Depuis ce matin, j’ai enfin accès au site du monde.fr, et à mon propre blog. Cela faisait plusieurs jours qu’ils étaient bloqués, ici à Shanghai. C’était d’autant plus fâcheux que j’avais décidé d’ouvrir un blog au Monde par prévention d’un blocage d' »over-blog », le serveur de mon blog « chinois ». En effet, la Chine interdit des sites, et en autorise d’autres, sans que l’on en comprenne la raison. Les sites pornos sont interdits (on peut comprendre pourquoi, et moi-même je m’en félicite, ça m’évite d’y perdre mon temps et mon moral), les blogs de canalblog.com, ainsi que de blogspot.com sont accessibles en passant par un proxy (un site intermédiaire qui permet de surfer anonymement.)
A propos des proxys, certains s’étonnent de la naïveté des cyberpoliciers chinois qui ne savent même pas, ou qui ferment les yeux, devant cette possibilité de contournement de l’interdit. Or, tout semble indiquer qu’ils maîtrisent mieux la situation qu’on le pense : les blogs de blogspot sont accessibles depuis un proxy, mais les sites pornos sont toujours – et tous – inaccessibles (là encore, je m’en réjouis.)
Après avoir bloqué wikipédia (que je ne consultais pas tant que cela, finalement), la cyberpolice a bloqué les principaux sites de partage de vidéos (youtube, etc.) qui sont devenus inaccessibles même en passant par un proxy.
Et c’était donc le tour du Monde, et d’autres sites d’information, d’être interdits. Où tout cela va-t-il nous mener ? Que vont-ils encore interdire ?
En revanche, « rue89 », qui est pourtant constamment critique vis-à-vis du régime de Pékin, n’a jamais été bloqué. A mon avis, les policiers procèdent à un immense bricolage qui consistent à agir dans le flou, l’obscurité, et à ne donner aucune explication, à ne donner aucune prise rationnelle, pour ennuyer au maximum ceux qui pourraient avoir envie de faire du mal au pays. La protection par des mesures hasardeuses. (Moi, si j’étais eux, je mettrais en libre accès quelques sites pornos, cela détournerait les activistes de leurs funestes visées.)
Bref, tout cela pour dire que si ce blog reste en suspens, voire en friche, pendant quelque temps, la faute peut en venir aux autorités du pays qui m’accueille.
Les cyberpoliciers informaticiens sont sûrement aussi compétents que leurs collègues informaticiens dans d’autres domaines. Mais ceux qui leur donnent des ordres ne le sont peut-être pas autant. L’éthique du professionnel obéissant mais pas content le conduit à appliquer bêtement l’ordre. Il y a des joyeusetés: par exemple flickr.com (partage de photos) n’est pas bloqué, mais un de ses serveurs de stockage des images est bloqué, pas l’autre. Une partie seulement des photos s’affiche. Quand la lecture de blogspot était bloquée, le serveur de mise à jour (blogger) ne l’était pas.
Et puis il y a les nécessités du développement économique.
Les entreprises ont le droit de creuser des tunnels sous la Grande Muraille en s’abonnant à des services de VPN (voir http://en.wikipedia.org/wiki/VPN ), circuits privés qui ne peuvent pas être filtrés. Cela leur a permis d’échapper très vite à la grande panne de l’internet asiatique en janvier 2007; c’étaient les capacités de filtrage des circuits de secours qui étaient saturées. Beaucoup de gens travaillent dans ces entreprises, et pas seulement des étrangers.
Les protocole d’échange sécurisé pour la télébanque (« https:// ») qui ne peuvent pas être interdits sous peine de ne plus pouvoir faire circuler l’argent servent aussi de support à des services de relais à l’étranger qui laissent tout passer (mais pas la video, trop gros débit). Avec ces services, on peut regarder les sites pornos (l’abonnement est payant).
J’ai l’impression qu’une seule chose obsède les gouvernants chinois: interdire aux Chinois d’écrire puis de lire des choses que la cyberpolice ne peut pas faire effacer parce que le service qui les accueille est hors d’atteinte.
Ce que les étrangers écrivent en langues étrangères leur indiffère, à mon avis. Quant au porno, c’est un gros argument du discours public de la cyberpolice: nous protégeons les citoyens.
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Ebolavir, je dis chapeau, comme mon copain Dominique.
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Ebolavir, ton dernier paragraphe me fait terriblement penser à 1984, et la réécriture constante de l’histoire par le gouvernement, en fonction des évènements et des accord passés : si le nord et le sud étaient amis, alors ils l’avaient toujours été, s’ils devenaient ennemis, même chose…
Ceci, couplé à des autodaffés « secrets » des livres d’histoire pour qu’aucune vérification ne puisse être faite des faits réels, et à une réécriture constante également du dictionnaire et des mots existants, en partant du principe qu’un mot qui n’est plus utilisé ne représente plus rien de concret, plus aucune émotion existente, etc.
Bref, on parle de porno et je réponds Orwell…c’est le monde à l’envers !
J’abuse des ptites pilules, moi !
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existante. accords.Merci, chuis fatiguée !
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