Henri Guaino était sorti de l’ombre en devenant un stratège de Sarkozy pendant la campagne présidentielle, puis un conseiller du président de la République. Puis il a fait beaucoup parler de lui lors de son discours à la jeunesse africaine, dit « Discours de Dakar ». Polémique qui, sans être relancée, est rappelée ànotre mémoire par les mots du président sénégalais qui a jugé hier le discours de Dakar « inacceptable ».
Il y a des discours qui restent. C’est important, un discours, lorsqu’on veut sortir de la langue de bois. Le sarkozisme est un mouvement médiatique qui aimerait que les analyses soient emportées par le tourbillon des gestes, des paroles, des voyages, des escales, des contrats, des déclarations, des postures. Mais il y a des chiffres qui résistent, qui pèsent d’un poids insupportable. Il y a des paroles, des actes et des résultats qui réapparaîtront à chaque fois que le nuage de poussière provoqué par le tourbillon médiatique se dissipera. La posture de l’insulte par exemple. Le sarkozisme a une utilisation constante et difficilement contrôlable de l’insulte, du mépris et de la haine. Guaino a été le dernier en date à en porter les habits, avec son « homme africain » décrit avec condescendance, puis en traitant BHL de « petit con prétentieux ». Au sommet de l’Etat, on attendrait un peu plus de maîtrise de soi. Même un professeur ne se laisse jamais aller à insulter un étudiant, quelle que soit l’injustice des propos qu’il entend tenus contre lui.
Depuis, Guaino, que devient-il ? Je l’attendais avec joie à Shanghai. Sarkozy n’a pas voulu faire en Chine de discours historico-lyrique. J’espère que c’est partie remise, car la Chine, c’est le lieu de l’histoire contemporaine par excellence, on ne peut pas l’ignorer tout de même, pour les livres d’histoire.
Non, sans blague, Guaino, on ne l’entend plus, il n’écrit plus, on ne l’interroge plus. Quelqu’un a-t-il de ses nouvelles ?
Aux oubliettes! vite aux oubliettes! et qu’il y entraîne son infâme patron….
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Dans ce cas là, plutôt que des oubliettes, autant que ce soient les toilettes, on peut tirer la chasse pour être à peu près sûrs qu’ils seront entraînés dans les égouts.
seul soucis : ils devront disputer leur nourriture aux rats, et sont un peu trop habitués à ça !!!
Mais un espoir aussi : qu’ils se fassent dévorer par les femeux crocodiles qui sont sensés les peupler également, ces égouts !
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J’ai entendu Guaino ce main à France Inter et je persiste à le trouver intéressant, car c’est un des rares à comprendre que la principale stupidité/monstruosité du capitalisme tel qu’il est compris en Europe (et plus précisément à la commission européenne) est sa volonté d’affranchissement de la politique. Selon la pensée libérale dominante, qu’il combat, la politique est une activité technique d’accompagnement. Guaino en a une conception autrement plus pertinente, aristotelicienne, qui est que la politique subsume l’économique, qu’il lui revient d’affirmer les fins dernières, l’économique étant au service de cette dernière (et non l’inverse comme dans la pensée libérale).
Un homme de gauche tel que je l’entends, s’il comprend cela, devrait être avec Guaino sur ce point, au lieu de se contenter de sympatiser avec les facteurs irresponsables et les arracheurs d’OGM à moustache.
Dans la vision défendue par Guaino, ce n’est pas la mystique un peu désuette de la Nation qui importe le plus, à mon avis, c’est sa conception haute de la politique, faite d’ambition et de volontarisme (au sens positif du terme).
Ce qui est grave dans le libéralisme, ce n’est pas le libéralisme en soit, c’est la religion du libéralisme, c’est sa mystique sous-jacente, faite d’anti-étatisme primaire et de logique de classe. Guaino, au moins, a compris ça.
