Moustache, charité et créolité

Ce mois-ci c’est « Movember ». La moustache de novembre. Une action de charité à la con qui nous vient d’Australie. On se laisse pousser la moustache pendant un mois, pour lever des fonds pour la lutte contre le cancer de la prostate. J’ai demandé à mes camarades, quel est le lien entre la moustache et le cancer de la prostate ? La masculinité, m’ont-ils dit, peu sûrs d’eux-mêmes.

Les hommes de mon bureau ont donc décidé de se lancer dans l’aventure, et je les accompagne. Je me trouve ridicule avec une moustache. De plus, à la fin du mois, je dois donner une conférence où je dois faire bonne figure. Cette connerie de moustache me donnera encore davantage l’air terroriste que les services de sécurité des aéroports européens me prêtent déjà.  

Moi, ce que je propose à mes camarades thésards, c’est qu’on lève des fonds pour quelque chose de plus égoïste. Un voyage pour notre gueule. Je préconise une visite des Caraïbes. Une fille des French Studies fait sa thèse sur des auteurs haïtiens. Une des Spanish Studies rêve d’aller à Cuba avant la mort de Castro. Une autre désire découvrir la Jamaïque. Moi, mon cousin Fred et mon ami Patrice habitent en Martinique. Et je rêve d’Amérique.

On organiserait des concerts et des breakfasts où l’on dirait franchement : rassurez-vous, tout l’argent que vous donnez sera investi scrupuleusement pour servir la cause que nous mettons en avant : prendre du bon temps sur les îles.

Trois langues seraient mises à contribution : le français en Haïti et Martinique, l’anglais en Jamaïque et l’espagnol à Cuba. Que demande le peuple ? Tout cela est parfaitement pertinent du point de vue éducatif, dans le cadre de notre institut de langues étrangères, où ne restent plus que des langues romanes. Enfin, la lourde tendance « postcolonialiste » des recherches littéraires, en pays anglophones, nous invite à baiser le sol de la créolité et du père des écrivains post-coloniaux, j’ai nommé Aimé Césaire. De la première « République noire » (Haïti) jusqu’au dernier penseur glissant, notre temps est venu d’aller faire un tour du coté de la « poétique de la relation » et de la « pensée-archipel ».

Et puis là-bas, au moins, il est possible que porter la moustache soit un peu plus conforme aux goûts des populations locales.

12 commentaires sur “Moustache, charité et créolité

  1. Des photos non, pas de moi, il y en assez des photos de moi.
    Mais oui, c’est vrai que je pourrai faire Gaulois, au fond. C’est vrai que cet aspect pourrait m’être utile le jour de ma présentation.
    Très belle citation Saint Thomas.

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  2. Effet inattendu de la moustache, maintenant que je la porte depuis une vingtaine de jours: on me sourit beaucoup plus. Je ne pense pas être plus séduisant, mais peut-être ai-je l’air plus bonhomme, plus patelin, plus rassurant. C’est une information à garder en mémoire.

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  3. Ca y est c’est terminé. J’ai rasé ma moustache ce matin, 1er décembre. On m’a dit que cela ne m’allait pas trop mal, que je ressemblais à : un Français, un Russe, un Polonais, un Stéphanois (ça c’est moi qui l’ai pensé), un Américain chanteur de country, un Gallois de retour de la messe.
    On m’a dit que cela me rendait menaçant, et que cela me rendait plus gentil.

    Le groupe auquel j’appartiens, emmené par Ricky et sa notoriété de rock star, a monté un profil sur le site de « Movember »: on a récolté 500 pounds pour la recherche contre le cancer de la prostate! 500 livres, ça fait 600 euros! Cela paie, de se faire pousser la moustache.

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  4. bin là dis donc, même sans moustache , sur la photo d’hier à Lyon, t’es beau bonhomme tu sais ,gentil sage précaire, dit-elle de sa petite voix fluette de soixantenaire en mettant le zoom à 200%…

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