
Très heureux de voir le prix Goncourt attribué à cet écrivain sénégalais que je ne connaissais pas.
Le Monde affirme qu’il faisait office de favori dans la liste des finalistes. Si cela est vrai, c’est certainement une question politique et idéologique.
Je n’en parlerai donc que sous un angle idéologique. Il était bon de célébrer un écrivain africain pour de nombreuses raisons.
La montée de l’extrême-droite actuelle se doit d’avoir des symboles forts pour contrer son offensive. En effet, ce qu’on voit apparaître avec les Zemmour, les Papacito, les hordes d’influenceurs qui s’autoproclament intellectuels et « défenseurs de la culture française », c’est la mouvance des identitaires. Ils pensent que la France est plus qu’une nation, qu’elle est une identité, c’est-à-dire la race blanche, la religion chrétienne, l’héritage gréco-latin, le pinard et le cochon. Pour eux, un musulman ne sera jamais français.
Pour la droite identitaire, il faut tourner le dos à l’Afrique, ce qui est une aberration du point de vue de la Francophonie, de l’économie, de la rencontre des peuples, des alliances à venir, etc.
Le prix Goncourt à un écrivain sénégalais affirme qu’un lecteur français sera toujours plus proche d’un écrivain noir que d’un polémiste blanc. Un amoureux de la langue française sera toujours du côté de Mohamed Mbougar Sarr.
Guillaume ton article me gêne un peu. Lorsque tu dis que cet écrivain était favoris et que « Si cela est vrai, c’est certainement une question politique et idéologique ».
Comme toi je n’ai jamais lu cet écrivain mais n’est-il pas réducteur justement alors que tu ne l’as pas lu de considérer que ce prix est juste politique et idéologique.
Je suis personnellement ravie qu’un auteur Sénégalais ait reçu un prix dans cette période politiquement nauséabonde et je lirai sans aucun doute ses écrits.
Pour autant je trouve aussi dangereux de laisser penser qu’il ne « méritait » pas ce prix et qu’il n’a obtenu cette distinction que par une volonté du jury de s’opposer aux diatribes racistes déversées sur nos médias par des politiciens abjectes.
Ne leur donnons pas de la matière pour leurs prochaines propagandes.
Lisons donc son livre…
Et nous pourrons le critiquer non pas comme le livre d’un Africain mais comme le livre d’un écrivain.
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Merci Marie pour ton commentaire. Oui, je te comprends mais je ne voulais pas réduire Mbougar Sarr à sa qualité d’Africain, ni encore moins sous-entendre qu’il ne méritait pas son Goncourt.
Les prix littéraires sont souvent motivés en partie par des raisons politiques et d’actualité. Quelques exemples.
Le Goncourt d’Atiq Rahimi (2008) pour soutenir les Afghans laïcs, celui de Lemaitre pour célébrer le centenaire de la guerre de 14, celui de Duhamel (1918) pour fêter la fin de cette même guerre. Celui d’Elsa Triolet (1944) parce que c’était une femme et qu’elle était communiste, et qu’on voulait par là célébrer la libération.
C’est la même chose pour les prix Nobel de littérature : celui de Seamus Heaney pour encourager la paix en Irlande du Nord, celui de Gao Xingjian pour favoriser la démocratie en Chine, celui de Romain Rolland pour envoyer un message de paix entre la France et l’Allemagne, celui de Pasternak pour envoyer un message à l’URSS, etc.
Tous ces gens cités ici méritaient leur prix, mais on ne les insulte pas en rappelant qu’il y avait aussi une raison extra-littéraire qui présidait à leur obtention.
Ceci dit, je lis le roman de Mbougar Sarr et en reparlerai quand je l’aurai terminé.
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