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Au moins, Mart, vous répondez à la question que je pose dans mon titre, soyez-en remercié. Je suis allé écouter l’émission et là, je n’ai rien à me mettre sous la dent en matière de polémique, mais quand même, je me dis qu’il y a quelque chose qui cloche. J’écoute et j’entends un type qui se balade, et qui se fait balader. Je me dis que Sarkozy l’utilise moins comme conseiller que comme « intellectuel de service ». Il l’envoie parler avec les intellectuels, pour les occuper, il l’envoie sur France culture, france inter, il le laisse se faire cuisiner. C’est bien, ça sonne conceptuel, ça donne peut-être un vernis culturel, même s’il se fait un peu ridiculiser, parce que c’est un peu le cas : des interviewers jusqu’aux auditeurs, on a du mal à le prendre tout à fait au sérieux. Surtout quand il va défendre le « traité simplifié » alors même qu’il avait voté contre le traité de constitution. C’est clairement une arme politicienne pour Sarkozy, ce Guaino, et cela l’habileté de notre président, plus que la clairvoyance de ses conseillers.
Sur le libéralisme, je n’ai rien à ajouter ni à ce que vous dites, Mart, ni sur les conceptions de Guaino. Je recommande en revanche, d’écouter en différé l’émission Les vendredi de la philosophie, sur France culture (vendredi 7 décembre). Le titre : « Qu’est-ce que la liberté du libéralisme ? » Trois penseurs / professeurs ouvertement libéraux discutent sur quelques problématiques qui ont le mérite de lutter contre certains préjugés anti-libéraux.
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Je n’ai malheureusement pas le trop de temps libre en ce moment (les aléas de la vie précaire, où l’on passe du tout au rien…), mais je veux rapidement répondre : le projet de Giscard prévoyait d’inscrire le principe (dogme) de la libre concurrence dans la constitution, contrairement au traité de Lisbonne, ce n’est pas un détail et ça justifie qu’on vote non, puis oui. D’autant que face à Guaino, il y a des Ernst Janker (orthographe ?), président de l’Eurogroup, qui était interviewé ce matin sur FI (je vous conseille d’écouter aussi, c’est vraiment intéressant) : on dirait un autiste.
J’essayerais d’écouter l’émission de FC.
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Mettre l’économie au service du politique, et non l’inverse, ça peut passer pour un combat légitime si l’ennemi veut effectivement subordonner le politique à l’économique. Mais qui veut encore le faire? Affolées devant les menaces de la crise financiere, les banques centrales publiques décident aujourd’hui d’intervenir pour réguler le marché. On ne peut pas dire que le liberalisme pur et dur ait le vent en poupe. L’ultra-liberalisme, ce n’est plus l’ennemi public no1. Mais laisser croire qu’il le reste permet se montrer temperé, limite centre-gauche, alors qu’on est plutôt fric tendance fric. C’est un peu comme Sarkozy quand il dit que la banque centrale européenne doit rendre des comptes aux gouvernements européens: une maniere de faire croire que leur combat est celui de l’interêt général contre celui de la finance internationale apatride, libertaire et immorale, la vraie héritiere de mai 68, alors qu’en réalité c’est le contraire qui se produit. Mais la vraie question, ce devrait être: au service de quelle politique faut-il mettre l’économique? Moi, le volontarisme politique, le patriotisme économique, je veux bien, mais si c’est pour vendre les Rafale de chez Dassault à Kadhafi… J’ai du mal à croire que l’interet général se confonde avec celui des amis personnels de Sarkozy. J’ai l’impression Guaino et Sarkozy utilisent la rhétorique désuete du capitalisme familial de papa et une pratique beaucoup plus « libertarienne » de l’économie. Par exemple, on fait un traité européen pour se faire plaisir et pour se faire mousser et on diminue autant qu’on peut la participation des Etats au budget de la communauté européenne.
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La mention de la « libre concurrence », qui apparaît ici puis qui disparaît là, est plutôt un gadget, à mon avis, ce qui est clairement assumé par Sarkozy, qui ne se vante jamais d’avoir changé le traité, mais d’avoir « remis l’Europe en marche », c’est-à-dire d’avoir bricolé un ou deux trucs pour dire qu’on ne vote pas pour la même chose. Ce n’est pas stupide, d’ailleurs, ça évite à beaucoup de « nonistes » de perdre la face, et tout le monde est content.
