À bas le voile, « bien sûr », et vive la peinture

Toujours à Berlin, j’ai vu entrer le ministre de l’intérieur dans une salle du musée, qui affirmait avec force qu’une femme européenne ne pouvait pas se mettre un voile sur les cheveux.

Il était en grande conférence avec un journaliste payé par un milliardaire. Les deux hommes tombaient d’accord sur l’ignominie que représentait le fait de se voiler la tête.

Il y avait d’autres hommes avec eux mais je ne les reconnaissais pas. Certains disaient que se voiler la tête était un habitude venue d’Orient et même « d’une certaine religion », mais je ne sais pas à laquelle ils faisaient référence.

Toujours dans le musée de la peinture classique à Berlin, la Gemäldegalerie, je voyais mon ministre s’agiter avec gourmandise car son auditoire l’encourageait. « La tradition, en France et en Europe, c’est d’aller se baigner dans la mer en maillot de bain. »

La peinture, disait-il, devait refléter la laïcité, et les valeurs de l’Europe chrétienne. Cela me paraissait contradictoire comme parole, mais je préférais ne rien dire, pour éviter qu’on m’accuse de soutenir les Mollah d’Iran.

Je ne sais pas pourquoi tous ces touristes français, personnels politique et journalistique confondus, étaient à ce point obsédés par le voile sur les cheveux des femmes.

La peinture et l’art, disait le ministre, c’est le lieu de l’émancipation des femmes, pas de sa soumission à Dieu.

Porter un voile, reprenait le journaliste vedette, empêche de s’instruire et nous gêne dans notre identité, car c’était une manière pour les étrangers de nous envahir et de coloniser nos cerveaux.

Les étrangers imposent leur culture en forçant les femmes à mettre ce « tchador » sur la tête et le voile à lui seul est le signe que nous sommes en train de nous faire remplacer.

8 commentaires sur “À bas le voile, « bien sûr », et vive la peinture

  1. Merci à ce bog et à ces commentateurs de me tenir au courant de la vie institutionnelle de la République; moi je pensais que le ministre en question se nommait Darmanin…. Qu’est ce que j’apprend !

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    1. Franchement je ne m’en souviens pas. Dans la Gemäldegalerie, le peintre connu le proche est Ghirlandaio, dont mon billet présente une Vierge à l’enfant, exposée dans la même salle. La femme tirée par les cheveux par un barbare est une martyre chrétienne qui pourrait être Ursule mais rien n’est moins sûr. La seule certitude est que le tableau est un panneau italien du XVe siècle, c’est très vague mais c’est tout ce que je peux dire.

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      1. Oui, ce n’est pas observé. Le manteau de fourrure t’a paru proche des hérissons que nous utilisons pour ramoner. Ce bonnet sombre qui a l’air d’un étron pourrait faire partie de notre costume. Et les collants colorés, moi, jeune et mince, j’aurais pu les arborer avec fierté.

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