« Rentre chez toi! », « Débranche tout ça! »
Les fans de Bob Dylan ne supportaient pas de le voir jouer autre chose que des chansons engagées accompagnées à la guitare folk. A Londres, autour de 1965, des images d’archive nous le montrent en petite star que tout oppose à son public. Il lui fallait un sacré courage pour imposer à tout le monde une musique si révoltante pour tout ceux qui avaient fait sont succès.
Des millions de jeunes étaient prêts à l’adorer s’il continuer à faire des chansons folk, et il fut prêt à se faire huer constamment, dans toutes les villes du monde occidental. C’est en faisant ça qu’il a créé un mythe.
Il voulait créer quelque chose de l’ordre de la saturation du son, de la masse, de la lourdeur orchestrale. On l’entend bien dans l’enregistrement de Ballad of a Thin Man, la chanson devait migrer vers un univers de son qui ne la séparait plus du cri et de l’effroi.
Ce qui est amusant, c’est de le voir dans sa voiture, excédé : « Don’t booe me anymore! » Arrêtez de me huer. Il récoltait pourtant simplement ce qu’il avait semé, il aurait dû être content de voir que ce qu’il tentait fonctionnait. Il reproche à ces jeunes de crier trop fort pour jouer juste. « J’ai même pas envie de jouer juste. »
Il aurait dû comprendre, Bob Dylan, que ce sont tous ces cris qui formaient l’événement musical historique. Si les gens s’étaient tus, et si le groupe avait joué harmonieusement, cette tournée interminable n’aurait pas été ce mélange de haine, de déchaînement de passion froide et de chute.
Peut-être l’a-t-il désormais compris.
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