Der Blaue Reiter, le livre

L’Almanach de 1912, dirigé par Kandinsky et Marc

Gardons à l’esprit que le mouvement Der Blaue Reiter est avant tout un projet éditorial. J’ai été très impressionné par ce fait dans l’exposition que j’ai visitée au musée Lenbachhaus, à Munich. Der Blaue Reiter est un livre avant d’être une exposition. Une revue savante qui sert de machine de guerre pour soutenir et accompagner les productions et diffusions des oeuvres d’art.

Les auteurs des articles de cette publication sont les artistes eux-mêmes, qui ne parlent pas de leurs propres œuvres mais de celles de leurs collègues. C’est ce que la sagesse précaire ne sait pas faire, par un mélange de paresse et de vieille morale, se mettre en situation collective pour que chacun fasse la publicité de l’autre. Moi, je découvre que La précarité du sage est cité ou mentionné à droite à gauche sans avoir été averti, ce qui est flatteur mais ne permet pas de faire système.

Peinture d’art populaire en illustration de l’Almanach Der Blaue Reiter.

Les images choisies pour illustrer cet Almanach (il n’y a eu que deux numéros du fait que le mouvement s’est dissout à l’occasion de la guerre de 1914) sont une belle surprise. Quelques dessins et peintures de nos chers Munichois, autant d’œuvres de grands artistes français perçus comme les parrains de l’entreprise (surtout Delaunay et Matisse), et une majorité d’images venues d’ailleurs.

Des photos de sculptures médiévales, beaucoup de Moyen-âge, des masques asiatiques, des décorations arabes, un peu d’antiquités égyptienne et gréco-romaine, et une forte présence d’art naïf. Art brut, art populaire, dessins d’enfants et de fous. Les expressionnistes trempaient leur imaginaire dans ce que la technologie moderne permettait de mettre à disposition du spectateur occidental curieux.

Quatrième de couverture, où l’on reconnaît la signature de Kandinsky.

Le Cavalier bleu : enfin une école artistique de Munich

Alléluia, après d’âpres recherches, j’ai enfin trouvé les artistes qui peuvent incarner le génie de Munich, au même titre que les « actionnistes » incarnent Vienne, les « cubistes » Montparnasse, ou « Support-Surface » Nice.

Der Blaue Reiter est le nom du groupe fondé dans les années 1910 par des peintres devenus célèbres qui étouffaient dans l’académisme bourgeois de la capitale de la Bavière.

Franz Marc, Vassili Kandinsky, Maria Marc, Auguste Macke et compagnie, ont trouvé là le lieu de création où ils pouvaient laisser libre cours à leurs recherches, inspirés par les avant-garde de Paris.

V. Kandinsky, Maisons de Munich, 1908

Vous ne saviez pas que l’immense Kandinsky était de Munich ? Vous aviez tendance à l’associer à Moscou, à Berlin et à Paris ? Moi aussi, mais c’est ainsi, il vivait et enseignait la peinture à Munich dès le tournant du siècle. Il a acquis la nationalité allemande et c’est en Bavière qu’il a fondé et animé Der Blaue Reiter, ce collectif d’artistes que le sage précaire a connu adolescent quand il s’intéressait à l’expressionnisme.

Lenbachhaus, l’un des plus beaux musées de Munich, octobre 2023.

On peut voyager dans les oeuvres de ce collectif dans le beau musée Lenbachhaus, non loin des grandes « Pinacothèques » qui font le bonheur des amateurs d’art.

Le fameux Cheval bleu de Franz Marc au milieu de plusieurs toiles du Blaue Reiter.

Lenbachhaus est une belle maison de maître de la belle époque, appartenant à un peintre influent du début du siècle. Aujourd’hui on s’y promène et on y contemple des tableaux de l’expressionnisme vibrant de la scène munichoise.