La France en verticale

Quand Cécilia et Michel sont venus me voir à Shanghai, le paysage urbain les a tellement étonné que Michel rêvait que Lyon soit la scène d’une urbanisation un peu gigantesque aussi. Dans les taxi qui filaient sur les boulevards aériens, il disait qu’à Vaise, par exemple, le quartier du maire de Lyon, plutôt que de détruire des tours HLM pour construire des petites habitations à quelques étages bobo, la municipalité devrait ériger des tours encore plus hautes que les HLM, des tours flambantes, flamboyantes, dispendieuses et ambitieuses. Mais il fallait rester social, alors on pouvait répartir les étages et aménager les tours : quinze étages réservés au logement social, et le reste pour les riches. Les plus belles vues pour les plus riches, etc.
L’idée de Michel m’est revenue avec force lorsque je traversais le France rurale et historique. Les châteaux de la Loire m’ont plu extrêmement, mais les villes autour ! Quelle bassesse, quel ennui, surtout l’été, quel conservatisme, Dieu de Dieu !
Du haut du château d’Angers, je regardais la ville et, je ne dis pas cela pour faire le rabas-bourgeois, mais je trouvais tout cela très plat, très bas. Toutes les constructions font cinq mètres de haut, où est la grandeur de la France ? Quasiment rien de ce qu’ont construit les hommes d’Angers ne dépasse la hauteur d’un château vieux de cinq siècles. Même sis sur une colline, le château aurait dû être dépassé par des bâtiments modernes. Le voyageur a l’impression que la ville n’a pas eu d’existence pendant le XXe siècle.
De l’autre côté de la Maine, des unités d’habitation d’aujourd’hui, mais aussi basses que les maisons du centre ville qui datent de la Renaissance. Du haut de la tour du château, je m’exclamais : « Si j’étais maire d’Angers, je construirais là une forêt de tours ! » Comme à Pudong, je ferais du gigantisme, pour réveiller la France profonde. Cela créerait des emplois pour tous les sans-papiers, et redonnerait du lustre à une vieille ville.
Lors d’une soirée de vieux copains, je relance mon idée et demande à mes amis s’ils préfèreraient, pour leur ville, que les habitations se développassent à l’horizontale, en lotissements tentaculaires, ou à la verticale, en forêt. Mes amis étaient partagés. L’une d’eux a pensé à une tour en coquille, qui n’aille pas trop haut et qui ne prenne pas trop de place au sol.
Un autre m’a pris à partie : « Mets-toi à la place des prolo, leur rêve ne serait-il pas d’avoir un petit pavillon avec un peu de terrain, où planter des bégonias, ou ce que tu veux ? » Je répondis que ce n’était plus le rêve des ouvriers actuels, ou plutôt que ce n’est pas celui des enfants de ceux qui vivent dans ces pavillons.
Il me semble que si l’on demandait aux jeunes qui écoutent M6 ou les radios à la mode, disons NRJ si cela existe encore, ils préfèreraient habiter dans une tour que les touristes prennent en photo quand ils passent sur l’autoroute, une tour proche du centre ville, avec une télé à écran plat, plutôt que dans un beau pavillon de banlieue, avec un petit terrain sur lequel on ne peut même pas jouer au football.
Il paraît que Delanoë veut développer Paris dans ce sens. Paris, bien sûr, mais Angers, nom de Dieu, qui pense à Angers ?