Le problème, Ben, est que les Rafale de Dassault sont encore ce qui fait la force de la France. Quand mes Chinois sous-entendent que la France est sur le déclin, que les Français ne sont plus à même de lutter, qu’ils sont devenus d’arrogants buveurs de café libidineux infoutus de bosser sérieusement, quand ils prévoient pour la France un glissement vers la grande pauvreté, comme la Chine l’a connu après sa période de gloire, on est obligé de leur rappeler que la France est encore leader dans des industries d’avenir. Souriez, amis chinois, mais les hommes auront toujours besoin d’armes, et être leader dans l’armement, dans les transports (alors que nous entrons dans l’ère de l’hyper-nomadisme comme dit Attali), dans l’agro-alimentaire, dans le nucléaire, c’est le signe d’un pays qui a encore des ressources.
La question du libéralisme, c’est qu’on ne sait plus exactement de quoi on parle. Ceux qui se disent anti-libéraux devraient dire ce contre quoi ils luttent. Cela mérite d’y consacrer quelques billets de blogs.
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« Mettre l’économie au service du politique, et non l’inverse, ça peut passer pour un combat légitime si l’ennemi veut effectivement subordonner le politique à l’économique. Mais qui veut encore le faire? »
Quand uin outil aussi important que la politique du taux de change de l’euro n’est plus au mains des politiques, mais des banquiers, c’est que la question n’est plus « qui » , mais « depuis quand ? ».
Les EU, la Chine, le Japon ont tous une politique monétaire, il n’y a que l’EU qui s’interdit d’en avoir une. Airbus annonce maintenant qu’ils vont délocaliser, Peugot et Renault l’ont déjà largement fait, Daimler le fera demain.
Quand les EU décident de surseoir aux importations de textile chinois pour sauver leur industrie textile, c’est de la politique. Il n’y a que l’Europe qui s’interdit de faire ça, au nom du principe de libre concurrence. Là encore, la question n’est pas « qui ? », mais « depuis quand ? »
Ne voir dans la clause de libre concurrence qu’un gadget démagogique, c’est passer à côté de LA question politique majeure de l’époque. La question, ce serait plutôt « quelle philosophie de la concurrence pour l’Europe ? ». Baroso, le président portuguais de la CE, proposait de réfléchir sur un modèle combinant libre-échangisme dans l’UE et un protectionnisme réfléchi entre l’UE et le monde. Aujourd’hui, l’UE est l’endroit le plus ouvert à la concurrence mondiale de la planète. Et les phénomènes de chômage de masse et de paupérisation des classes moyennes ne sont pas étrangères à cette ouverture. Interdire aux politique de s’intéresser à cette interaction au nom de la libre concurrence, ce n’est plus simplement accepter que l’économique domine le politique, c’est accepter la disparition du politique.
Par ailleurs, je ne parle pas de Sarko, ni même de Gauino, mais de principes d’organisation sociale. Please, restons sur ce terrain ou cessons de communiquer sur ce sujet car vos procès d’intentions anti-sarko ou ant-guaino ne font pas avancer le schmilblick.
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Le terrain de discussion est déterminé en partie par ce qu’ont envie de dire les commentateurs, et en partie par le contenu des billets du blog. Ce billet s’interroge sur Guaino. Discuter sur les principes, sur les théories, sur les concepts, c’est bien aussi et je suis ravi qu’on le fasse ici, mais je continuerai de m’interroger, si cela ne vous dérange pas trop, sur les hommes qui nous gouvernent. On appellera cela des procès d’intention si on veut.
