« Episode », c’est le mot qu’on emploie, en géographie, pour désigner les gros orages qui s’abattent sur le sud de la France, en provenance des Cévennes. La définition exacte, je ne la donnerai pas car je ne la connais pas.
Tantôt on m’explique que ce sont de grosses pluies qui durent des jours, une sorte de mousson.
Tantôt on me dit qu’il s’agit de précipitations « tournantes », tourmentant et harcelant les Cévennes en tourbillons mélancoliques.
On parle aussi d’ « entrées maritimes », de vapeurs salées qui montent comme un immense fantôme, et se cognent à l’Aigoual en grognant, et finit par éclater en sanglots de fin du monde.
Car l’épisode cévenol a toujours un petit côté fin du monde. Les rivières débordent avec un fracas sans égal. Les pierres sortent des lits de rivière et frappent les maisons, détruisent les ponts. Cela explique pourquoi le vieux pont du Vigan est si haut. Si le premier enjambement est gigantesque, c’est que l’Arre a plusieurs fois réduit à néant les différents ponts qui se sont succédé depuis l’an mil.
L’année dernière, Valleraugue a connu des débordements de l’Hérault tels que personne, pas même les plus anciens, ne se souvient d’avoir vu une telle furie.
Un beau roman d’André Chamson comporte un épisode cévenol. Les hommes de la route ménage au centre du récit un fleuve en crue qui bouleverse la vie des paysans et des ouvriers.
A bien y réfléchir, tout roman qui se respecte devrait avoir son épisode cévenol, coincé entre l’épisode amoureux et l’épisode des réconciliations.
Moi qui passe automne et hiver sur un terrain en montagne, entre l’Aigoual et la mer, je confesse espérer en secret être le spectateur d’un « épisode ». Quand la petite maison en pierre sera terminée, c’est mon rêve de pouvoir contempler la fin du monde depuis ma fenêtre artisanale.
L’eau froide qui dévale les pentes montagneuses, prenant des chemins inhabituels… il y a de la poésie là-dedans.
J’aimeJ’aime