Ce livre que je lis en plein soleil hivernal, c’est un cadeau de mon ami Pierre, plus connu sous le nom d’Ebolavir. Vivant en Chine, marié à une Chinoise, Pierre est un génie de l’informatique à la retraite, et vit les dernières décennies d’une vie bien remplie entre la France et la Chine.
Cela faisait des années que nous nous connaissions et nous ne nous étions jamais rencontrés. Des années que nous lisions nos publications respectives, que nous commentions les mêmes blogs, et que, par petites touches, nous avions fini par nous connaître un peu. Cet hiver, cependant, Pierre a décidé de venir jusqu’au terrain de mon frère pour passer quelques jours dans mon mazet en pierre.
Le pauvre a dû supporter les conditions spartiates du mode de vie d’un sage précaire. Il fait froid, et quand on fait du feu pour se réchauffer, la fumée nous intoxique. Il n’y a pas de douche, et quand on se lave au gant de toilette, on tombe malade. On ne travaille pas, c’est vrai, mais les activités quotidiennes sont harassantes. Les heures de lecture au soleil sont donc des moments de répit équivalentes à des siestes réparatrices.
Pierre lisait alors Traits chinois/Lignes francophones, auquel il aurait pu participer, et moi La Chine à Paris, un livre collectif de Richard Beraha, qu’il m’a, donc, offert. Le livre que j’ai co-dirigé et co-écrit (Traits chinois) s’intéresse aux Chinois francophones dans leur dimension artistique et littéraire. Celui de Beraha est davantage centré sur les travailleurs chinois arrivés en France sans papiers. Nos deux angles d’approche sont donc complémentaires puisque nous ne parlons pas du tout des mêmes personnes, et que nous nous intéressons pourtant à la même population.
Mais Pierre ne s’est pas limité à m’offrir un livre. Dans son immense générosité, il a aussi apporté une bouteille du grand alcool chinois : le Baijiu. Un alcool distillé à partir du mélange de vin de riz, de sorgho, de millet et autres céréales. Le goût de ce breuvage est exotique et rappelle au sage précaire ses années passées à Nankin et à Shanghai.
Mon invité a aussi pris de superbes photos. J’aime beaucoup celles où je figure, non parce que je m’aime, mais parce que je me trouve moins ridicule sur les photos de Pierre que sur d’autres. Pour dire le vrai, je me trouve plus intéressant sur les photos de Pierre que dans la vie.
Dans la vie, le sage précaire est un petit être fragile et arrogant. Dans les photos de Pierre, il se transfigure en personnage solitaire, mélancolique et serein.
Une sorte de héros wagnérien, qui erre dans les montagnes, chasseur sans arme et ermite sans âme.
Dans les photos de Pierre, la sagesse précaire se fait nietzchéenne, allemande et romantique. Comme ce dernier cliché le montre, auprès d’un rocher digne d’un jardin chinois, au sommet du Puech Sigal.
Ebolavir et le Sage Précaire se rencontrent !
Russell et Wittgenstein, pourrait-on dire.
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Belle rencontre, belles photos.
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»La sagesse précaire se fait nietzchéenne ? »
Tu as l’air si triste- comme A-arghh –
__’a-ARGhh sait à présent qu’il n’y a rien au-delà de ces paysages
rien d’autre qu’un désert
Il n’y a rien
Rien
ni personne’ _____
La pensée nietzchéenne de A-arghh –
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c’est exactement sur ce rocher que j’aime monter fumer ma clope et m’ aérer le cerveau en regardant le plus loin possible!
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Gentil précaire, ces photos de toi avec »ta chienne »(on nomme ainsi, ici ,ce grand manteau des despérados des films des années 70 ) me rejoint d’autant plus que le bleu de ton environnement immédiat autant le linge qui te recouvre et les couvertures qui t’abritent, m’enlignent vers d’autre lieux.Pour moi tu n’es rien d’autre que ce gentil précaire qui veux à tout prix être le Sage Précaire de ces lieux des Cévenne où tu as si bien intégrer un intérieur hors norme des saisons quant’a mourir de froid aux fils des jours d’hivers.
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Donc, ne viens jamais chez-moi car je te mangerais tour cru…
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C’est beau, ces sages sur ces rochers. On se croirait un peu dans une peinture chinoise retraçant la rencontre de . Il ne manque plus qu’une ou deux anecdotes, dans le style de Zhuangzi ou de Sushi :
« Je m’incline devant le ciel à l’intérieur du ciel
Minces rayons illuminant l’univers
Les huit vents ne peuvent m’atteindre
Assis immobile sur le lotus doré violet »
Vous avez pas gravé une petite stèle pour commémorer cette rencontre?
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Je vois qu’il n’y a pas que Sylvain Tesson qui aime jouer les poseurs en pleine nature, c’est l’hôpital qui se moque de la charité !-P
Sinon, j’en profite pour noter qu’ Ebolavir a un ami très sympa, Christope à Suzhou, qui lui a trouvé un surnom que je trouve bien plus avenant que ce virus:
« Bolivar ».
Moi j’aime bien, ça a un coté sud-américain qui réchauffe qd on est à Tianjin en fevrier, non?
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C’est vrai que je fais très Sylvain Tesson dans mes poses inspirées. Je ne sus pas aussi photogénique que lui, ni aussi beau, mais il y a quelque chose.
Je suggère qu’on publie un livre d’images autour de ma personne, comme il l’a fait. Il a intitulé le sien « Sibérie chérie », comme tu l’as rappelé, Damien. Le mien pourrait s’intituler : « Cévennes sans gêne », ou « Le terrain mon copain ». Ou alors « Mignons, les oignons »… Enfin, je sais pas, il faudrait trouver, mais il y a là un filon.
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« les dernières décennies d’une vie bien remplie … » Le Sage précaire, qui aurait l’âge d’être mon fils, m’enterre déjà. C’est normal. Même pas remarqué à la première lecture.
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