Ce qui se passe en ce moment dans l’UE, c’est grosso modo, si je ne m’égare, ce que Friedrich Hayek avait préconisé sous le nom de « théorie de la conjoncture », qui pensait que les politiques monétaires expansionnistes créaient une illusion de pouvoir d’achat, alors que la hausse des prix subséquente montrait (mais de manière différée) que l’investissement n’avait pas été pas rentable. Hayek pensait que l’épargne, au contraire de l’excès de crédit, permettait de revenir à un équilibre des prix et de sortir de la crise. Reste à savoir si les tenants de cette théorie (« néolibérale ») pensent que l’UE a plus de chances de résister aux crises que les USA et la Chine. Si on me demandait de trancher sur cette question, je serais bien emmerdé, je l’avoue.
Je reviendrai bientôt sur cette question du néolibéralisme.
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Haha, Hayek, je connais pas du tout mais il est inutile d’être un grand clerc pour deviner que ni le modéle du capitalisme protestant frustré épargnant vertueusement, ni celui de la finance immorale distribuant du crédit à tout va (« endettez-vous ! ») ne sont la panacée. A mon humble avis, ce qui fait la difference, c’est le taux auquel tu empruntes. Si pour te loger tu dois payer le double ou le triple du prix de ta baraque à ton banquier parce que tu as un taux évolutif, que Total, Bouygues et Dassault fassent des affaires ne change rien au fait que tu te retrouves à la rue.
De ce point de vue là, la politique bancaire des Etats-unis, avec son dollar faible, est tout aussi dangereuse, sinon plus, lorsque des taux de prêts à risque du racket banquier deviennent une menace pour le systeme financier mondial. Avec leurs prêts immobiliers « subprimes », les requins americains ont tellement bien réussi à s’enfoncer la tête dans la merde que nous allons bientôt les y suivre.
Si le politique impose un minimum de vergogne au capital et se soucie de redistribution, alors sa protection est nécessaire. Si au contraire, il protege les interets des champions du cac 40 français ( comme si le capital avait une nationalité ) au détriment de l’équilibre du systeme, tel que la banque centrale européenne essaie de l’assurer en luttant contre l’inflation ( je rappelle que l’inflation, c’est quand ton salaire ne te suffit plus pour acheter une baguette ), alors il serait peut-être préfèrable que des banquiers raisonnables renvoient le politique jouer dans la cour.
Il n’y a certes pas de politique monétaire en Europe et nous avons un Euro tres fort. Au vu des résultats, soyons pragmatiques, arretons l’idéologie, etc… au vu des résultats, je prefere encore ça à un systeme US au bord de la cessation de paiement. Et ne parlons pas du magnifique développement chinois et de la maniere dont sa croissance a formidablement amelioré le sort des mineurs de charbon et des journalistes.
Maintenant, imaginons juste un euro faible. Croyez-vous que pour nous remercier, Total fera des sacrifices pour maintenir un bidon de gasoil stable ? Un euro faible beneficierait aux actionnaires des entreprises qui exportent. Il serait une catastrophe pour les tous autres, ceux qui achetent du carburant d’importation.
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Je dirais même plus : la menace de délocalisation d’Airbus et de qui vous voulez, je doute beaucoup de leur sérieux. Les entreprises délocalisent toujours, et s’ils le veulent, ils le feront quel que soit le taux de l’euro. Et puis si les politiques basent leur politique monétaire sur ce qu’exigent les grandes entreprises, alors ça ne donne pas beaucoup plus de vigueur au politique non plus.
Surtout que lesdites entreprises peuvent tout à fait délocaliser quand même, après que la politique monétaire prenne une autre direction, car elles font ce qui est dans leur intérêt.
Guaino a dit, l’autre jour sur France Inter, que « dans l’histoire, la surévaluation d’une monnaie a toujours apporté plus d’inconvénients que d’avantages. » C’était pour répondre à Demorand qui faisait valoir le prix du pétrole plus bas grâce à la faiblesse du dollar. Mais, comme pour l’anthropologie africaine, Guaino n’a pas cité d’exemple, ni de source, ni rien, je me demande à quoi il faisait référence. Au Deutsch Mark ? A la Pound Sterling ? La Pund irlandaise ? La Couronne Suédoise ? Honnêtement, moi, je n’y connais rien, j’aimerais bien savoir, histoire de me faire une opinion.
