
Je suis embêté car j’avais ma petite histoire d’amour bien ficelée pour un article à paraître dans un livre consacré aux exils asiatiques des juifs à l’époque des nazis. Mon article traite de Leo Sirota, un virtuose du piano né en Ukraine en 1885, ayant vécu à Vienne et joué de nombreux récitals en Europe avant d’aller vivre au Japon.
Le destin de Sirota est intéressant à bien des égards. Il est de la trempe d’Arthur Rubinstein, mais alors que ce dernier est une star absolue, Sirota est oublié. Je trouve cela intéressant.
Bon, mon idée est qu’entre le pianiste et le pays, il y a eu une histoire d’amour. Le problème est que j’étais certain de pouvoir raconter la première rencontre comme un coup de foudre. C’est raconté de cette manière dans un livre écrit en français. Un dignitaire serait venu exprès de Tokyo pour écouter Sirota dans un récital en Mandchourie et, ébloui par tant de virtuosité, aurait fait l’impossible pour le faire venir jouer au Japon.
Or dans un livre japonais qui raconte la vie de ce pianiste, le rapport de séduction est inversé. C’est Sirota qui aurait été attiré par le Japon et qui désirait ardemment s’y rendre. Il aurait tout fait pour s’y faire inviter et les Japonais auraient été surpris mais charmés par tant d’insistance.
Le résultat final est le même : Leo Sirota à fini par vivre au Japon avec femme et enfant de 1929 à 1947. Mais qui, du Japon ou de Sirota, a le plus aimé l’autre ?
Leo Sirota est aussi connu pour s’être impliqué dans la promotion des pianos Yamaha, encore très appréciés de nos jours.
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Très juste. J’en fais un épisode poignant de mon histoire d’amour.
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Quelle est référence sur le sujet Cochonfucius ? Y aurait-il des textes sur Sirota que je ne connais pas ?
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J’ai juste sa page Wikipedia en anglais
https://en.wikipedia.org/wiki/Leo_Sirota
« While in Japan, he championed Yamaha pianos against the prevailing fashion in Japan for Bechstein and Steinway instruments. «
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OK bien reçu. En creusant un peu les sources, je suis fasciné par le fossé qui sépare les interprétations occidentales et nippones de tout cela. Un vrai cas d’école d’orientalisme appliqué.
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Histoire d’amour tout de même qui se finit mal (comme toutes les histoires d’amour, quand elles finissent vous me direz). Je lis que les Japonais ont interné l’amoureux pendant la guerre, et que celui-ci s’est quant à lui barré du Japon dès qu’il a pu… Désamour?
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Oui ça se termine en dépit amoureux et pas mal d’amertume. Je conclurai avec l’idée que Leo doit au Japon de ne pas être mort (car son propre frère, imprésario à Paris, a fini à Auschwitz), et qu’il lui doit aussi sa plus belle histoire d’amour. C’est un peu dégoulinant comme idée, mais bon.
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Au point d’aller carrément vivre le reste de sa vie aux Etats-Unis, après Hiroshima et Nagasaki, c’est un virage… En tout cas c’est un sujet passionnant ! Comment es-tu tombé sur lui?
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C’est un universitaire d’études germaniques qui m’a demandé de faire une conférence sur lui pour un colloque qu’il organisait à l’université Paul-Valéry, à Montpellier, l’année dernière. Maintenant c’est l’heure de rendre la copie pour la publication.
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Excellent ! Bon courage pour les derniers mètres… de papier !
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