Je ne vous parlerai pas de ce documentaire, La vie moderne, dont on fait la critique dans cette vidéo, mais comme on n’a pas le droit d’exploiter des vidéos sur La France de Depardon, j’ai pensé que cette critique faisait un bon remplacement.
Ce dont je voudrais parler, c’est du dernier événement à la mode en France : les Français qui viennent voir la France photographiée par un Français à la Bibliothèque Nationale de France.
« J’ai pris le risque déplaire à ceux qui ne reconnaîtront pas leur France et de réjouir ceux qui apprécient une perception intuitive, irréductible à une définition figée de l’identité française. » La France de Raymond Depardon (Désert et Palmeraie, 2010).
Cette dernière phrase est amusante car, en regardant les photographie de cette exposition, le visiteur pourrait se dire que l’image véhiculée de cette France est justement peu « métissée », très peu adaptée à l’idéologie multiculturelle qu’il est important de porter en bandoulière. Presque pas d’êtres humains, et quand il y en a, ils sont blancs et n’ont pas l’air étranger. C’est la « France des sous-préfectures », celle des petites villes et des villages où vit la moitié de la population.
Peu de gens dans les images, mais on y voit leurs activités, leur vie, leurs hobbies, leurs conflits. On y voit leur voiture, leur maison, leur magasin.
Leur jardin, leur cimetière.
J’ai beaucoup apprécié cette exposition, à la BNF, où je vais pour faire ma thèse sur le récit de voyage contemporain. La France de Depardon, c’est un magnifique récit de voyage. Un homme, vieillissant, voyage dans un fourgon aménagé et regarde son pays natal, dans toutes les régions, pour en rapporter une série de clichés.
Cela me fait penser à mon père qui, jusque récemment, vivait dans un fourgon aménagé, et ne possédait presque rien : pour l’emmerder un peu, je lui ai conseillé l’été dernier de s’acheter une veste et une cravate, histoire qu’on ne le confonde pas trop avec un voleur de poules.
Je me demande ce que mon père pourrait penser de cette exposition, lui qui ne va jamais à Paris, et qui n’aime ni les grandes villes, ni le froid de la France.
Depardon a choisi une vieille technique de photographie : la « chambre », comme dans Lucky Luke. Mon ami Mathieu m’a expliqué que la chambre permet de produire des images qui respectent les lignes, les volumes, sans procéder à ces distorsions que font automatiquement les appareils modernes. Cela donne une impression de monumentalité extraordinaire. De plus, pour imprimer correctement l’image, le temps de pose doit être assez long, ce qui permet aux couleurs d’être très nettes et très puissamment rendues.
Beaucoup de gens, dans la salle d’exposition, disaient que les photos avaient due être retouchées. Moi aussi je l’ai cru, jusqu’à ce que Mathieu m’explique la vie des images et des machines.
Il y a un art de voir les choses, qui se combine avec un art de voyager, qui se combine avec un art d’attendre, de se détacher, de se laisser dériver dans la minute présente.
Et ce qui est joli, dans cette expo, c’est que tu commences par voir les images en jouant à deviner où ça se trouve (par exemple, un endroit où on vend « le cri de l’Aigoual » est sans doute Le Vigan), et à la sortie, tu as les images réduites avec la solution du quiz.
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Je n’ai pas le souvenir d’avoir vu Le Vigan, je devrais retourner voir l’expo.
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La photo représente cette façade,
mais un autre jour.
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C’est sûr que les gens ont un « accent », merci Yannick !!! lol
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C’est merveilleux Guillaume.
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Je dirai même plus , c’est formidable ce fourgon.
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Oui, je me souviens maintenant d’avoir vu Le Vigan, la succursale du parti communiste, je crois.
Ce qui est ironique, c’est que le fourgon aménagé de mon père est en ce moment posté près de chez mon frère au Vigan. Il attend d’être réparé pour que mon père puisse, si Dieu le veut, me l’apporter ici en Irlande.
Pour que je puisse moi jouer au Depardon du dimanche.
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