Le paradoxe du contradicteur

Moi qui suis d’un naturel positif, je peux supporter toute espèce de critiques, du moment qu’elles sont rationnelles. Il y en a une, en revanche, qui me plonge dans un agacement sans fond car elle défie toute logique. Celle qui me reproche d’être un contradicteur.
« Toi, tu contredis toujours tout le monde. »
Si j’en conviens, alors je donne tort à cette personne au moment même où je lui donne raison.
Si, au contraire, je tiens à lui faire remarquer que je suis moins stupide que cela, que je ne contredis pas de manière systématique, alors je lui donne raison, mais en disant la vérité sur le fait qu’il a tort.

9 commentaires sur “Le paradoxe du contradicteur

  1. Pour moi, penser est naturellement un exercice dialectique thèse/antithèse/thèse bis/antithèse bis, etc., aboutissant parfois à une synthèse (auquel cas le fil de pensée se clôt et on passe à autre chose). Si bien que chaque fois que quelqu’un, ou que moi-même, formule une pensée nouvelle qui me semble intéressante, j’en teste instinctivement la solidité et la pertinence en formulant l’antithèse (parfois à voix haute, parfois en secret) – pas pour le plaisir de contredire, simplement pour réfléchir en conversant. Mais c’est très souvent mal compris, et interprété comme un geste d’agression gratuite.
    Je découvre alors, soudain, que mon interlocuteur est devenu d’une humeur massacrante, qu’il me jette des regards de haine, comme si j’avais essayé de l’humilier ou de le dominer. Ca me déstabilise complètement et m’attriste à chaque fois car je ne le vois jamais le coup venir, tout absorbé que je suis par mon amour de la réflexion.
    Parfois, ça m’arrive même en postant des mots sur des blogs…
    C’est la raison principale pour laquelle je me contente désormais de la compagnie de ma femme, qui me connaît et ne me suspecte pas de vouloir la dominer. Sinon, je me limite à des conversations superficielles. C’est consternant, mais c’est ainsi.

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  2. Le fil de « dieudonné et les nouveaux média » semble rompu: de chez moi, il est devenu impossible de rentrer un nouveau commentaire. Plus moyen d’appliquer la bonne vieille dialectique des familles au cas de Dieudonné.
    Guillaume redécouvre le célèbre « paradoxe du menteur », formalisé par les Eléates: si vous allez en Crète, il y a des chances pour que vous y rencontriez des Crètois, mais méfiez-vous, il faut savoir que ce sont tous des menteurs, affirmaient les gens d’Elée. Mais, si vous croisez un Crétois, et qsu’il vous informe lui-même, par amitié, de cette constation: « tous les Crétois sont des mythomanes compulsifs », vous avez un vrai probleme: si ce qu’il dit est vrai, alors c’est faux; si ce qu’il dit est faux, alors c’est vrai. Mine de rien, ce paradoxe est assez grave pour que l’on puisse s’appuyer dessus pour prouver l' »inconsistance » de l’édifice complet des mathématiques, comme le firent Tarski et Gödel dans les années 30.

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  3. Je savais que j’avais quelque chose d’un Godel. Je n’osais pas me l’avouer explicitement, mais a un certain niveau, j’ai toujours eu la crainte, l’anxiete sourde de finir comme lui.

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