22 commentaires sur “La France en verticale

  1. des tours dans toutes les villes? pour le plaisir d´être pris en photos par des touristes? pour être heureux, l´orgeuil marche très peu et meme si ça marche c´est pas sain. Quand je rentre en France c´est justement ce que je préfere allez dans les bars authentiques pas fait pour les touristes rencontrer des gens du cru, je sais pas si il y a la sinistros en France comme tout le monde le dis, mais a chaque fois que j´y retourne on s´y amuse bien. Quand a la chine qui détruit tout ses vieux quartier pour faire du moderne c est bien, mais je suis pas surs que ça plaise aux gens du cru qui au final sont ceux qui y habitent

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  2. Angers aime là ou quitte là.
    Si tu veux je t’enverrai une carte postale futuriste avec des tours partout dans cette ville que je n’ai visité qu’une fois et effectivement sent fort la bourgeoisie de province. Ma carte, tu la posera sur ta table de nuit, tu la regarderas en t’endormant le soir et dans tes rêves tu verras entre tes jambes pousser la tour de tes rêves… pervers, moi aussi j’aime les tours surtout quand c’est moi qui les dessinent. Mon métier architecte.
    j’espère que t’es bien payé pour écrire tout ça.

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  3. 1) Dans le cas d angers, je suppose que c est du au fait que les environs du chateau sont classés (et heureusement sinon on aurait de hideuse constructions tout autour)

    2) les tours en France sont reservées aux pauvres (ex 93). Donc elles sont connotes negativements. A new Your par exemple c est linverse. Les riches vivent dans des tours au centre ville. Gros avantage : la securite. Il est facile de controler l entree d une tour. Bien plus que d une maison

    3) l avantage d une maison est pour le francais moyen (male) qu il peut bricoler/jardiner. Ceci evidement impossible au 30 eme etage

    4) la plupart des sans papiers n ont pas besoin de construire des tours pour avoir du travail. Ils en ont deja ! Un sans papiers par definition n a pas d existence legale -> pas de RMI ou autre prestation sociale. Donc s il veut manger, il lui faut travailler. Et resoudre le probleme du chomage pas une relance du batiement me parait completement illusoire. Jusqu a l explosion de la bulle immobiliere, le batiment allait tres bien en france et ca n a pas empeche la France d avoir un taux de chomage eleve. Le seul avantage des tours serait de faire baisser le cout du logement (et donc de reduire le transfert des jeunes (loyer ou primo accedant) vers les vieux (propritaires). Mais c est clairement pas une priorite de notre classe politique

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  4. Toutes les villes chinoises ne sont pas équipée de forêts d’immeubles … shangai que j’ai eu le bonheur de visiter est une vitrine voulue par un état qui a les moyens ! Une vitrine qui ne refléte pas l’urbanisme chinois dans son ensemble … mais contrairement à nos petite villes de provinces qui draine 100 000 à 200 000 habitants elle en draine des Millions … une ville de 100 000 habitants en chines n’est pas une forêt de tour.

    de plus j’ai entendu dire que plus de 50% des locaux construits sont innocupés … mais on construit pour la façade, pour le futur … la chines peu se permettre cela … allez trouver un prommoteur français pret à construire une tour qui sera vide … déjà qu’ils sont frileux en ce moment pour construire nos petits immeubles de peur de ne pas les remplir.

    A chaque ville son echelle …

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  5. Il faut habiter une tour pour pouvoir en parler… Nous ne sommes plus au XVI ou XVIII ème siècle où la puissance des rois s’exprimaient entre-utres par les mètres carrés deleur châteaux Et satisfaire les délires mégalomaniaques d’un maire de gauche ou de droite) n’est pas pas d’actualité Ce qui compte aujourd’hui c’est la qualité de vie et non la puisssance factice que l’on dégage avec la taille de ses tours (un peu à l’image des adoslecents qui mesurent leur sexe).

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  6. Il y a aussi des tours pour les classes moyennes, voir aisees en France. Par exemple dans la moitie sud de Marseille…

    Des tours contribuent contribuent a densifier l’habitat, se qui reduit les couts de tous les reseaux depuis les telecoms jusqu’aux transport en commun.
    Par exemple, on compare souvent les transport en commun de l’agglomeration Londonienne a ceux de l’agglomeration parisienne: L’agglomeration parisienne est deux fois plus dense que Londres, cela compte dans les couts des reseaux de transport.

