C’est une chose qui revient souvent dans les conversations quand on me demande ce que je vais faire en Allemagne et que je reponds vouloir m’occuper de mon foyer. Travailler hors de chez soi est jugé plus noble, plus enrichissant que travailler popur son logement et la vie domestique. Il va sans dire que je m’inscris en faux. Rien ne me paraît plus noble que de rendre son foyer propre et ordonné.
Percevoir un salaire serait une émancipation ? Quelle horreur de penser ainsi. Il me semble pourtant que Karl Marx montrait bien dans le premier livre du Capital que le salariat était une condition peu enviable, à la limite de l’esclavage ! Comment a-t-on pu en arriver à ce point de détresse morale où être l’employé de quelqu’un est vu comme un signe d’indépendance individuelle et de libération ?
Je me suis senti blessé quand on m’a dit qu’il était toujours préférable de travailler au dehors, quitte à s’entraider pour les tâches domestiques. Pourquoi cette obligation d’être sans arrêt au boulot ? Pourquoi cette injonction au salariat ? Ou à tout le moins à l’acquisition d’une part de capital ? Le système économique qui nous dirige a dû réussir à nous asservir ; sans doute nous a-t-il lavé le cerveau et convaincu de passer tout notre temps à être productifs.
Qu’il est délicat, ce sujet !
Et qu’il est personnel aussi !
Pour ma part, même si j’adore rester à la maison, je n’y fais rien de domestique, il faut que quelqu’un le fasse pour moi. Je lis, je rédige, je « télé-travaille », etc… et j’apprécie beaucoup mes journées au boulot, en présentiel, avec mes collègues.
Mais quand les obligations domestiques ne sont pas subies, je ne doute pas qu’elles puissent être agréables. Et tu as raison, il y a une grande noblesse à entretenir le foyer car cela revient à assurer du bien-être, du confort et de la douceur à ceux qui y vivent.
Pour autant, et pour rester pragmatique, le salariat a une utilité certaine : le salariat permet de percevoir un salaire. Et au-delà du fait que ce salaire permette de vivre – je t’entends déjà argumenter que l’on peut faire du troc, des échanges de bons procédés, mais ça ne fonctionne pas avec tout, ce salaire permet aussi de pourvoir aux contributions sociales telles que les aides, les retraites, les assurances-maladies, etc…
Alors, je le répète, le sujet est délicat et très personnel. Et je pense que l’essentiel pour chacun est de se trouver bien dans ce qu’il fait et d’y trouver son équilibre.
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Tu as bien raison de voir les choses comme ça Sophie. Si tu peux payer du personnel pour mener les tâches domestiques, franchement tant mieux. De plus tu donnes ce faisant du travail à des gens, c’est parfait.
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Je ne suis pas certaine que ce soit parfait !
Parfois, je me dis que j’aimerais être autrement. Mais avec l’âge, disons que j’assume ma manière d’être.
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Moi-même quand j’etais riche dans une monarchie pétrolière, pour soulager mon épouse, je ne faisais pas de tâches domestiques, je payais des travailleurs qui arrondissaient leurs fins de mois chez moi. Ce n’est plus possible depuis que je suis de retour en Europe car je suis redevenu pauvre. Mais le sage précaire, s’il est toujours précaire, n’est pas toujours pauvre, et le cas échéant, il réembauchera des « cleaners » à foison.
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