Debout à l’aube, j’ai voulu voir les premiers frémissements de la ville.
Ville nouvelle, ville dortoir, ville parasite des campagnes, et compagne morne des vraies villes. Comment vit-on à l’aube, dans une ville nouvelle ? C’est une question aussi importante que d’autres questions ; peut-être un peu plus importante que d’autres questions.
Bu un café chez le boulanger, sur l’esplanade, pendant que le boucher hallal, son voisin, préparait son magasin. Le boucher s’est assis à ma table et m’a parlé de l’histoire du quartier, des projets de parking et de grande surface.
Me suis promené au hasard. Au bout de l’esplanade, monté la côte où se trouvent un autre boulanger, un point internet/téléphones, et le « Point PIJ ». Traversé des unités d’habitation de la ville. Peu de graffitis, peu de dégradations. Par endroits, malgré tout, les traces noires de voitures brûlées.
Derrière les logements H.L.M., des résidences plus coquettes, des voitures plus cossues, mais toujours dans les mêmes couleurs ocres et terre qui se déclinent dans la commune.
Tout en haut de la côte, un espace dégagé s’ouvre sur les collines du Dauphiné et sur les Alpes, au loin. Par temps clair, on voit très bien le Mont-Blanc.
Un petit chemin descend sur la droite. Le chemin s’arrête et se transforme en sente, traverse une petite forêt, et la sente un peu cachée débouche sur une clairière en pente.
Au centre de la clairière, une arbre, un châtaigner je crois, pousse penché vers le ciel pour équilibrer la vision de la clairière en pente.
Je ne sais si la nature a été laissé en l’état, ou si cet agencement d’herbes folles, de forêt et d’arbres isolés a été pensé par des paysagistes de génie, mais la réussite est totale.
La promenade continue sur des chemins plus officiels et ramène sur la route. Des gens promènent leur chien. Je repasse par le centre commercial, l’esplanade du marché. Personne ou presque. J’achète quelques croissants et je rentre à l’appartement.
L’aube, ici, est peu suivie.