crois que c’est une pratique réaliste. Il y a un marin, j’ai oublié son nom, qui prétendait avoir fait le tour du monde en bateau en se faisant recruter sur des voiliers dans les capitaineries des ports; Tu pourrais commencer une carrière de mousse, je suis sûr que ça inspirerait puissamment ta

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  4. Ta réflexion thésarde. Mais bon, 6000 kms sur un bateau, c’est long. Il paraît qu’il y a une zône, au Sud des Canaries, qu’on appelle le « pot au noir », dans laquelle il n’y a plus de vent, plus de terre, plus d’air, plus rien. L’angoisse.
    Après, si tu arrives à doubler le delta du Niger, tu verras, Libreville, c’est l’angoisse aussi : une ville de province sans infrastructures publiques : des poubelles de partout, pas de routes, des villas grillagées avec du bidonville autour. Il y a aussi le Palais présidentiel et un grand nombre de français expatriés dans leur 4X4.

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  5. En cherchant le blog d’Agathe et Benoît, je tombe sur cet article. Je trouve qu’on y parle beaucoup des soeurs de Ben : point de vue tout personnel, sans doute.
    Une autre soeur de Ben (charmante)

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  6. Ca a l’air sympa, Libreville.
    Quand on accumule ainsi les destinations a priori exotiques et fascinantes et en réalité plates et moroses, on en fini un peu avec le mythe du Voyage. Un Voyage, souvent, oscille entre les Libreville, les 600km en bateau et les Cités interdites déjà vues 1000 fois en cartes postales. Il est très rare – c’est en tout cas mon expérience – de tomber amoureux de nouveaux lieux que l’on ne connaît pas. Quand j’écrivais des guides touristiques, cela m’arrivait 2 ou 3 fois par voyage, rarement plus, parfois moins, et c’était rarement des lieux où je me voyais vivre. Alors, tel Ulysse, j’ai fini par m’installer à Angers, où je sais être dans un des lieux les plus agréables du monde pour vivre (selon mes critères of course). Souvent, les Voyages se transforment en anti-voyages. C’est un peu comme les femmes que le séducteur accumule : rien de plus fascinant que la magnifique silhouette vue au loin, rien de plus voluptueux que ces seins sublimes devinés à travers le chemisier, rien de plus plat finalement que cette peau banale et un peu lourde, que ces odeurs moyennes et que cette conversation frôlant souvent la bêtise : il est rare de tomber amoureux et, quand on l’a chance de l’être, il faut avoir conscience de la chance que l’on a.
    S’il n’y a plus de littérature de voyage en France, c’est parce que les histoires de voyageur, comme les histoires de don Juan, sont répétitives et presque toujours superficielles. On en a peu ou prou fait le tour.

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  7. Angers ? Quel dommage, Mart, j’y étais il y a peu, en compagnie de Ben. On aurait pu se voir pour causer guides touristiques.
    Bonjour Sophie. Les soeurs de Ben sont toujours les bienvenues sur mes espaces.

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  8. Je découvre ce billet cinq mois après sa publication, c’est dire si je fréquente peu ton blog, Guillaume. Il faut dire qu’il est un peu la chasse gardée de Ben, son jardin secret et règle d’or, ne jamais lire par dessus son épaule, sous peine de se faire sévèrement essorer ! J’ai compris, ce blog, c’est sa maîtresse. A chacun sa liberté.
    J’apprécie bien le com de Mart sur la vacuité ou la lassitude des voyages ( il y a aussi celle des femmes en toile de fonds . Ne serais-tu pas un peu blasé ? Une vraie rencontre s’impose !) Qu’y trouve t-on sinon soi même ? Ce que j’apprécie le plus pour ma part dans cet ailleurs où je me trouve, sinon d’y être, ce sont les rencontres, des gens qui sont pour beaucoup de grands voyageurs et ne sont figés ni dans leurs habitudes, ni dans un lieu précis. Toujours un peu insatisfaits, je trouve, avec une quête indéfinissable ou ayant quelque chose à fuir quelque part ; mais aussi toujours riches de leur précédent voyage. Et on se rencontre, on se parle beaucoup plus à l’étranger qu’en France, ça me paraît clair.
    En tout cas, cela me fait plaisir d’opérer ce petit saut dans le temps et de savoir ce que vous avez fait ensemble après notre départ pour libreville. J’espère qu’on se retrouvera pour une petite fête, à Mussy ou à Lyon, où nous serons en juillet 2009, si la vie le permet.
    En attendant, nous nous apprêtons à partir camper deux jours à la Pointe Denis, qui se situe en face de Libreville, dans l’espoir de voir des tortues Luth, dont c’est la période de ponte. Jouer aux robinson avec enfants et amis ne nous laissent pas non plus indifférents. ah ! la certitude d’avoir du soleil, c’est quelquechose dont je ne pourrais plus me passer, sincèrement !

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  9. « Et on se rencontre, on se parle beaucoup plus à l’étranger qu’en France, ça me paraît clair. » —> Comme c’est vrai ! J’y ai souvent réfléchi, d’ailleurs, car on est plus ouvert aux autres, mais aussi aux sensations, au beau, à la poésie des choses, à la sensation belle et simple d’exister. On peut être très heureux avec très peu de chose, quand on est en voyage, on s’étonne, on regarde, on enregistre, et il me semble que l’on devrait tous se donner comme idéal d’être aussi ouvert et sensible au quotidien qu’en voyage, immobile qu’en mouvement.

    Content de faire la connaissance de la femme de Ben, en tous cas !

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  10. Excuse-moi Guillaume, mais « être en voyage » pour toi n’a plus grand sens : c’est être où, au juste ? En Chine ? En Irlande ? En France ? Son quartier natal, si on n’y vit pas, ça peut être très exotique. Pour moi, Lyon, par exemple, où je suis né et où j’ai grandi, je m’y sens comme un pingouin au milieu de la savane africaine.

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  11. Bien sur qu’il n’a pas tort : «Le cœur d’une ville change plus vite, hélas, que le cœur d’un. mortel».(Baudelaire), pas besoin d’aller a l’autre bout du monde pour trouver de l’exotisme.

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