Le joli bureau hypocrite

Le bureau du sage précaire, Birkat al Mouz, Oman

Dans l’oasis où nous habitions, j’ai pris une des pièces de notre maison pour en faire un bureau.

Vous me direz que c’est là un rêve de bourgeois et je vous répondrai que vous avez raison. Même les sages précaires ont des rêves de bourgeois.

Alors que je lis, en général, allongé voire avachi sur des lits et des canapés informes, quand je rêvasse je me vois élégamment assis dans des fauteuils, en robe de chambre, plongé des heures durant dans des lectures profondes. Je n’ai jamais eu de robe de chambre et ne sais même pas dans quelles circonstances les porter. Ni pourquoi. Dans mes rêveries, il n’est pas rare que je fume une pipe ou un cigare alors que je ne fume plus depuis des années.

Même scénario concernant les meubles du bureau, la vie de chercheur et d’écrivain. Alors que j’ai écrit la plupart de mes livres dans des positions acrobatiques, je me rêve sagement assis à une belle table de travail.

Mon modèle en l’occurrence est Claude Lévi-Strauss. Un entretien télévisé des année 1970 le montre dans son bureau, chez lui, entouré de ses livres et ses disques. Le bureau lui-même, le meuble, est une vieille table en bois sculpté par un artisan d’un peuple autochtone d’Amérique.

Je me suis donc acheté ce meuble en bois et la chaise rembourrée qui lui est associée. Malheureusement, la table a plus souvent servi de débarras. Dans la réalité, une table fonctionne chez moi comme un plan sur lequel je pose des trucs au lieu de les ranger. Inévitablement, la poussière s’accumule et il m’est impossible de travailler sur le bureau. Je prends alors ordinateur, carnets et livres, et pars écrire au café.

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