Phèdre à la Comédie française

La Comédie française n’est pas seulement le théâtre le plus célèbre de France, le plus chargé historiquement. C’est aussi le plus démocratique. Pour les gens fauchés comme pour les sages précaires, il n’en coûte que 5 euros pour avoir une place dans les pigeonniers d’où l’on ne voit pas très bien la scène.

Ce soir, le sage précaire ne veut pas tellement regarder une scène. Il veut écouter un grand texte du patrimoine. Cela fait des jours et des semaines que je cherche un spectacle vivant qui me remue un tant soit peu, et je ne trouve rien. Alors quand j’ai vu qu’ils jouaient Phèdre au français, je n’ai pas hésité une seconde.

Bien m’en a pris, j’ai adoré. Comme vous, je connaissais la pièce. Je l’avais lue, peut-être même étudiée (je ne sais plus, j’étais un cancre à l’école), j’en connaissais l’histoire, et les vers les plus connus.

Va, je ne te hais point  (la femme que j’aime me dit que ce n’est pas Phèdre, mais le Cid. Madame je sais tout.)

Je résume : Thésée est roi d’Athène, il a un fils d’un premier lit, Hyppolite. Sa femme actuelle, Phèdre, est amoureuse d’Hyppolite. Voilà.

Leur amour est impossible et tout le monde meurt.

La comédienne qui joue le rôle titre, madame Lepoivre, est sublime. Il faut aller voir cette production pour elle seule. Non seulement son incarnation est parfaite, mais surtout sa voix sert merveilleusement le texte de Racine. La scène où elle avoue son amour à Hyppolite m’a donné des frissons.

Je n’en dirai pas autant du comédien qui incarne Hyppolite. Ce devrait être une jeune arrogant, insupportable et irrésistible. Ils ont mis un bellâtre un peu fade. Sans doute un bon acteur au cinéma, mais sa voix n’avait pas de puissance, et physiquement, il ne dégageait aucune animalité, aucune hardiesse aristocratique.

Bizarrement, le lendemain, pour m’expliquer ce que je ressentais, en marchant dans la rue des Abbesses, je comparais les comédiens avec les footballeurs. Je me demandais quelle célébrité pourrait incarner Hyppolite. Il ne faudrait pas un David Beckham, qui est trop sympathique, il faudrait un jeune homme sans autre morale que la volonté de puissance.

Je cherchais un jeune homme que l’on peut aimer et détester en même temps. Quelqu’un qui se croit le plus fort et qui peut être en effet le plus fort. Une image m’est alors venue : Zlatan.

C’est Zlatan Ibrahimovic à 16 ou 17 ans que la Comédie française devrait recruter, pas les jeunes rêveurs incapables de briser la jambe d’un adversaire.

9 commentaires sur “Phèdre à la Comédie française

  1. Hou là! Mon ami.. Votre orthographe commence à craindre sérieux, si on ne peut même plus se fier aux doctes quarantenaires aujourd’hui..
    Sinon, je ne suis pas sûr qu’Ibra soit d’un grand recours face au Barça le mois prochain. Ce joueur n’a jamais fait d’étincelles en C1, c’est comme ça. Mais Ancelotti aura-t-il les couilles de le laisser sur le banc de touche?

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  2. Antoinette Deshoulières :

    Dans un fauteuil doré, Phèdre tremblante et blême,
    Dit des vers où d’abord personne n’entend rien ;
    Sa nourrice lui fait un sermon fort chrétien,
    Contre l’affreux dessein d’attenter sur soi-même.

    Hippolyte la hait presque autant qu’elle l’aime ;
    Rien ne change son cœur ni son chaste maintien ;
    La nourrice l’accuse, elle s’en punit bien ;
    Thésée a pour son fils une rigueur extrême.

    Une grosse Aricie, au teint rouge, aux crins blonds,
    N’est là que pour montrer deux énormes tétons,
    Que, malgré sa froideur, Hippolyte idolâtre.

    Il meurt enfin, traîné par ses coursiers ingrats ;
    Et Phèdre, après avoir pris de la mort-aux-rats,
    Vient, en se confessant, mourir sur le Théâtre.

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  3. Je repasse des vers de Fucius au PSG pour corriger mon propos, Zlatan ayant écopé d’un carton rouge lors des 8èmes de finale, il ne jouera pas le prochain match.

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  4. Je voudrais signaler qu’on appelle une comédienne Mademoiselle donc Mlle Lepoivre, surtout à la CF où les appellations sont encore à l’honneur….

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      1. Les féministes françaises ne veulent plus qu’on utilise ce terme et la comédie française en veut pour ses dames, triste comédie!

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