Au bord de la mer

La mer, la vaste mer, console nos labeurs!

C’est toujours Baudelaire qui m’accompagne quand je suis au bord de la mer, et ce pour une raison simple : la mer m’ennuie.

Homme libre, toujours tu chériras la mer!

Tu parles. Le sage précaire chérit des ondes moins plates.

J’ai honte de le dire car je suis issu d’une race de marins, mais c’est ainsi. Mes proches entrent dans un contact intense avec les éléments dès qu’ils approchent d’un quai, ils parlent bourrasque, rafiots, grain, gréement, voilure et lattitude, tandis que moi, je rêvasse à ce que je vais manger à midi. Donc à la rigueur je pense aux chairs qui s’agitent sous les bateaux, mais c’est là le plus près que je puisse m’approcher de ces derniers…

Leur visage devient profond, devant la mer, et ils regardent les bateaux d’un air entendu, mi envieux, mi évaluateurs. Ils s’enfoncent dans un silence philosophique qui impressionne tout le monde. Moi, j’attends que cela passe sans avoir la moindre idée de ce qu’il faut penser.

Je tente : « C’est beau », mais on ne me répond pas. Je gémis, en prenant moi aussi un air impénétrable : « La mer, quand même, on a beau dire… » Non, ça ne prend pas.

Alors je me concentre sur l’autre rive de la baie de Belfast. Là-bas, sur la terre ferme, on aperçoit les docks et les usines. Les fameuses grues qui personnalisent le skyline de Belfast.

Voilà des choses qui parlent au sage précaire. Des paysages industriels, des routes sur lesquelles faire du vélo, des montagnes sur lesquelles gambader.

« Le plancher des vaches », me disais-je ce jour-là sur le port de Carrickfergus, où je n’osais pas dire à S. que la vue de ces voiliers m’ennuyait, « le plancher des vaches, voilà le véritable habitat des hommes ondoyants. »

9 commentaires sur “Au bord de la mer

  1. « le plancher des vaches, voilà le véritable habitat des hommes ondoyants. »
    cette phrase est bien jolie et ressemble au sage précaire de la photo,
    au moins as-tu le pied marin !

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  2. C’est marrant, ça, pourquoi t’aimes pas la mer?
    Tout le monde aime la mer, la mer c’est beau, il y a des bateaux. C’est pas normal, de pas aimer la mer.
    Surtout un Viking qui aime pas la mer, c’est comme un Touareg qui aime pas le sable ou un Alsacien qui aime pas la choucroute

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  3. Ce n’est pas que je déteste la mer. J’aime bien les tempêtes par exemple, si je me trouve sur la rive. C’est mon côté romantique. Mais ce que je préfère, ce sont les rivières et les fleuves. D’ailleurs j’ai une petite théorie là-dessus : il me semble que les amoureux de la mer sont plutôt taiseux et profonds ; déterminés et calmes, tu vois le genre. Et les amateurs de rivières sont plutôt bavards et virevoltants, superficiels et, quand ils sont vraiment en forme, chatoyants et guillerets.
    La mer, c’est trop profond pour moi.

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  4. Mon blog préféré est : laprecaritedusage ! GRAND MERCI à l’auteur. RESPECTS aussi. Il m’arrive aussi de jeter un coup d’oeil sur bricablog.net
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    « LE LAC », par extension « la mer »

    Lamartine se souvient de la femme aimée. Le poète se trouve dans un lieu qui lui est cher, près d’un lac, qui a été le témoin de ses amours, et lorsqu’il y revient sans la femme aimée, il subit douloureusement la fuite du temps. Il se rend compte que seule la nature peut conserver la trace des amours vécues, et notamment dans « Le Lac ».

    La fragilité de l’homme est mise en valeur et donne une tonalité élégiaque, lyrique, au poème. Le poète se plaint en apostrophant le temps…

    Le titre du poème évoque un lieu aimé qui a été le refuge du poète et de sa compagne.

    La nature en général et le lac en particulier sont le cadre du bonheur passé.

    Et le sentiment d’impuissance : l’homme est un marin qui navigue sur « l’océan des âges » et voudrait jeter l’ancre pour arrêter le temps.

    Lamartine réfléchit dans ce texte sur sa condition d’homme, sur sa faiblesse face à la fuite du temps.

    Le dernier vers (« Ils ont aimé ») est la concentration de tout ce qui a été dit dans le poème : le poète constate le pouvoir des sentiments.

    Le passé composé signale la conséquence sur le présent : le fait d’avoir aimé l’emporte sur toutes les constatations négatives et amères

    La nature est le témoin vivant du bonheur et elle seule peut garder la trace du souvenir. Contrairement à Rousseau, c’est le paysage qui conserve le souvenir, et non l’écriture.

    Ces commentaires ne viennent pas de moi (je ne suis pas à la hauteur)
    CI-DESSOUS CE MAGNIFIQUE POÈME
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    « Le Lac »

    Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
    Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
    Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
    Jeter l’ancre un seul jour ?

    Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,
    Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,
    Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre
    Où tu la vis s’asseoir !

    Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
    10 Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
    Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes
    Sur ses pieds adorés.

    Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;
    On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
    Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
    Tes flots harmonieux.

    Tout à coup des accents inconnus à la terre
    Du rivage charmé frappèrent les échos ;
    Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère
    20 Laissa tomber ces mots :

    « Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
    Suspendez votre cours :
    Laissez-nous savourer les rapides délices
    Des plus beaux de nos jours !

    « Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
    Coulez, coulez pour eux ;
    Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
    Oubliez les heureux.

    « Mais je demande en vain quelques moments encore,
    30 Le temps m’échappe et fuit ;
    Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’aurore
    Va dissiper la nuit.

    « Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,
    Hâtons-nous, jouissons !
    L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;
    Il coule, et nous passons ! »

    Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,
    Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,
    S’envolent loin de nous de la même vitesse
    40 Que les jours de malheur ?

    Eh quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
    Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
    Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
    Ne nous les rendra plus !

    Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
    Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
    Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
    Que vous nous ravissez ?

    Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
    50 Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
    Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
    Au moins le souvenir !

    Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,
    Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,
    Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
    Qui pendent sur tes eaux.

    Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
    Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
    Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface
    60 De ses molles clartés.

    Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
    Que les parfums légers de ton air embaumé,
    Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
    Tout dise : Ils ont aimé !

    Lien : http://www.etudes-litteraires.com/lamartine.php

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