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  7. Ou plutôt la précarité de la sagesse de celui qui prétend être sage. Il y a eu suffisamment de dégats de fait par ces prétendus intellectuels urbanophiles. Suffit de lire Lewis Mumford pour s’en convaincre, lui qui considérait les tours de verre d’hérésie totale, et qui préconnisait de ne jamais dépsser les constuctions de 3 étages. Les tours gigantesques sont la façon la plus stupide qui soit de construire une ville à visage humain.
    Et justement ces petites villes de bord de Loire, tranquilles autour de leurs vieux châteaux, que je connais si bien puisque je suis tourangeau, font tout le charme de cette région qu’on n’appelle pas pour rien le ‘jardin de le France’, n’en déplaise à tous ces pseudo-intellectuels parisiano-parisiens (qu’ils y restent à Paris non de dieu !!!) à qui d’autres pseudo-intellectuels remettent des prix d’architecture (je pense à Nouvel encensé partout dans le monde, mais qui fait raser un hôtel particulier dans le centre de Tours pour fabriquer son horreur de palais des congrès tout noir, qui au final aura coûté deux fois plus que prévu, et dont la casquette s’est écroulée juse avant l’inauguration).
    On s’en fout de l’égo de ces architectes véreux, la seule chose que nous voulons, c’est une architecture où il fasse bon vivre. Et, désolé, mais il y a quelques siècles il n’étaient pas si mauvais que ça !!!

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  8. Florent,

    Je ne saisis pas ce que tu veux dire… Ou trouves-tu que la qualite de la vie est meilleure Paris ou Londres?

    Ce que je disais (independamment des politiques de transports en commun) est qu’une densite de population plus elevee abaissait les couts de developpement et de fonctionnement des reseaux de transports en commun.
    Avantage Paris dans ce domaine, donc.

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  9. La tour vue comme symbole phallique, je n’y crois pas tellement. C’est pourquoi je parle de forêt de tours. Ce n’est pas une affaire de puissance mais de territoires, d’occupation des espaces aériens et souterrains, de populations à loger à la verticale ou à l’horizontale. Dire que la qualité de vie est nécessairement meilleure à moins de trois mètres du sol me paraît étonnant.
    A Shanghai, s’il est vrai qu’on détruit de charmants quartiers, c’est surtout à Pudong, c’est-à-dire sur les berges est du fleuve Huang Pu, où il n’y avait presque rien il y a trente ans, que pousse aujourd’hui un très beau ensemble de tours et d’immeubles de tous types.

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  10. Deux billets idiots de suite. Détruire les cartiers médiévaux pour faire des forêts de tours, fallait aller la chercher celle-là !
    Quant à la ville qui « dort », c’est sûr qu’au mois de juillet c’est calme…

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  11. au val fourre il n´yu avait rien avant qu´ils construisent les tours, faut voir le resultats 40 ans apres. au final on a de l avance sur la chine, et on sait que entasser les gens n´a rien de positifs….le luxe c est l´espace!

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  12. Il me semble que pour pudong ce sont surtout des tours de bureau … et personnellement quand je m’y suis rendu, même si j’ai aimé voir cela, ces tours qui sont architecturalement trés belles, ce quartier qui est impressionnant par sa taille … bennnn je ne me suis pas plus dit que vous à angers c’est super vivant. L’avenue du millénaire (je crois ?) est extrémement large mais surtout extrémement vide … l’autre rive et ses vieux quartier, son bund et surtout son animation était tout de même plus … comment dire … vivante.