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Je ne suis pas sûr que Guaino ait pensé à quelque chose de précis. Mais on peut trouver un contre-exemple dans le dernier hors-série d' »alternatives économiques », consacré à la finance: en 1998, voyant le taux d’inflation constamment bas, la banque federale americaine a baissé ses taux d’interets; d’où dépreciation du dollar, qui vaut moins cher, on peut donc ouvrir des crédits à tout vat, une masse de liquidités est disponible. Résultat: deux crises internationales: celle de la bulle internet en 2000, celle de l’immobilier l’été dernier. Dans le dernier trimestre, 625000 saisies en cours, avec expulsion de 625000 familles modestes de leur logement à la clé. On estime à un millon le nombre d’expulsions pour l’année.
La question que je me pose, c’est : pourquoi tout le monde, y compris la rédaction d’alter éco, pourtant pas vraiment sarkozyste, pourquoi tout le monde réclame-t-il la fin de l’indépendance de la banque centrale européenne, dans le but affiché d’une dévaluation de l’euro? il est bien évident que tout se joue au niveau des banques centrales, depuis la vie des entreprises jusqu’au quotidien des vraies gens, l’enjeu est énorme, mais personne n’explicite le débat. On peut donc supposer qu’il dissimule des interets occultes.
Pour moi, l’independance des banques centrales pourrait être un vrai symbole. Leur finalité, lutter contre l’inflation, est un interet général assez évident. Seuls les spéculateurs s’enrichissent en période d’inflation. La banque centrale pourrait donc être un modele de ce que doit être une « fonction publique », au service d’un interet général, y compris contre la volonté de gouvernements plus ou moins démagogues: la BCE, c’est le service de l’Empire contre les tribuns de la plèbe. Il y a là-dedans un côté incorruptible et coonservateur, presque romain ou monarchiste, qui me plaît bien.
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@ Guillaume :
Bien sûr qu’une entreprise poursuit son intérêt, et c’est bien normal. Elle délocalise si elle en a intérêt, et ne le fait pas si elle n’y a pas intérêt. La question n’est pas là. Elle est : comment faire en sorte qu’elles ne délocalisent pas ? Voir même, si on est plus ambitieux : comment attirer des investisseurs étrangers ? Parmi les très nombreux paramètres, il y a le taux de change de l’euro. En ce moment, du fait de la dépréciation historique du dollar, ce paramètre est primordial. Après, on s’en fout de savoir si les chefs d’entreprise sont égoïstes ou non, éthiques ou non, patriotes ou non. Ils cherchent leur intérêt et c’est tout. La seule chose importante, c’est de faire coincider cet intérêt particulier avec l’intérêt général. Pour cela, il faut qu’il aient intérêt à ne pas délocaliser. Car il ne faut pas oublier qu’une délocalisation, si elle permet d’économiser sur les salaires, coûte sur d’autres paramètres. Par exemple, il devient plus coûteux de faire circuler l’information, d’assurer le contrôle qualité, on perd souvent en réactivité, on s’expose à des fuites technologiques, on augmente les délais de livraison, etc.
Il n’y a aucune raison de ne pas prendre au sérieux les menaces de délocalisation d’Airbus. Une dépréciation de 30% l’euro par rapport au dollar, comme c’est le cas actuellement, c’est absolument énorme. Airbus ne survivrait certainement pas très longtemps à un tel handicap. Et il en va d’Airbus comme de Renault ou de tout autre grand groupe industriel. L’Europe doit déjà se battre avec des salaires bcp plus élevés, si on ajoute un euro si fort elle ne s’en sortira jamais. C’est de l’arithmétique élémentaire.
@ Ben : il ne faut pas faire des racourcis aussi violents que « le dollar faible est à l’origine de la bulle Internet ou de la crise des subprime ». Vous savez bien que les choses sont bien plus complexes que ça.
