Mes amis migrants

Mon ami H. se trouve donc sur le sol européen depuis fin août et nous ne savons toujours pas ce qu’il compte faire. Il est vraisemblable que lui-même ne le sache pas.

Il a voulu venir chez nous mais la police aux frontières le repérait et le renvoyait en Italie. Il ne se sépare pas de son camarade d’émigration, ils sont donc toujours deux. Cela est préférable quand ils doivent dormir dans les gares et leurs abords. Ils y rencontrent d’autres migrants plus ou moins illégaux.

Un soir d’octobre, il est finalement apparu dans notre ville de Bavière. Amaigri et blessé, il avait besoin de repos et de reprendre des forces.

Après quelques jours chez nous, il s’est rendu avec un Tunisien clandestin qui se trouvait à Munich depuis un an, dans un centre d’accueil de réfugiés. Il semblerait qu’à cette minute il ait un lit dans une chambre ou un dortoir.

Je me demande vraiment ce que H. espère devenir ici. Je me projette en lui car moi aussi à son âge je me baladais sur la planète. Je ne peux m’empêcher de considérer H. comme un voyageur plutôt qu’un réfugié ou un exilé. Un Tunisien, un Algérien ou un Marocain, aujourd’hui, ne fuit ni la guerre ni la misère. Il fuit la frustration générée en Afrique par les réseaux, par la famille et par les touristes. Il vit sa jeunesse en prenant des risques et tente sa chance au pays des opportunités sans savoir ce que la vie lui apportera.

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