





C’est l’étrange nom de ce musée qui m’en avait toujours tenu éloigné. Glyptothèque. Quelle erreur de ma part. Au cœur du quartier des musées de Munich, ce bâtiment des années 1830 est rénové de manière ravissante et abrite une magnifique collection de sculptures de la Grèce antique et de Rome.
Le dimanche, le billet d’entrée coûte un euro.
C’est une drôle d’histoire de musée, presque un paradoxe à elle seule. On pourrait s’attendre à ce qu’un premier musée public soit dédié aux trésors locaux, à l’identité bavaroise, aux racines germaniques. Mais non, lorsque le roi Louis Ier de Bavière décide de fonder ce temple de la sculpture, il ne choisit pas de célébrer son propre passé, il préfère mettre en avant l’héritage grec et romain. Un geste qui en dit long sur la nature même du musée : bien plus qu’un coffre aux trésors nationaux, c’est une scène où l’on joue une certaine idée de la civilisation. Alors bien sûr, derrière cette admiration pour l’Antiquité méditerranéenne, il y a sans doute aussi une pointe d’ambition allemande. Une volonté d’inscrire la Bavière dans la lignée des grandes cultures classiques, de se poser en héritière légitime de cette pureté idéalisée. Une manière, peut-être, de revendiquer une certaine noblesse européenne, entre idéal esthétique, domination militaire et renouveau politique.
La deuxième guerre mondiale aura fait s’effondrer ce rêve allemand. La brutalité des nazis aura eu raison de la renaissance bavaroise qui essayait de se tremper dans les chefs d’œuvres antiques pour construire un nouvel âge d’or.