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  13. Si ce billet a objectif de provoquer un changement de quelques mentalités françaises, je le comprends. S’il prend le sujet vraiment au sérieux, c’est inquiétant.
    Essayons de faire un sondage à Shanghai: je suis pratiquement sure que la majorité absolue des habitants locaux veuillent une maison plutôt qu’un appartement dans une tour.
    Un charme de la France à mes yeux, c’est la possibilité de préserver la diversité, l’habitat inclu.
    Un autre point à souligner: Détruire est trop facile, alors que réhabiliter est à la fois trop dur et trop tard.
    Tong (Chinoise)

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  14. Tong, ici aussi (en Angleterre) les gens veulent vivre dans une maison, et ils le font d’ailleurs.
    Le resultat est qu’ils doivent detruire les champs et forets pour cela et que les distances a parcourir quotidiennement s’allongent.
    Si les 20 millions de Shangaiens commencent a faire la meme chose, quelle serait la superficie de la ville?
    Florent dit que « le luxe c’est l’espace ». Exactement, a plusieurs millions dans une meme ville l’espace ne peut qu’etre tres, tres cher.

    Des tours partout c’est peut-etre extreme, mais etant donne la taille des metropoles du 21e siecle elles ont je pense toute leur place.

    Nicolas, apres les bureaux Pudong c’est aussi beaucoup de tours d’habitation. Comme Puxi d’ailleurs.

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  15. Je vois qu’on lit plus que je n’ai écrit, comme souvent. Le même malentendu a eu lieu dans la conversation avinée avec mes amis : je promeus des forêts de tours, mais je n’ai jamais demandé qu’on rase des quartiers anciens (d’ailleurs il y a bien une rive de la Maine où il n’y a presque rien, n’est-ce pas ? C’est-à-dire des unités d’habitation récentes, sans intérêt architectural, constructible à l’identique n’importe où si on y tient, etc.)
    Ensuite, Tong, je suis pour la diversité de l’habitat. Je n’ai jamais sous entendu que tout le monde devrait dorénavant, vivre dans des tours. Au contraire, la précarité contemporaine nous mène à vivre tantôt dans une cabane au bord d’un lac, tantôt dans une résidence surveillée, tantôt dans un lotissement…
    Enfin, cessons de voir dans les tours quelque chose de négatif, d’inhumain, de laid. Cassons un peu nos critères de jugement qui nous amènent à des aberrations, comme celle de préférer l’occupation des sols à celle des cieux.

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  16. En tant que Chinoise, je suis peut-être un peu trop traumatisée par les mots comme « la construction » et « la démolition » …
    En fait, Guillaume, c’est juste ce que je voulais dire: construire de nouvelles cités satellite à côté de métropoles, comme l’architecte LIANG Sicheng a proposé à l’époque au gouvernement chinois pour l’urbanisation de Beijing. Mais le résultat…

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  17. Pour info, non, il n’y a pas « presque rien » sur l’une des rives de la Maine à Angers, mais deux quartiers médiévaux (la cité d’un côté, la Doutre de l’autre).
    Au delà du cas angevin, ou tourangeot, ou grenoblois, c’est ton raisonnement qui est mauvais : une ville de 150 000 hab comme Angers, ou Grenoble, n’a absolument pas besoin de « forêts de tours » pour un milliard de raisons que j’ai la flemme de développer et qui relèvent pour une large part du bon sens.

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  18. Cela n’est pas faux, Mart.
    Tong, je pense pour ma part que si on faisait un sondage à Shanghai, une grande majorité de Chinois, shanghaiens de souche ou de récente immigration, préfèreraient vivre dans une des tours construites dans les dix dernières années, comparé avec toutes les autres habitations aujourd’hui disponibles dans la région de Shanghai.
    Mais ce n’est qu’une impression.

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  19. Oui je penses aussi qu’une bonne partie des gens préféreraient un habitat neuf en tour en périphérie qu’un insalubre en centre … mais c’est aussi faute d’alternative … si on leur propose de renover leur maison en centre … reste le probléme des tailles de logement qui me semblent un soucis dans le vieux shangai …

    … bref en france aussi les gens préférent la maison provençale … même dans le nord … faut voir ce que ça donne … 😦

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