Cela fait maintenant des mois que je rêve d’une baignoire supplémentaire sur le terrain, afin d’y aménager un foyer, d’y faire un feu, pour chauffer l’eau, et de m’y prélasser en plein hiver.
Maintenant que je progresse en astronomie, le bain chaud est un observatoire idéal pour profiter des rares constellations que je sais reconnaître. Grande Ourse, Petite Ourse, Orion, Lièvre, oui, je suis indéniablement sur le chemin du quadrillage du ciel.
Un ami voisin, qui habite en bas, près de l’Hérault, avait une baignoire en fonte ou en je ne sais quel matériau métallique lourd et solide, dont il ne voulait plus. Mon frère et sa compagne l’ont mise dans leur voiture et l’ont montée au terrain.
Je suis allé la voir dans la voiture. Elle ne brillait pas, tant s’en faut, mais pour moi c’était tout comme. Cette baignoire était mon saint Graal. J’allais m’y prélasser au beau milieu de la neige et de la nuit. Mon frère, ça ne lui faisait pas très plaisir de porter un tel truc. Il avait du jardinage à faire, des choses qui demandaient de la précision. Or, la baignoire, il fallait l’installer sur une terrasse assez élevée, donc monter avec elle un certain nombre d’escaliers en pierre. Et ellle devait peser cent kilos, au bas mot.
Impatient, j’étais trop excité pour attendre que mon frère soit prêt.
Je me présente devant le coffre de la voiture et soupèse la chose. Depuis la terrasse où il jardine, mon frère me crie de faire attention, sa compagne me dit de les attendre. Je prends la baignoire sur le dos en la mettant à l’envers comme une carapace. Le poids repose sur mon dos et je m’aide de la tête. Je fais quelques pas assez facilement, mais au bout de quelques mètres, je me sens écrasé.
Je monte le chemin qui va de la route à la première terrasse du terrain, mais à mi-parcours, je manque ployer jusqu’à terre. Je parviens à poser le bord de la baignoire par terre et relève l’objet pour me reposer. J’ai toutes les peines du monde à reprendre mon souffle. De longues minutes passent. Je ne suis pas certain de pouvoir continuer.
Finalement mes esprits se remettent en place, et je remets ma carapace sur le dos, pour avancer jusqu’à la terrasse. A petits pas de tortue, je me prouve à moi-même que je suis capable de déménager de lourdes charges.
Une heure plus tard, mon frère me propose de finir le déménagement, maintenant qu’il a perdu « la moitié de ses forces ». Qu’il faut en profiter sans attendre. A deux, la baignoire me paraît soudain bien plus légère. Nous montons des escaliers, traversons des bancels, et sur la terrasse des arbres fruitiers, mon frère me propose de la laisser là. J’accepte, car je n’ai pas d’exigence de localisation pour mes bains chauds.
Je couche la baignoire sur le flanc, creuse un trou et vais chercher de la braise dans le poêle du mazet pour en tapisser le foyer. Je rajoute des branches coupées en petits morceaux pour faire des flammes. La baignoire remise à l’endroit, le feu crépite sous elle, et je vais chercher le tuyau d’eau qui coule dans la combe pour la remplir.
Plusieurs fois dans la soirée, je vais nourrir le feu. L’eau chauffe lentement.
C’est autour de 20h00, après manger, que je me plonge dans l’eau chaude. La lune et les nuages au-dessus de moi, la chaleur, le bonheur.
Pas d’étoile, car le ciel est couvert, mais une lune très lumineuse qui souligne les contours des nuages. A la fin de la séance, nu comme un ver, je me couvre de mon burnous marocain et retourne au mazet.
Et tous les hivers du Massif Central n’auraient pu refroidir ce corps délassé.
Magnifique. Ca peut aussi servir de court-bouillon. Si tu y mets des herbes aromatiques, tu pourras te transformer en homard. Surveille bien la cuisson, c’est pas bon quand c’est trop cuit.
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Ou pour un méga-punch.
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C’est vrai que ça fait assez penser aux marmites de cannibale qu’on voyait dans les dessins animés de notre enfance.
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Et la photo? retardateur?
: D
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Tout à fait Vanessa. C’est pourquoi j’ai cet air crispé. Il a fallu que je m’y remette à plusieurs reprises car la photo partait avant que j’entre dans la baignoire.
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Bain de l’ermite.
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Guillaume d’un domaine aux Cévennes fut maître ;
Il n’y mit nul mouton ni nulle chèvre à paître ;
Mais sur un long rebord de ce terrain pentu,
Il s’escrima longtemps, aménageur têtu,
Pour installer un feu auprès d’une baignoire.
Sur son prolixe blog, il conte cette histoire ;
Architecte peut-on le nommer, désormais,
D’un jardin dont l’esprit revit plus que jamais.
Grâce à plusieurs photos, je le vois de mes yeux ;
Notre Guillaume a fait un Eden de ces lieux !
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Merci Cochonfucius. Un de ces hivers, sur un autre terrain, je ferai un gigantesque bain chaud qui pourra, à l’occasion, servir de salle de réunion galante.
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