Par ailleurs, la finalité des banques centrales ne devrait pas, en théorie, se cantoner à lutter contre l’inflation, comme elles le font aujourd’hui. La lutte contre l’inflation n’est pas une fin en soi, c’est un simple moyen. La finalité, c’est la prospérité économique (que l’on définira un peu différemment si l’on est de droite ou de gauche, si on s’appelle Charles ou Nestor). Il y a eu un traumatisme de l’inflation à la fin des années 70 et on reste bloqué là-dessus. Quoi qu’il en soit, le simple fait que l’intérêt général soit dépendant de la politique menée par les banques centrales suffit à justifier le fait que l’on demande que leur gouvernance soit soumise à la démocratie, et donc à la politique. On ne peut pas, on ne DOIT PAS, pour des raisons évidentes, livrer les clefs de l’intérêt général à des banquiers anonymes qui n’ont de comptes à rendre qu’à d’anonymes fonctionnaires. Cela doit revenir dans la sphère du débat public, du vote public, de la politque publique, de la démocratie.
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De deux choses l’une , d’abord :
1) Guaino c’est pas Colbert et encore moins Keynes et je ne comprends même pas que l’on puisse continuer à faire autant de commentaires sur un type dont les notions d’économie politique sont encore à vérifier.On est (pas encore ) retourné dans une monarchie de droit divin et la derniere fois que j’ai vu ce « conseiller de président » (notion dont personne n’a répondu exactement sur la véritable valeur sur ce blog) s’exprimer sur le sujet c’était pour s’ésclaffer et se gausser dans un débat abscon et inepte entre Julien Dray et Besancenot incapables de trouver un terrain d’entente. D’ailleurs il fuyait le commentaire et ne semblait pas trés pédagogue sur ce qui est inflation , économie de marché , délocalisation (mauvais ca ce manque de pédagogie , c’est ce qui les perdra d’ailleurs à mon avis bref passons).
2)Puisque l’on parle délocalisation , du journal « alternative économique » (une bonne lecture ) et gestion (bonne et juste gestion n’est pas mart ? ) des flux financiers mondiaux, je ne peux m’empecher (étant de formation litteraire , et oui désolé ca arrive) de vous renvoyer à la lecture de cette réflexion de Gilles Deleuze sur les flux ( flux et stocks , flux et capitalisme, capitalisme et schyzophrénie, capitalisme et folie surtout , bref un pur moment de philosophie politique) qui avait eu de sacrés intuitions. Ca date un peu mais ca rafraichit a une époque ou l’on recoit des dictateurs lybiens sans trop de mauvaises consciences (mais çà c’est un autre sujet) Deleuze versus Guaino , je ne sais pas si l’affiche fait rêver, mais je crois qu’on en est encore la aujourd’hui ! Go to : http://www.le-terrier.net/deleuze/anti-oedipe1000plateaux/0214-12-71.htm.
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je ne crois pas avoir affirmé que « le dollar faible soit à l’origine de la crise des « subprime » mais d’autres l’ont dit: je cite juste ce que j’ai sous les yeux ( Sandra Moatti, alternatives economiques no 75 ): « les Etats-Unis s’en sont sortis ( du processus de desendettement du debut des annees 2000) plus vite grâce à une riposte qui apparaît a posteriori bien explosive: la baisse massive des taux d’interet à favorisé l’enrichissement immobilier des ménages, qui a évité la récession, mais au prix de la formation d’une nouvelle bulle. La stabilité de la croissance américaine ne paraît résulter retrospectivement que de l’art consommé des autorités monetaires à sauter de bulle en bulle. Jusqu’à quand ? » (p 41)
De toute façon, quoi qu’on pense de ces propos, il ne peut pas ne pas y avoir de lien entre les taux de change ( dollar faible ) et les taux d’interets. C’est donc bien que la politique de la banque federale a joué dans cette crise, parmi d’autres facteurs, bien entendu.
Or, il paraît que l’independance de la banque centrala soumission de la
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Dire le politique doit avoir la priorité sur l’économique ça ne veut rien dire du tout.
