Le Clézio prix Nobel 2008 ! La culture française n’était pas tout à fait morte finalement.

le-clezio-voyages.1223569485.jpg

Ce n’est pas beau, ça ? Pas magnifique ? Après ces ricanements américains sur la prétendue mort de la culture française, un de nos bons écrivains décroche le prix Nobel. J’ai pour ma part une autre raison de me réjouir : au moment où je me lance dans une recherche sur l’écriture du voyage, ce prix va peut-être rendre ce domaine de recherche encore plus porteur qu’il ne l’est actuellement. C’est important d’être porté par un sujet porteur.

le-clezio-voyage.1223569471.jpg

Bon, il n’y a pas lieu de s’étonner, soit dit en passant. La France obtient un prix Nobel de littérature à peu près tous les dix ans depuis un siècle. Une régularité étonnante qui pourrait être une réponse à ceux qui voient un déclin, mais qui n’est pas une réponse du tout, car cela ne signifie pas grand chose. Un petit rappel malgré tout, décennie par décennie :

Années 1900 : 2 Français

Années 1910 : 1

Années 1920 : 2

Années 1930 : 1

Années 1940 : 1

Années 1950 : 2

Années 1960 : 2

Années 1970 : Aucun

Années 1980 : 1

Années 1990 : Aucun

Années 2000 : 2

Voilà, cela devrait nous apprendre l’humilité autant que la fierté. Chaque décennie voit un Français couronné, aussi vivante ou aussi morne que soit la vie littéraire française. A voir ces chiffres, on n’a pas l’impression que la littérature française ait été si puissante dans les années 30, ni qu’elle soit si malade aujourd’hui. De même, on n’imagine pas que les années 1970 aient été si riches, et c’est un des ratages les plus prodigieux des jurés de Stockholm : l’absence totale des écrivains-théoriciens de la postmodernité, toute la bande des Barthes, Foucault, Deleuze, Derrida, dont les qualités d’écriture n’avait rien à envier aux écrivains purement littéraires, si cela veut dire quelque chose.

Alors Le Clézio, après tout pourquoi pas ? Il a tout pour plaire, il est un peu le gendre idéal, il bénéficie à la fois d’une aura de génie précoce, d’auteur expérimental et de classique (précoce aussi). Il est très étudié dans les French Studies à l’étranger, alors l’attribution du prix Nobel devrait rendre beaucoup de gens contents, et franchement, quel mal y a-t-il à rendre les gens contents ?

28 commentaires sur “Le Clézio prix Nobel 2008 ! La culture française n’était pas tout à fait morte finalement.

  1. «Il y a un indicible bonheur à savoir tout ce qui en l’homme est exact.» JMG Le clézio. Et je vous rappelle qu’il existe une association des lecteurs de Le clézio.

    J’aime

  2. Aussi incroyable que cela paraisse, une traduction anglaise de ce billet vient d’être publiée à cette adresse http://observers.france24.com/en/content/20081009-clezio-nobel-prize-french-culture-not-dead-after-all
    Une traduction qui m’impressionne, je dois dire, mise à part la dernière phrase qui me chagrine et un ou deux détails sans importance. Mon profil a été traduit aussi, avec des erreurs énormes concernant ma vie, mais qui sont peut-être plus utiles pour le lectorat étranger, et, partant, pour le site lui-même.
    Enfin, quoi qu’il en soit, je dis chapeau le traducteur, qu’il soit francophone ou anglophone de naissance, pour la rapidité et la qualité du travail.

    J’aime

  3. Mouais. Je le connais mal, juste lu ses écrits sur le Mexique et son livre sur Rivera/Kahlo, mais je le trouve un peu ennuyeux, bien pensant, un peu lourd, un peu trop sage. Mais ce qui me turlupine le plus, c’est ce que mange Guillaume sur sa photo : une huître ?

    J’aime

  4. La reactivite a ce point ne finit-elle pas par devenir radioactive ? Sans meme parler du record du PhD le plus rapide de l’histoire de Queen’s University. Tu es le grand Pulverisator.

    J’aime

  5. Guillaume mange une part de gâteau au chocolat que ses étudiants chinois lui ont apporté en cours, pour son anniversaire au mois de mars 2008. Il s’agit donc d’une photo exotique, avec vue sur Shanghai en plein après-midi. Qui a dit que les travel writers recherchaient avidement le pittoresque ?
    Je ne dirai rien de plus sur Le Clézio, je veux dire rien de mal, car je risque de tomber un jour sur un texte de lui qui me touche vraiment, ce qui n’est pas le cas de tous les écrivains un peu lourds.
    Oui, Dominique, je suis le premier surpris par la traduction anglaise de mon parcours. Tant d’erreurs en si peu de mots, ce ne peut être que volontaire.

