Je me demande comment font les gens pour avoir des opinions aussi fermes sur la Russie et l’Ukraine, sur Poutine et sur Biden, sur la guerre et sur l’importance d’une victoire de tel ou tel. Les belles âmes, surtout, semblent tellement sûres d’elles-mêmes, c’en est effrayant. Les gens comme Jonathan Littell, par exemple, sont tellement clairs avec eux-mêmes et avec le monde, qu’ils n’hésitent pas réclamer notre entrée en guerre pour écraser l’armée russe.
Prix Goncourt 2006, J. Littell est une belle âme professionnelle et un mauvais écrivain de langue française soutenu par une gauche ralliée au néo-conservatisme. Il parle comme BHL, on peine à voir une différence entre eux, et il publie des tribunes dans la presse dont voici quelques extraits. Tout y est : la paix nous rend faible, Poutine est comparé à Hitler, le désir de guerre totale, l’idée simpliste qu’il suffit de gagner une guerre, l’indifférence totale devant les difficultés économiques des pauvres gens.
La petite musique délétère monte de tous côtés.
Si nous n’avions pas été aussi impuissants, aussi timorés, aussi aveugles, si nous avions réarmé l’Ukraine dès 2015…
Poutine – qui ne comprend qu’une seule loi, celle du plus fort – …
Maintenant, nous pleurons parce que le prix à la pompe dépasse les 2 euros, et commençons déjà à chercher une porte de sortie. C’est une honte, c’est un scandale.
Aujourd’hui, c’est 1939.
Comme avec le Troisième Reich de Hitler, le chemin vers la paix passera à terme par l’effondrement total du régime de Poutine.
En Europe, nos dirigeants, toujours engoncés dans leurs mythes, leur paresse intellectuelle et la faiblesse morale induite par une trop longue paix, semblent perpétuellement tentés par le compromis.
Seule une défaite militaire complète des forces russes en Ukraine pourra ramener un semblant de sécurité sur le continent.
Sans une victoire claire et nette de l’Ukraine, toute diplomatie ne sera que bavardage, ou capitulation.
Ce n’est pas à nous de présenter nos excuses, mais bien plutôt de lui infliger une bonne leçon et de le renvoyer à la place qui est la sienne.
Jonathan Littell, « La Russie doit perdre cette guerre », L’Obs, 7 juillet 2022.
Qui croit à des conneries pareilles ? Dans le monde réel, je veux dire, qui pense vraiment qu’on doit faire la guerre totale avec une puissance nucléaire capable de tout faire sauter ? Parmi les lecteurs de L’Obs, par exemple, j’en appelle aux lecteurs maintenant, y en a-t-il qui adhèrent vraiment ?
Une possibilité :
que la réponse vienne des citoyens de Russie, comme
ce fut le cas pour l’Afghanistan, guerre qui contribua
à la fin de l’ère soviétique.
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