++ Si on veut dire « les impératifs de croissance ne doivent pas avoir pour corolaire une destruction du tissu social », ce n’est que du politique : on sait comment on crée de la croissance : on dérégule, on met en concurrence, on baisse les impôts. Manque de pot, ça augmente les inégalités. C’est donc le politique et lui seul qui choisit quel degré d’inégalité il est prêt à accepter en échange de création de richesse. Quand on dit « on fait passer l’économique avant le politique », ça ne veut souvent dire que « le politique a fait le choix de la création de richesse avant celui de l’égalité ». C’est grossier, mais c’est l’idée.
++ Si on veut dire « l’utilisation faite de la richesse d’un pays devrait être décidée par l’Etat et non par le marché », ce qui peut aussi être sous-entendu par politique > économique, ce n’est rien de plus qu’un débat socialo/libéral : les richesses sont-elles mieux utilisées par le marché ou par l’état ? Qui fait les meilleurs investissements ? Etc. Là je n’ai rien à ajouter aux millions de pages jamais écrites sur le sujet.
En ce qui concerne l’indépendance de la BCE, elle est nécessaire pour des raisons de théorie économique. C’est facile à comprendre, mais long à expliquer donc voici un petit lien : http://www.optimum-blog.net/post/2005/10/20/149-pourquoi-la-bce-est-independante-explique-aux-enfants
La Fed est aussi indépendante, elle a simplement des objectifs de croissance et non d’inflation. Ceci-dit avec le retour de l’inflation au niveau mondial, peu de chance que la paranoïa de Trichet change d’un pouce. Le problème de l’appréciation de l’euro c’est que ça n’a presqu’aucun rapport avec la BCE qui n’est qu’un bouc émissaire facile. Les responsables : l’économie américaine et ses déséquilibres et le gouvernement chinois qui joue sur les taux. Nous sommes donc dans un combat politique international plus que dans des questions d’institutions européennes. Enfin si, si nous avions un peu plus de pouvoir politique, les négociations pourraient être un brin meilleures…
Pour finir, à propos de la connerie monumentale de Guaino qui se permet en passant de mettre un milliard d’humains sous le même stéréotype du paysan qui vit avec la nature et qui se permet aussi une explication à trois sous du problème économique africain sans avoir probablement jamais rien lu de consistant dessus, un petit lien intéressant…
http://voxeu.org/index.php?q=node/779
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oups je pense qu’à cause de mes liens, mon messages est passé en spam ! help help !
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Non, Offrancemi, je l’ai récupéré, il était en attente d’autorisation, Dieu sait pourquoi.
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Non, ofrancemi, ce n’est pas le sens que je donnais à la notion de priorité du politique sur l’économique. Ce dont je parle, c’est simplement de la souveraineté du gouvernement.
Qu’est-ce que l’économie de marché ? C’est le résultat des interactions privées.
Qu’est-ce que la politique ? C’est la régulation de ces interactions par le gouvernement pour les rendre compatibles avec l’intérêt général, tel que le conçoit le gouvernement.
Affirmer la suprématie du politique sur l’économique, c’est simplement affirmer la pré-éminence du pouvoir du gouvernement sur le pouvoir de l’agent privé, qu’il soit une entreprise ou un individu.
Cela veut donc dire une chose bien précise.
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C’est donc une vision socialiste qui part du principe que :
1. le gouvernement travaille pour l’intérêt général.
(ce qui est loin d’être vrai, le gouvernement travaille la plupart du temps pour satisfaire sa clientèle en vue des prochaines élections. quels ont été déjà les premières mesures de Sarkozy ?)
2. le gouvernement gère mieux l’argent que le marché.
(ce qui est loin d’être vrai, puisque malgré ses défauts le marché se restructure plus vite que l’état, et par définition il agrège les informations, alors que les gouvernements la plupart du temps font au petit bonheur la chance ou alors nomment des lobbyistes pour mener des commissions. Ex : on nomme le PDG de la FNAC pour déterminer la politique du gouvernement sur les droits d’auteur. Je suis sûr alors que c’est bien l’intérêt général qui va être défendu… et pas celui des vendeurs de disques)
En fait si je vous comprends bien, par politique et économique, vous désignez cette bonne vieille tension des démocratie libérales entre intérêt général et libertés individuelles.