    J’aime

  6. Tu es la Laure Manaudou de la littérature comparée hé hé hé..et moi, attentif lecteur ton Phillipe Lucas…aussi en bon entraineur que je suis, je t’ordonne de travailler encore encore et encore ton écriture,ton style (la il y’a du boulot vraiment mon pauvre ami) . Le jour ou tu seras aussi « lourd », « ennuyeux « , et « bien pensant » que Le clézio, on en reparlera…

    J’aime

  7. Gunther, t’es lourd !
    Appréciez la « sagesse précaire » d’un Le clézio plutôt trés en avance sur son temps : « N’achetez pas de voiture, ne possédez pas de maison, n’ayez pas de situation. Vivez dans le minimum. N’achetez jamais rien. Les objets sont gluants … »
    [ L’Extase matérielle (1967) ]
    Et ca date de 1967, quel écrivain ! Merci les suédois pour ce moment de bonheur rare et unique. Sinon,toi l’humble lecteur, l’ écrivain fauché ou mondain (ou les deux) ,oui toi l’ universitaire précaire, bref sage ou fou riche ou en crise, rejoins cette association : http://www.associationleclezio.com.(20 euros pour une année) Et rejoins nous dans la communion pour célébrer notre dieu vivant, notre pére a tous, JMG LECLEZIO ! Vive la france, vive les lettres et vive Le Clézio, amen.

    J’aime

  8. En même temps, Guillaume, on remarquera que lorsque l’écrivain voyageur enlève le pittoresque, alors il ne fait plus beaucoup voyager : il nous montre un homme dégustant un gâteau chinois sur un balcon de Shanghai, et on voit un homme mangeant une huître bretonne sur un balcon de la Courneuve. Pas grave dans l’absolu, mais gênant pour la catégorie « écrivain voyageur ».

    Gunther : avant de donner des leçons de style, il faut apprendre à lire : ce n’est pas Guillaume qui a utilisé les mots que tu lui reproches, mais un de ses commentateurs.

    J’aime

  9. ah c’est pas mal çà, moi je croyais que Guillaume bouffait un nem sur le balcon d’une cité de la banlieue lyonnaise…je continue ma propagande pro-leclézio (vous me direz il a pas besoin de moi a l’heure qu’il est…mais j’entends déja des tas de gens dirent qu’ils ont tout lu et adore son oeuvre…avec des tas de « fôôôôrmidâââable » que doit hair et fuir ce cher écrivain voyageur exilé au nouveau mexique.enfin…) et bien sur google actualité vous avez un panel d’articles interessants sur Le Clézio dont un trés joli (fôôôormidâââable plutot) de Sollers.

    J’aime

  10. On lit ici ou la dans la presse etrangere, qu’il faut voir les choses d’un point de vue non-patriotique, ce qui est vrai. Pourtant, ce ne sont pas les Francais qui disent que la culture francaise est sur le declin, ce sont les amglo-saxons, suivis par le monde entier. Quand les choses tournent mal, on dit que c’est typiquement francais, et on trouve des causes dans le mode de fonctionnement present en France. Quand les choses tournent bien, on dit que cela n’a rien de national, que c’est universel, et que cela marche en depit du mode de fonctionnement present en France.
    Je preconise qu’on choisisse une des deux interpretations et qu’on fqsse preuve d’un peu de constance.

    J’aime

  11. Divers articles croisées hier et aujourd’hui en Chine rappellent que la littérature a son centre en Europe et particulièrement en France.
    J’ai lu Le CLezio il y a trop longtemps ( et n’en garde qu’un lointain souvenir sans éclat, il va falloir relire.
    Les collégiens en 6e ou 5e accrochent assez bien à Lullaby.

    Quelle est la part de légende du célèbre Sage et de la réalité du fameux petrol pump attendant ci-dessous?

    Born in 1972, I’ve studied philosophy, trained in a factory, museum and university, worked as a chimney sweep, philosophy professor, petrol pump attendant, modern art museum conference organiser and restaurant waiter.

    I’ve lived in France, Ireland and China. I’ve travelled in Africa, Europe and Asia. I’ve just finished writing my PhD on travel writing at Queen’s Belfast.

    I write for various sites and blogs and also run my own dedicated to China.

