
Le matin, il est loisible de descendre à petites foulées la rue Jacquard, jusqu’à la rue Bony, pour aller au parc de la Cerisaie, en direction de la Saône. Ce parc est l’enceinte de la Villa Gillet, où se déroulent les Assises du roman chaque année.

Dans le parc, outre de très beaux arbres, un nombre impressionnant de sculptures contemporaines. Des sculptures des années 80. Les descendants de la grande famille lyonnaise Gillet collectionnent des artistes parce qu’il faut bien faire quelque chose de son argent, surtout quand ce n’est pas soi qui l’a gagné.
Le joggeur tourne ainsi autour d’un autoportrait en carrelage blanc de Jean-Pierre Raynaud, isolé dans un sous-bois, en contraste absolu avec son environnement.
En face, un Signal Oblique d’Alain Lovato, qui ressemble une fusée démodée.
C’est l’avantage de la course au parc, sur la marche en musée. Le promeneur n’a pas à s’attarder devant chaque oeuvre, et surtout, il revient plusieurs fois autour de la même, au point de s’en imprégner un peu. A force, on finit par apprécier certaines sculptures qui nous laissaient froid au départ.
Les œuvres en métal rouillé de Gérald Martinand, par exemple.
J’ai fini par m’y faire, et même à les trouver agréables.
Surtout Duplex, qui prend tout son sens quand les deux modules, placés de part et d’autre d’un terrain en pente, se retrouvent face à face, et qu’on peut les voir l’un encastré dans l’autre.
Plus loin, mais pas très loin, le joggeur aperçoit la sculpture d’un homme debout, qui se trouve avantageusement encadré par deux beaux arbres.
Seule œuvre des années 1960, Hommage à Léon, de César, quand il était encore sous l’influence de Giacometti et de Germaine Richier, avant ses compressions.
Vu de derrière, il semble surveiller un banc public. De devant, Léo pourrait donner une conférence.
La plupart de ces œuvres on été créées in situ, donc ce sont les artistes qui ont choisi leur emplacement, quand ils n’ont pas conçu leur module en fonction du lieu lui-même. Gérard Michel, par exemple :
Son œuvre au titre énigmatique, La nuit du 29 mai 1980, il l’a conçue et placée là, en découvrant le parc lui-même. Il l’a découvert une nuit, en 1980. Le 29 mai, pour être précis. D’où le titre de l’œuvre, qui, à première vue, donc, paraissait énigmatique.
Sur les deux blocs, l’un en pierre l’autre en métal, des motifs eux aussi énigmatiques, qui ne sont autres que le plan du parc lui-même. On ne peut pas faire plus in situ.
Ce que j’aime dans ce parc-jardin de la Cerisaie, c’est qu’il est en pente… les hivers d’aujourd’hui sont trop doux, mais il y aura peut-être de la neige dans quelques mois. On peut recommander une matinée de luge, sur le chemin qu’a parcouru le SP…
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Bonne idée. De la luge en plein centre ville, c’est un projet qui m’intéresse. J’espère être à Lyon l’hiver prochain pour tenter l’expérience.
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Ou faire comme Gide : suivre sa pente, en remontant.
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