Le problème, c’est que les libertés sont plus faciles à déterminer que ce qu’est l’intérêt général. Et plus facile à garantir aussi.
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Non, ce n’est pas une vision socialiste.
1) je sais bien que le gouvernement ne travaille pas toujours pour l’intérêt général. Ce que je dis, c’est qu’il doit le faire. Et que, dans une démocratie, c’est de sa capacité à convaincre les électeurs qu’il le fait qu’il tire sa légitimité.
2) Je ne dis pas que l’Etat gère mieux l’argent que le privé, et d’ailleurs je ne le pense pas non plus. Je ne sais pas d’où vous sortez ça.
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ce que je pointais c’est que le gouvernement travaille rarement pour l’intérêt général par nature et non par vice, et qu’en outre il n’a aucune raison de savoir ce qu’est l’intérêt général sur la plupart des sujets.
Un gouvernement cherche à se faire réélire par nature, non pas à saisir l’insaisissable notion d’intérêt général.
Pour l’utilisation des richesses, j’ai extrapolé, mais l’idée est la même avec les actions. Les actions entreprisent par le gouvernement ne sont pas forcément meilleures que celles des acteurs privés. Les acteurs privés cherchent leur propre profit, qui souvent se calcule en euros, les gouvernements aussi leurs propres profits, qui souvent se calculent en circonscriptions.
La loi détermine l’expression de ces recherches de profits.
Je pointait simplement le fait qu’il est naïf d’imaginer que « le politique » ait une quelconque supériorité morale sur « l’économique ».
Pire, elle n’a peut-être même pas de supériorité démocratique, puisque le politique est le lieu de la confiscation du pouvoir par quelques représentants usant de démagogie la plupart du temps, alors que l’économique est le lieu d’expression de tout un chacun…
(PS : j’exagère volontairement pour faire monter la sauce et rendre le débat intéressant 🙂 )
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pointais… désolé il est tard ici…
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Je dois avoir la fibre argumentative, puisque je réponds…
Le gouvernement de CHERCHE pas ce qu’est l’intérêt général, à la manière d’une pépite d’or à sortir du ruisseau, puisque l’intérêt général n’est pas une essence platonicienne qui flotterait quelque part au-dessus des crânes de Sarko et Carla. Par contre, il le définit. C’est même le point de départ de son job et des clivages idéologiques.
Autrement dit, il est créateur et non découvreur. Ce n’est pas une question de morale à suivre, mais à définir ; pas un pb d’obéissance, mais un effort de conception, la formulation de ce qu’on juge être bien.
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De deux chose l’une
1) moi je ne mets plus de liens interessants puisque tout le monde s’en fout de DELEUZE apparemment.Si il suffit de repomper les articles d’alternatives économique ou les idées de Bernard Maris de Charlie Hebdo (ou d’autres du FIGARO
d’ailleurs) pour se faire entendre sur ce blog , alors vraiment ça vaut pas le coup et c’est philosophiquement parlant assez bas . On essaye de s’élancer hors des miasmes morbides (ce discours économiste qui nous pompe l’air depuis bientot vingt ans ) et voila comment on est remercié .
2) J’ai l’impression que certains commentaires précédents ont repris mon commentaire en deux points , mais ce n’est qu’une impression, ça fait ambiance collége ce copiage et c’est vraiment mais vraiment léger.En attendant « les conseillers » courent toujours en se frottant les mains , ravis que les seuls gens dotés d’un capital culturel digne de ce nom pour mieux les cerner et les remettre a leurs places se déléctent de discours execrables ou « le politique n’aurait plus aucune emprises sur l’économique.. ».C’est peut-être naif cette croyance au politique certes mais au fond je ne crois pas, en tout cas pas plus qu’une croyance (un peu moyennageuse) en une supériorité divine du marché que l’on serait incapable de controler , ca aussi c’est naif quelque part non ?
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