    J’aime

  12. A propos de cet article en anglais, j’aime bien, ça fait vraiment « on the road again » , kerouack nouvelle génération, ca fait plus classe finalement, vous ne trouvez pas ? : on passe du « il » au « I »(je) donc c’est plus « affirmatif », peut etre même plus vendeur, plus accrocheur…on ne peut m’empécher de penser a des biographies d’écrivains américains des années cinquantes-soixantes (Carver,Bukowsky…) mais c’est peut-etre un effet de mon imagination…

    J’aime

  13. Il n’y a pas de legende, j’ai bien ete pompiste, comme tout le monde. Le truc, c’est que les autres ne mentionnent pas ce genre d’experiences dans leur bio, ils se limitent a ce qui fait sens. Pour un sage precaire, ce sont ces experiences en usine, en sation-service ou en restaurants qui font sens. Elles sont reelles et elles donnent a mon avis une touche romanesque a une vie de blogger.
    En revanche d’autres choses sont fausses dans la trad anglaise, comme le doctorat que je commence a peine et qui s’y trouve deja termine.

    J’aime

  14. j’aime bien le : « j’ai bien été pompiste…comme tout le monde »…le « comme tout le monde » surtout…désolé, j’ai moi même fait des boulots précaires (pour ne pas dire de m… : pion, « boy » a tout faire dans des colos sordissimes, »plongeur » dans des restaus minables, taxis parfois) mais ça « petrol pump », jamais…je n’ai pas de regrets bien sur , mais je veux bien reconnaitre que sur une bio d’écrivain-bloggueur « précaire » ça peut faire sens.

    J’aime

  15. « Slave to make everything in pitiful summer camps and taxis for morons of the Alps ». Ca c’est pour ma bio perso quand je serai plus grand et que je fairai des articles sur des prix nobels que tout le monde pourra lire sur Internet ; en français : « Esclave a tout faire dans des colos minables et taxis pour crétins des alpes. ». Je trouve la version anglaise trés poétique et si j’étais Léonard Cohen ou Bob Dylan dans les années soixante j’en fairai le premier vers d’une chanson, malheureusement je ne suis que moi dans les années 2000 et je me commenterai d’un simple post sur le blog du sage précaire.

    J’aime

  16. …  » Seuls ceux qui visent à la perfection peuvent avoir un but précis dans la vie.Seul ce but précis leur permet d’atteindre la sérénité d’esprit.Seule cette sérénité procure un repos paisible.Seul ce repos permet d’apprendre à penser.Et seulement alors on peut parvenir à la connaissance.Les choses
    ont une base et une structure et les évènements ont un commencement et une fin.C’est pourquoi connaître la suite logique ou l’ordre relatif des phénomènes, c’est le commencement de la sagesse. .. »(LinYutang)

    J’aime

  17. Oh je ne sais ce qui me coute de raconter ces anecdotes…pourtant, a feuilleter depuis une semaine tous les articles consacrés a cet auteur culte (le clézio) dans ce petit C.D.I de banlieue parisienne dans lequel je travaille, je ne peux m’empecher de penser , me souvenir…souvenirs de lectures et souvenirs de visages se confondent…Mais voici l’histoire : en sixiéme j’avais une professeur de français qui était également professeur de dessin. Elle était formidable, nous parlait toujours de voyages, de lectures, était un peu « speed », mais trés attachante. A l’époque je dévorais Pagnol, Gotlib et « La grosse Bertha » (l’ancetre de Charlie Hebdo version 90) que m’avait refilé un pion, j’adorais les dessins, les caricatures…. Je me débrouillais assez bien en fiche de lecture, et j’avais eu une bonne note sur un texte de Daudet (« le petit chose »). J’étais pourtant mal dans ma peau comme beaucoup de collégien : l’ambiance du collége ou tout le monde se bagarre, ou il faut montrer son carnet et marcher droit comme dans une caserne me dégoutait littéralement.Heureusement, cette prof de français nous ouvrait des horizons de liberté et de bien etre que je n’oublierai jamais.Un jour elle etait revenu en larmes en nous racontant le départ d’amis chers vers des pays lointains (profs expatriés) a bord d’un petit bateau, elle seul sur le port avec son petit mouchoir, evidemment ca peut paraitre risible mais pourtant ca m’est resté…elle nous raconta cette étrange émotion, ce « chagrin des départs » dont parle Brel, et pourtant ce mélange de joie et de tristesse était un bienfait pour elle. C’est la, dans ce cours que j’entendis parler pour la premiére fois de le clézio.Il devait passer en fin de semaine sur Apostrophe ou en tout cas la seule émission littéraire de l’époque avec bien sur le trés cher mais oublié Bernard Pivot.L’écrivain qu’elle chérissait sortait un bouqin de voyage sur le désert ou quelque chose comme çà et elle nous conseilla pas mais obligea littéralement a regarder cete émission (elle avait compris la puissance du média télévisuel sur des esprits prépubéres et immatures comme nous l’étions…). Je crois que c’est la premiére émission de télévison littéraire que je vis, aussi pour moi, Le Clézio est un peu l’écrivain des premiéres fois, de la révélation aussi, de l’éblouissment…mais vous allez voir , ca va devneir encore plus savoureux aprés. L’émission, je ne m’en rappelle plus, a part quelques images de voyages, surtout ces images : l’Afrique, l’ile Maurice, le desert marocain, le Mexique…ce qu’a dit Jmg le clézio, je n’en ai plus écho, cela doit pouvoir se retrouver quelque part, hélas, je n’en en trouve trace sur youtube , peut etre sur le site de l’ina alors…Or il se trouve qu’a cette époque, mon voisin de table, dans ce cours de français, s’appelait…Jean-Marie (oui comme l’écrivain, c’est fou non ?). Pas mal vous allez me dire, sauf qu’il detestait lire et ne comprenait pas que l’on puisse ainsi perdre son temps a bouquiner. Cependant, malgrés cette différence nous étions trés ami et passions nos temsp libre à faire du velo cross, échanger des films vidéos, faire un mini groupe avec un pauvre synthé en plastique…

    J’aime

  18. Il faut dire qu’il ressemblait a Le Clézio étrangement , vraiment, en plus petit (nous étions les boucs emissaires de la classe a cause de notre petite taille qui avait forgé notre amitié), plus trappu,mais aussi athlétique. C’était un grand sportif, il était champion junior de hand ball du département ce qui forcait mon admiration.Aujourd’hui , lorsque je vois les photos de Le Clézio partout dans les journaux je ne peux m’empecher de penser à lui.

    J’aime

  19. Il y’a un écrivain français que j’aime vraiment beaucoup, mais vraiment beaucoup c’est Claude Roy. De lui je n’ai lu que quelques livres, mais un m’a marqué, c’est son journal essai : « les rencontres et les jours ». Pour lui, la vie réelle , l’amitié, la rencontre est imbriquée avec les plaisirs de découvertes artistiques (surtout littéraires dans son cas) tout au long de son existence ou politique, poesie et rencontres se mélangent.Au passage, il a écrit de trés beaux livres sur la Chine, un pays qui l’a fasciné. Et bien je crois que c’est pareil pour cet ami dont je parle et ma découverte de le clézio qui coincide en même temps que ma découverte de la lecture.Je ne suis pas bouleversé mais troublé par les coincidences qui arrivent parfois dans la vie avec cet ami et cet écrivain. Mais l’histoire ne s’arrete pas la. Les années ont passé, et en prenant mon train de banlieue préféré pour rejoindre ma non moins préférée ville lumiére que tout le monde connait pour des cours a la fac je fais une recontre etonnante. Comme la gare est ici un haut lieu de rencontres et de retrouvailles en tout genre (comme le bistrot , mais passé un certain age, c’est glauque en banlieue…) je croise il y’a quelques années donc un ami que nous avions en commun, Ben (rien a voir avec le légendaire commentateur de ce blog, lui c’est Benjamin, jeune médecin de son état).C’est alors que j’apprends qu’une série de tragédies personnelles s’est abattu sur le pauvre Jean Marie et qu’il a fui la région, ses proches,son métier (j’apprends qu’il est devenu…flic) « pour calmer ses nerfs » ,se défouler…Ben m’apprend qu’il est parti dans le sud casser des pierres, bénévol chef de chantier international dans une sordide banlieue de la région niçoise… »région niçoise », tiens qu’est ce qu’il a bien pu foutre la bas…..et puis a la fin de la journée, je me dis mais bon sang la région niçoise, nice, c’est, mais oui !!…c’est la ville de le clézio !!! la j’ai cru que j’allais devenir complétement ouf…donc pas bouleversé mais troublé,a chaque fois avec leclézio il m’arrive des trucs bizarres de ce style…

    J’aime

  20. Attendez encore un truc de dingue…Hier au soir, voila ti pas que prenant des cours du soir pour une formation poussée de bibliothécaire, on nous demande de rédiger une notice pour une obscure revue de médecine éditée… a Nice comme la ville natale de Le clézio !!! Bon ok c’est nul comme anecdote et je deviens complétement ouf avec çà… non mais sérieusement vous avez vu la classe de leclézio quand il a reçu son prix nobel ?

    J’aime

Répondre à Guillaume Annuler la réponse.